En voyant le titre de cette note, ou plutôt le titre du film qui sert de titre interrogatif, exclamatif, suspensionnel (cela ne se dit pas je sais, mais je suis d’humeur inventive aujourd’hui) à cette note, vous vous demanderez sans doute si le soleil cannois ne m’a pas trop tapé sur la tête (ce serait difficile, encore aurait-il fallu que soleil vraiment il y eut) ou si une overdose de films sinistres, réalistes n’a pas eu raison de mon discernement cinématographique. Que nenni ! Rien de tout cela. Seulement vous le savez, je ne recule devant aucun sacrifice pour informer mon éminent lectorat, et quand la Paramount m’a gentiment (gentiment même si je ne suis pas naïve et sais bien qu’il ne s’agit pas là de philanthropie, gentiment écrivais-je parce que lors de leur précédente invitation pour « Jeux de dupes » de George Clooney, je n’avais pas été particulièrement élogieuse) invitée et proposé de m’alanguir à nouveau dans les moelleux fauteuils rouges de sa salle de projection privée, n’étant sans doute pas aussi incorruptible que j’aimerais l’être, je n’ai pas su résister malgré le titre du film qui n’était pas vraiment une promesse de bonheur cinéphilique, mais le cinéphile se doit d’être curieux et de passer outre les préjugés…. Tout cela pour reculer le moment d’en venir à ce qui devrait être le sujet de cette note. Alors, le synopsis :
Peter Bretter (Jason Segel) va de galère en galère... Non seulement, il n'arrive pas à percer comme musicien, mais sa petite amie Sarah Marshall (Kristen Bell) (Russell Brand), star du petit écran, vient de le larguer. Désespéré, il décide de se rendre à Hawaï pour se changer les idées. Mais une fois sur place, il est plongé en plein cauchemar : son ex est descendue dans le même hôtel que lui... accompagnée de son nouveau petit ami, chanteur de rock à succès.
Peter tentera de noyer son chagrin dans les cocktails et de se consoler auprès de Rachel (Mila Kunis), une ravissante employée de l'hôtel...
Dans l’une des premières scènes du film, Sarah annonce à Peter (Jason Segel qui joue le désappointement avec une outrance consternante ou qui force l’admiration) qu’elle va le quitter alors que ce dernier est dans le plus simple appareil. Le ton, plutôt graveleux, est donné même si qualifié d’humour noir dans le dossier de presse (ses auteurs ne doivent pas connaître Edouard Baer, vous avez raison, il faut que je revienne de Cannes, enfin). Les frères Farrelly sont les maîtres du genre, mordant, et d’ailleurs ce film présente quelques similitudes avec leur dernier (« Les femmes de ses rêves ») qui, s’il n’est pas leur meilleur, reste au-dessus de cette Sarah sans qui rien ne va.
Son réalisateur annonce très modestement avoir voulu réaliser « la première comédie sentimentale catastrophe ». De catastrophe à catastrophique il n’y a que quelques lettres que ma conscience artistique m’empêche de franchir. Il est facile d’être sarcastique me direz-vous mais comme dans toute personne (mais si) dans tout film il doit bien en ressortir quelque chose de bon (mais si, si) : la dérision sur l’univers de la télé ( on se moque ici notamment de séries comme Les Experts) sans doute dont le film qui n’est pas à une contradiction près adopte le style formel ( le non style formel) et le jeu caricatural (à dessein, j’avais compris merci), la gageure de rendre Hawaï moins belle que dans un épisode de Magnum (quoi, j’ai le droit d’aimer Magnum !), son idée vertigineuse d’utiliser la métaphore de se jeter à l’eau, au sens propre comme au sens figuré donc ( le carpe diem de ce poète de Jason Segel-également auteur du scénario et des musiques du film- disparu avant d’exister) , son idée lumineuse de se dire que tout le monde a eu un jour le cœur brisé et devrait se reconnaître dans son regard de cocker battu, la bonne idée d’un spectacle sur Dracula interprété par des marionnettes, le personnage déjanté de rockeur ridicule et quelques scènes où pointe une touche de mélancolie salvatrice, le flash-back qui souligne le contraste entre l’idéalisation et la réalité. Vous voyez, on trouve toujours et on finirait même par trouver quelques bonnes idées et ce film attachant, parfois, à l’image de ses personnages… Et puis après tout ce n’est qu’un premier film…
Une comédie sentimentale catastrophe ou catastrophique pour les amateurs de séries télé (Magnum excepté) à l’humour potache au cœur brisé au regard de cocker (a)battu qui ne connaissent pas encore les films des frères Farrelly. Pour les autres, sans Sarah tout ira très bien…
Sortie en salles : le 18 Juin 2008
Sandra.M