Ils se demandent, les enfants, pourquoi cet homme, visiblement âgé, ne parle pas, ne répond pas quand ils lui disent bonjour. Ils le regardent un peu inquiets, et on se dit qu’ils ne sont pas du même monde. Ou alors de mondes parallèles. Ils en ont peut-être rencontré, des qui portent leurs valises sans qu’on sache où ils vont, d’où ils viennent. Et qu’on n’écoute pas ou qui ne disent rien. Parce qu’ils portent sur leur dos toute une existence dont les traces s’effacent peu à peu. Même les prénoms ne sont plus en usage aujourd’hui. Si on s’approche, on peut s’asseoir devant les souvenirs de ce passé pourtant pas si lointains et écouter le récit d’une vie presque ordinaire, ayant traversé quelques années, une vie pas héroïque mais qui choisit à la fin l’aventure de la rue plutôt que la solitude enfermée. De cette vie dans la rue on ne saura pas grand chose, un miroir brisé, un téléphone pour écouter la mer. Ce qu’on retiendra, c’est une rencontre. C’est une vie à valises ouvertes.
J'ai vu cette installation à l'occasion de la Fête du quartier Lozère, à Palaiseau (91) organisée par la Maison de Quartier Jacques Audiberti.