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Critiques Séries : Salem. Saison 2. BILAN.

Publié le 30 juin 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Salem // Saison 2. 13 épisodes.
BILAN


La première saison de Salem était une assez laborieuse. Mais l’issue de cette première saison donnait envie d’en voir plus, d’aller faire un tour pour voir ce que la saison 2 pouvait bien nous offrir. Le premier effort qui a été consenti avec cette saison 2 c’est visuellement. En effet, visuellement la série ressemble à quelque chose de différent cette année, beaucoup plus travaillée avec un traitement des couleurs et des plans beaucoup plus solide. On sent que WGN America a donné plus de moyens à sa première série originale afin de ne pas lui donner un arrière goût trop fade. La série était déjà intéressante visuellement lors de sa première saison mais pas autant que cette seconde saison. Le dernier épisode, « The Witching Hour » est d’ailleurs un excellent épisode en termes de mise en scène. Mis en scène par Brannon Braga (Cosmos : A Spacetime Odyssey), cet épisode utilise justement très bien l’espace et les couleurs de la série. C’est rare de voir une série de sorcière aussi belle alors que ces dernières années on s’est plus retrouvé avec des trucs étranges dans ce genre là. Witches of East End par exemple était sympa en saison 2 mais visuellement assez catastrophique, utilisant des tons verts rendant le tout un peu moins reluisant. Mais si la série a réussi à faire une saison 2 beaucoup plus intéressante, c’est surtout grâce à l’issue de la saison précédente qui donnait un vrai coup de fouet à la série.

La série sortait alors d’un schéma qu’elle s’était forgé depuis le début de la saison. Mais Salem est devenue aussi cette année une série fascinante. Elle a beau rester médiocre par moment, elle est fascinante. Elle colle parfaitement à l’univers de séries très actuelles (Sleepy Hollow, la série de Lifetime que j’ai cité plus haut ou encore celle de Ryan Murphy dont la saison 3, Coven, suivait aussi des sorcières). Mais ce que j’apprécie aussi c’est que la série s’est émancipée de cette idée de faire des épisodes goofy d’une série qui avait le potentiel d’être quelque chose d’amusant plus que d’horrifique et/ou sérieux. On se retrouve alors avec une série qui parle de tout un tas de choses de façon intelligente et notamment cette allégorie que représente Salem de l’oppression de la femme à cette époque là. C’est une façon comme une autre de parler de féministe à Salem mais sous la houlette de la sorcellerie. Car les femmes prennent souvent le dessus sur les hommes dans cette série, toujours avec la volonté d’être plus importante ou en tout cas de faire prévaloir quelque chose. On veut aussi nous démontrer avec Salem qu’il est possible d’avoir des anti-héros féminins. On a beau faire des tas de séries avec des anti-héros (Dexter, Breaking Bad, etc.) sauf que ce sont toujours des personnages masculins. Salem veut nous prouver que l’on peut aussi le faire avec des femmes.

Je ne dis pas que Salem est la seule à le faire ou en tout cas qu’elle est une précurseur mais je trouve qu’elle a réellement su faire quelque chose d’intéressant de ce point de vue là. Mary Sibley et le reste des femmes dans Salem, sont justement intéressantes pour ce qu’elles apportent à leur façon au monde des anti-héros. Et c’est aussi fascinant pour le fait que peu de séries le font et donc que c’est très nouveau pour nous, téléspectateurs. La première saison n’avait pas forcément fait le tout de la meilleure façon, prenant parfois certaines intrigues du mauvais pied. Mais la série était à saluer pour les risques qu’elle pouvait prendre au fil des épisodes, encore plus sur la fin. Janet Montgomery a su devenir la vraie anti-héros de cette série, de cet univers, sans que l’on ait besoin de dire quoi que ce soit. L’an dernier elle était déjà très présente mais gommée par tout un tas de personnages masculins qui prenaient à mon sens un peu trop de place. Mary parvient donc à rapidement être un personnage d’influence qui permet d’oublier tous les défauts de la série. L’actrice fait beaucoup avec sa façon d’interpréter le personnage mais j’aime bien aussi sa relation avec Anne (par exemple) et d’autres encore. L’une des meilleures choses du dernier épisode de la saison 1 était le monologue de Tituba sur les sorcières qui sont persécutées simplement car elles sont différentes.

On pourrait donc mettre cela en parallèle avec la vision des femmes à cette époque. Les femmes n’étaient pas vu comme égales aux hommes et c’est aussi pour cela que je parlais d’une sorte d’allégorie de l’oppression de la femme que peut représenter cette série et ses diverses idées d’intrigues. Même quand elle est cruelle, Mary reste un personnage dont les motivations et les décisions fonctionnent à l’écran et pas seulement car c’est le personnage le plus important de Salem, aussi car c’est justement un personnage qui sait installer sa véritable présence. Dès le premier épisode cette année, Salem veut nous démontrer qu’elle n’a pas envie de ralentir la cadence et qu’elle est prête à tout pour nous offrir le show over-the-top que l’on avait réclamé au départ. C’est assez fou de voir une série aussi ambitieuse que celle-ci parvenir à nous surprendre ce cette façon mais cette fascination que je peux justement avoir fonctionne encore et encore. Salem n’est pas une série qui veut nous raconter l’histoire des sorcières comme elle est connue par la vraie histoire de Salem aux Etats-Unis et de ce procès des sorcières qui avait été fait. Non, Salem veut aussi s’amuser et nous embarquer dans un univers fascinant à sa façon. C’est aussi une saison qui promet des combats, une sorte de guerre des sorcières.

Le premier épisode prépare d’ailleurs très bien le terrain en créant les limites, les alliances et en nous montrant la place de chacun des personnages. Petit à petit, on apprend à connaître chacun des camps et la place que tous les personnages vont avoir au fil des épisodes. Au sens aussi très rapidement que Salem veut nous offrir une vision un peu plus globale de l’univers. L’une des arrivées les plus intéressantes cette année c’est celle de Lucy Lawless sous les traits de la Countess Palatine Ingrid von Murburg ancienne adversaire de la maintenant morte Increase Mather. J’aime bien justement ce nouveau personnage car elle tente aussi de renouveler un peu l’air de Salem et nous donner encore plus l’impression d’être dans une série de femmes fortes plutôt qu’une série qui hésite entre parler de femmes anti-héros ou bien de femmes et d’hommes au milieu d’une aventure de sorcellerie. L’un des meilleurs épisodes de cette saison est « The Wine Dark Sea ». Il s’agit de l’épisode 5 de la saison 2 et c’est à ce moment là que la saison a réussi à changer un peu de direction. La série n’avait pas toujours réussi à atteindre son potentiel lors de la première saison, oscillant entre épisodes douteux et épisodes qui n’osaient pas faire quoi que ce soit. Cette année, le but est tout autre. Peut-être aussi car justement Salem a plus de moyens et que cela se voit à l’écran.

Les 4 premiers épisodes servaient d’introduction, parfois un peu longue, mais toujours intéressante car à chaque épisode il y avait un élément qui permettait de comprendre vers où la saison pouvait réellement aller (et c’est justement tout ce que j’attendais de la part de celle-ci. Avec l’épisode  2.05, la série prend enfin forme et parvient à aller là où l’on ne l’attendait pas nécessairement aussi tôt. Mary prend place et l’épisode bouge autour d’elle sans problème. Outre le jeu verbal qu’il y a autour des personnages, Mary parvient justement à induire quelque chose de complètement différent. Bien que cet épisode fonctionne en grande partie comme une sorte de puzzle macabre, j’aime bien ce qu’il parvient à installer. La mort de George intervient notamment au moment le plus mauvais mais ce qui a du sens c’est pourquoi il meurt ici. C’est nécessaire et encore une fois, la série veut démontrer la suprématie féminine face aux hommes. Mais je crois que de toute façon, mon épisode préféré de la saison est « Til Death do Us Part ». C’est avec cet épisode que Salem parvient à aller au bout de tout ce qu’elle a mis en place (notamment dans l’épisode juste avant, servant de longue exposition qui ne pouvait pas donner lieu par la suite à un épisode raté). L’union de Anne Hale et Cotton Mather est par exemple un moment d’une beauté rare dans Salem et surtout très touchant.

La série veut constamment nous montrer qu’elle est capable de faire les choses de la façon la plus terrible mais elle est aussi capable de faire des choses d’une douceur assez étrange. Cela donne parfois même un arrière goût un peu aigre à l’épisode mais jamais dans le mauvais sens du terme car en prenant le spectateur de court, Salem parvient justement à aller au delà de ses promesses. C’est un choix risqué que de faire un tel épisode presque vers la fin de la saison, cassant le rythme, tout en l’accélérant à la fois. Il y a toujours tout un tas de contradiction dans cet épisode (et accessoirement dans le reste de la série) mais cela a toujours réussi à faire mouche. C’est facile d’oublier en plus de ça une bonne partie de la première saison, surtout que la série a complètement changé et n’est plus vraiment ce qu’elle était au départ. Mary est clairement la méchante de l’histoire mais en plus de ça c’est l’héroïne. C’est une méchante dans la pure tradition des méchantes et en tant qu’excellente méchante, elle a quelque chose de charismatique et de magnétique chez elle que l’on adore retrouver à chaque nouvel épisode. Elle parvient même à voler complètement la vedette à Lucy Lawless durant l’apparition de cette dernière alors que Lucy Lawless est justement l’actrice parfaite dans ce registre là généralement.

Tim Andrew, le metteur en scène de cet épisode, prouve que l’on peut aussi faire évoluer visuellement Salem encore une fois (et c’est d’ailleurs ce visuel là que la série va plus ou moins garder tout au long des derniers épisodes de la saison). Cet épisode ne propose pas de grandes scènes de sorcellerie mais quelque chose de différent, de beaucoup plus touchant entourant des « moments » de personnages uniques en leur genre. Enfin, le dernier épisode est parfois un peu rapide dans sa façon de faire, parfois use de certains trucs légèrement usés par la saison plus tôt mais cela fait malgré tout le succès de Salem encore une fois car celle-ci sait ne pas se prendre la tête. La fin de cette saison et donc la fin de la guerre des sorcières, est parfois un peu décevante car j’ai eu l’impression par moment que l’on aurait peut-être aimé qu’il y en ait plus mais la saison 3 que WGN America va j’espère s’empresser de commander devrait répondre à toutes les interrogations.

Note : 7/10. En bref, une très belle saison 2.


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