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Rupture, vous avez disrupture?

Publié le 04 juillet 2015 par Allo C'Est Fini

vous avez dit ruptureRécemment arrivé aux éditions Kawa, « Rupture, vous avez disrupture? » est un ouvrage de prospective, collaboratif, dont le sous-titre est évocateur: le futur est déjà derrière nous. Il regroupe des textes établis par les membres d’un sympathique thinktank, les mardis du Luxembourg, auquel font partie quelques amis dont j’ai déjà eu l’occasion de vanter les mérites sur ce blog. Par sa structure collaborative, ce livre, qui se propose de nous faire comprendre les ruptures qui sont à l’oeuvre au sein de notre société, est de facture inégale. je vous en livre ici une rapide recension.

Très clairement, et comme pour tout ouvrage collaboratif, il y a des textes et des thèmes auxquels on adhère, et d’autres qui nous laissent plus indifférents: c’est le lot de tous ces ouvrages écrits à plusieurs paires de mains, on ne peut être en phase avec tous les auteurs. Commençons donc par les textes qui m’ont plu.

Ce que j’ai aimé

J’ai particulièrement goûté le propos de François Laurent, qui déconstruit le concept d’intelligence collective. Cette expression un peu pompeuse cache une réalité à laquelle nous sommes confrontés jour après jour sur Facebook: la bêtise et la répétition des propos que nos semblables y tiennent. Certes, quelques internautes essaient de surnager en partageant des contenus réellement instructifs (il m’arrive même de faire des maths, le soir, via Facebook, grâce aux colles de mon ami Robert Bouhnik), mais avouons-le, la grande majorité des contenus reste superficielle. Les médias sociaux ont-ils contribué à une élévation de la spiritualité ou de l’intelligence de nos congénères? Comme François, j’en doute, sincèrement.

Précommandes dès mtn le nouveau jeu de guerre intitulé :Call of taxi :Uber warfare 4,graphismes impressionants #taxis pic.twitter.com/BwCuVbox0l

— Geralt de Riv (@flosvrnn) 25 Juin 2015


L’intelligence collective des taxis est bien connue

Autre texte particulièrement fort, celui de Philippe Cahen, adepte des signaux faibles dont il alimente chaque mois les abonnés de sa lettre. Pour lui, la rupture est générationnelle, et il nous guide au travers de ces ruptures successives, jusqu’à l’arrivée du Robotcène.

L’analyse de Luc Basier vaut également le détour. A tous les inconditionnels du digital, il rappelle qu’une campagne ne vaut que par ses résultats, et non par son caractère digital: en gros, arrêtez de vous faire plaisir en faisant du digital pour le digital, mais apprenez à inclure le digital et tout ce qu’il autorise dans un dispositif global. Plutôt de parler disrupture, Luc Basier préfère nous ramener sur terre, et c’est bien vu.

Jean-Marc Goachet propose quant à lui un autre type de rupture, celle qui touche les processus de fabrication industrielle, plus que les produits eux-mêmes. Il s’appuie sur le cas qu’il connaît bien, celui du véhicule Eco Solar Breizh, déjà évoqué sur ce blog. La rupture se situe au niveau du mode de fonctionnement de l’équipe, de l’acquisition des savoirs et de leur retranscription dans un produit.

Une voiture en totale disrupture : Eco Solar Breizh
Eco Solar breizh, la Tesla bretonne

Henri Kaufman, enfin, évoque plusieurs manières d’agir, plusieurs postures face à l’innovation, pour ne pas se laisser dépasser par la disrupture. Malin et bien argumenté.

Ce que j’ai moins aimé

Je ne suis décidément pas un grand fan de Ray Kurzweil et de la singularité. Le bonhomme comme ses concepts, me laisse de marbre. Le voir comparé à Albert Einstein, dont nous utilisons sans le savoir tous les jours des applications de la relativité, m’a paru exagéré. Sur un tout autre registre, le chapitre « transtopie » m’a laissé perplexe: le texte est trop ardu, et des expressions comme le « dépassement d’une étrication moïque« pourraient rebuter certains lecteurs. J’ai toujours considéré que la littérature la plus efficace devait faire passer dans un langage simple des concepts plus élaborés: utiliser un langage compliqué pour faire passer des concepts simples est à l’opposé de mes goûts.

Enfin, il manque peut-être à ce livre une plus grande diversité de points de vue. J’aurais apprécié l’avis d’un économiste – type Marc Touati ou autre – ou de spécialistes des technologies – il paraît qu’on en a quelques uns de ce côté de l’Atlantique… Malheureusement, les chapitres qui parlent de code ou de hacking mériteraient un peu plus de consistance, sans parler du parallèle entre Zombie Boy et le ruban de Möbius, hors jeu pour moi. Peut-être serait-il judicieux, dans une deuxième édition, d’apporter ce regard qui viendrait compléter cette diversité d’avis sur la disrupture?

Rupture, vous avez disrupture, collectif, 28,95€, Editions Kawa.

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