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Luc 19 27 : «Quant à mes ennemis qui n'ont pas voulu de moi comme roi, amenez-les ici et égorgez-les en ma présence. » Conclusion du philosophe Michel Onfray : Jésus prône la violence sanguinaire, tout comme le Coran. Donc, les religions sont des machines à tuer et non à libération. Mes élèves lui imputeraient le sophisme de la « généralisation hâtive ».
Voilà, en tout cas la lecture « fondamentaliste » que fait le philosophe français. Lecture fautive. Ce que l'on peut reprocher à Onfray, c'est qu'il lit l'Évangile au pied de la lettre, tout comme les fondamentalistes issus du Protestantisme. Pour lire les Évangiles, il faut se faire une idée générale de Jésus, de sa mission, de ses fins. C'est le noyau central. Pour l'Église catholique, c'est le message d'amour, de pardon et de libération et, bien sûr, de résurrection, qui domine. Une fois ce noyau central constitué, on cherche ensuite à expliquer des passages ou des points de l'enseignement de Jésus qui paraissent entrer en conflit avec le noyau central de l'enseignement de l'Église. Onfray n'adhère absolument pas à ce noyau central. Au contraire, pour lui, le noyau central des Évangiles, c'est la mort et le malheur insidieux qui aliènent l'homme. On peut comprendre que le passage de Luc 19 27 corrobore sa « lecture ». Voyez-vous comment ce qu'on lit est déterminé par nos croyances ? Le chrétien catholique cherche à comprendre l'évangile selon le mot de saint Augustin : fides quaerens intellectum qui, lui-même, reprend le mot du prophète Ésaie (7, 9 ) : « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. » Puisque Onfray ne croit en rien des Évangiles, il va de soi qu'il n'y comprend rien.