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Finalement, nos crises passagères sont salutaires !

Par Citoyenhmida

La société marocaine connait des crises passagères, souvent spectaculaires, parfois violentes, rarement durables, qui peuvent être différemment interprétées!

Certains analystes, prompts à crier au loup au moindre frémissement social, voient dans ces “éruptions” le signe d’un profond malaise intériorisé mal contrôlé et prédisent de manière récurrente le bouleversement de notre manière vivre ensemble.

Bien sûr, il ne se produit pas de mouvement social, même si d’aucuns le qualifient de “épiphénomène”, sans cause véritable et réelle ! La question est de le constater, de l’évaluer le plus objectivement possible, d’essayer d’en trouver les causes pour y remédier!

Ces dernières semaines, le Maroc a ainsi enregistré une suite assez impressionnante de ces “éruptions sociales” qui méritent qu’on s’y arrête. Est-ce l’ambiance spéciale de ce mois de Ramadan, la chaleur aidant, qui exacerbe les tensions et qui facilite les conflits?

Toujours est-il que les faits sont là et qu’ils nous interpellent !

Après les polémiques stériles sur le film de Nabil Ayouch alimentées par des faux bigots et des puritains hypocrites, après les ridicules et vaines attaques contre Jennifer Lopez, après le coup de sang de notre ministre de la Communication qui interdit un film qui n’a même pas demandé l’autorisation d’être diffusé au Maroc, nous nous sommes dit que le Maroc a eu son lot de petits scandales qui apparaissent périodiquement et finissent par s’atteindre!

Non, ce n’était qu’un début!

Avec les jeunes filles agressées par des mâles en rut à Inesgane, avec le jeune homme tabassé par des crétins puritains à Fez, la série d’incidents sociétaux a continué, touchant cette fois l’intégrité physique des citoyens et menaçant l’ordre public! Les lynchages avaient commencé et risquaient de se banaliser!

La toile s’est mobilisée, des personnes sensées ont manifesté, la presse étrangère s’est enflammée comme toujours, dès lors qu’il s’agit de pointer du doigt le Maroc.

Devant la gravité de la situation, beaucoup de personnes prédisaient que notre pays étaient sur l’extrême bord d’une falaise surplombant un précipice d’intolérance et d’obscurantisme!

Moi-même j’ai frôlé le désespoir devant cette cascade de scandales et d’affaires, les uns délibérément provoqués et d’autres sciemment exploités!

J’ai craint un moment que les autorités publiques ne soient dépassées par la situation ou pire qu’elles soient complice de ce genre de débordements!

Heureusement un communiqué conjoint des ministères de l’intérieur et de celui de la justice remis les pendules à l’heure de l’état de droit en rappelant que “tout acte ou action en vue de se substituer à la justice ou aux forces de l’ordre est totalement illégal“.

Il ajoute que : “tout acte ou action en vue de se substituer à la justice ou aux forces de l’ordre est totalement illégale”.

Après un appel “aux personnes qui constatent une infraction à la loi doivent en aviser immédiatement les autorités judiciaires et les services de la police ou de la Gendarmerie Royale qui entreprendront les actions légales pour faire respecter la loi”, le communiqué conjoint précise que “toute personne ou groupe de personnes cherchant à se faire justice eux-mêmes seront poursuivis devant les juridictions compétentes”!

Soit!

Ce qui va sans le dire va mieux en le disant et surtout mieux en l’appliquant !

Face à ces incidents, mineurs certes mais emblématiques d’une nouvelle tendance qui semble marquer la société marocaine, jadis tolérante et ouverte, et symptomatiques d’une déviance moralisatrice venue d’ailleurs, le Maroc a aussi connu des événements bien plus graves dont la société civile n’a pas répercuté assez la part de nuisance et de dangerosité de leurs auteurs!

Il s’agit des centaines de tonnes de produits alimentaires avariés, périmés et impropres à la consommation, saisis à travers les coins les plus divers du pays, par les services compétents!

Des cargaisons entières de poissons congelés, conservés dans des conditions d’une insalubrité criminelle, des hangars entiers de produis périmés dont les étiquettes ont été refaites, des dizaines de sacs d’un demi-quintal de farine ou de pâtes investies de vermisseau et autres parasites, des hectolitres de jus, d’eaux minérales, d’huiles, ont été interceptées par les diverses brigades de contrôles locales!

Sans compter des conserves, des dattes, des fruits secs, et même du miel ….Le tout frelaté, périmé, insalubre et dangereux pour la santé publique!

A-t-on tout saisi?

Personne ne peut répondre à cette question! Ce n’est pas la compétence ni l’intégrité des brigades de contrôle qui est en question, mais l’ingéniosité malveillante des spéculateurs est aussi grande que leur leur cupidité!

Autre crise passagère qui a secoué le pays : les sempiternelles tentatives de fraudes aux examens de fin d’année, notamment au baccalauréat et encore plus grave, la fuite de l’épreuve de mathématiques destinée aux candidats bacheliers Sciences et Techniques!

Dans ce cadre, des élèves et parfois leurs complices, basés hors des centres d’examen, ont été déférés à la justice. D’autres ont manifesté, avec leur parents, contre la sévérité des contrôles : voyez à quel point on en est arrivé! Certains ont eu recours à la menace des surveillants pour pouvoir copier ou frander en toute quiétude! Pas grand chose n’a changé sous le ciel de ce mois de juin en ce qui concerne le bac, sauf peut-être la sophistication des moyens mis en oeuvre par les fraudeurs et à moindre échelle par les agents chargés du contrôle!

Mais le gros abcès qui a éclaté c’est celui de la fuite d’une épreuve !

Ce genre d’événement est assez rare et suffisamment grave pour être considéré comme symptomatique du mauvais fonctionnement des serices de l’Education Nationale!

L’enquête diligentée par les services de Monsieur Beklmokhtar n’a encore rien donné à ce jour et je doute qu’elle aboutisse jamais à un résultat concret : les services administratifs sont très corparatistes! Seule la justice aurait pu dénouer cette affaire, mais a-t-elle été saisie? Elle aurait dû l’être, comme en Belgique où un cas similaire s’est produire. L’organisation d’une fuite lors d’un d’examen national constitue un problème assez grave pour mobiliser d’autres services que les rouages internes du M.E.N. : la justice et la police!

Cette cascade d’incidents et de scandales ne va pas provoquer de révolution sociale au Maroc, j’en conviens ! Mais comme d’autres crises précédentes, elle sera salutaire j’en suis tout aussi convaincu!

Qui aurait pensé que le Maroc relèverait la tête après le DanielGate qui a agité la société marocaine durant l’été 2013?

Qui aurait pensé que le Maroc ne réagirait pas après les terribles inondations de cet hiver qui ont dévasté des régions entières?

Qui aurait pensé que le Maroc résisterait au scandale Al Najat où plus de 30.000 jeunes marocains en quête d’emploi ont été arnaqués, sous la couverture plus ou moins directe des autorités publiques?

Qui aurait pensé que le Maroc sortirait indemne du scandale dit “du mariage des homosexuels à Ksar Kébir” monté en flèche par une certaine presse en quête de sensationnalisme?

Qui aurait pensé que le Maroc réagirait au scandale provoqué par la mort de la jeune Amina, victime de la loi et de la société?

La liste de mes questions n’est pas exhaustive, mais je remarque qu’à chaque fois, le Maroc résiste au scandale, réagit et continue son chemin, vers une société moins brutale, moins déséquilibrée, plus juste!

Les fâcheux et les grincheux trouveront que rien ne changent et que les scandales se suivent, se ressemblent : c’est normal, sinon ils ne seraient ni fâcheux ni grincheux.

Les zélateurs au contraire s’émerveilleront de chaque petit pas que réalise notre société : c’es normal, sinon ils ne seraient pas zélateurs!

Entre les deux, le Maroc, comme toute société vivante, réceptive et réactive, continuera à donner des signes de fièvre et des symptômes de démangeaison chaque fois qu’elle sera en difficulté!

Aux autorités publiques, aux hommes politiques, aux acteurs de la société civile, aux responsables de tous les niveaux, du père de famille aux directeurs généraux, d’accorder toute leur attention à ces signes extérieurs, de les analyser et d’agir en conséquence!

C’est en cela que nos crises passagères sont finalement salutaires!


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