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[Direct-to-Vidéo] Kidnapping Mr. Heineken, thriller sans goût ni amertume

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

[Direct-to-Vidéo] Kidnapping Mr. Heineken, thriller sans goût ni amertume

Kidnapping Mr. Heineken, sorti directement en vidéo le 3 juin 2015, convoque comme alibi Anthony Hopkins (que l’on a vu dans Noé), arguant même dans la bande-annonce que l’acteur a reçu un oscar du meilleur acteur, omettant que c’était pour Le silence des agneaux, il y a vingt-quatre ans. Les événements contés, si l’on excepte le montant exorbitant de la rançon pour l’époque, n’ont rien de spécialement intéressants et sont mêmes terriblement ennuyeux de banalité. Daniel Alfredson réalise un film sans aspérité et sans originalité, un véritable braquage de nos écrans.

En 1983, le petit fils et héritier de l’empire Heineken, Henry Heineken (Anthony Hopkins) est kidnappé. Les responsables du rapt, cinq amis en difficulté financière, vont réclamer la plus grosse somme jusqu’à alors exigée en contrepartie d’une libération.

[Direct-to-Vidéo] Kidnapping Mr. Heineken, thriller sans goût ni amertume

Jan Boellard (Ryan Kwanten), Martin Erkamps (Thomas Cocquerel), Willem Holleeder (Sam Worthington), Cor van Hout (Jim Sturgess) et Frans Meijer (Mark van Eeuwen)

Comme le disent les acteurs dans le court et unique bonus de la galette, Alfredson a voulu appuyez l’aspect ordinaire des cinq malfaiteurs. Le réalisateur voulait en faire des types parmi d’autre, acculés par leurs dettes, sans idéologies et tentant le tout pour le tout pour s’en sortir. Il était aussi question d’en faire des amis dont l’amitié va s’effilocher face à l’épreuve. Une note d’intention louable qui aurait pu donner un résultat tout autre. Malheureusement, les bonnes idées ont vite été abandonnées pour laisser le kidnapping en lui-même occuper quatre-vingt dix pour cent de la pellicule. Les relations d’amitiés des cinq compères sont résumés à un quinquet de taverne. Quant à leurs vies en dehors de cette expérience, elles sont quasiment inexistantes et semblent avoir été rajouté après coup, histoire d’en parler un peu quand même. Reste alors un problème central qui bloque le film dans un no man’s land sans imagination entre un film d’action sans envergure et un drame sans profondeur, le kidnapping sans surprise.

[Direct-to-Vidéo] Kidnapping Mr. Heineken, thriller sans goût ni amertume

Henry Heineken (Anthony Hopkins)

En effet, on se demande bien ce qui a pu marquer Alfredson dans cette histoire pour qu’il décide de l’adapter au cinéma. Elle n’a absolument rien de cinématographique. Impossible avec une telle platitude d’atteindre la folie d’un Old Boy, la furie de Man on Fire ou encore la dramaturgie terrible de Captives, pour ne citer que trois grand films traitant de kidnapping sous des angles bien différents. Malgré le casting, on attendait aussi de voir le frère de Sookie Stackhouse, Ryan Kwanten qui joue le rôle de Jan Boellard, Kidnapping Mr. Heineken nous a fait l’effet d’un téléfilm entre Derrick et Un cas pour deux sauf qu’ici, ils sont cinq. Même les scènes d’actions au bord de l’Amstel, le fleuve pas la bière, ont l’air d’avoir été tourné dans les années soixante-dix, avec peu de moyen. De plus, les dialogues sont généralement navrant et passe à côté de l’essentiel qui serait de développer les motivations et les sentiments des personnages. Heineken est froid comme la pierre, son chauffeur, Ab Doderer (David Dencik) ne fait que geindre, les ravisseurs ne parle que pour ne rien dire.

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Cor van Hout (Jim Sturgess) et Willem Holleeder (Sam Worthington)

Peut-être pour plaire aux puristes, Kidnapping Mr. Heineken manque de panache. Si seulement l’amertume de la première gorgée était présente. Le long-métrage d’Alfredson pourrait servir de cas d’école. D’autres réalisateurs pourraient comprendre qu’il ne suffit pas de capitaliser sur une star pour faire un bon film. Même Entre amis.

Boeringer Rémy

Retrouvez ici la bande-annonce :


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