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Son père à Elle

Par Tsilia
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Il y a quelques semaines, c’était la fête des Pères.
J’y ai pensé longtemps à l’avance. J’ai réfléchis pendant des jours, pendant mes insomnies. A quoi faire, comment m’organiser.
Et finalement, la veille j’ai réalisé que c’était déjà le lendemain.
Alors j’ai prit des pinceaux, une feuille de Canson et ma Doudou. On a gribouillé des trucs, on a peint ses petites mains qu’on a collé partout sur la feuille. On a fait une bataille de pinceaux, elle a voulu me peindre les mains aussi. On a bien rigolé et on avait de la peinture partout, des cheveux aux pieds et même sur les dents. Partout. Mais c’était bien.
Ensuite, j’ai attendu que ça sèche, j’ai collé une belle photo au milieu, cousu un fil de coton au dessus pour pouvoir l’accrocher au mur.
Le jour J, jour de la fête des pères, elle s’est réveillée tôt, juste avant son réveil à Lui. Après le biberon au lit, juste après les bisous et les câlins, je lui ai donné son œuvre et elle l’a offert à son Père. Il était heureux, content comme un gosse. Elle était heureuse, contente de voir sa peinture entre les mains de son Père.
La journée à passé, elle lui a fait des dizaines de câlins, des centaines de bisous. J’ai prit soin de lui, soin d’eux.
C’était une fête des Pères idéale.
Et puis…il est 22h30. Et je sursaute.
J’ai passé des années à vivre la fête des Pères comme une journée noire. Comme un deuil mais sans mort. Des années à vouloir rayer ce jour, à penser à lui malgré moi. Pendant ces années là, ce jour là, c’était un peu comme pour mon anniversaire et Noël. La journée passe, on dit que tout va bien et en arrière-plan ça ne va pas du tout car on attend. On attend un appel, une carte. On attend un signe. On attend quelque chose qui ne vient jamais alors, au final, on attend juste que la journée se termine. Et demain sera un autre jour.
Alors ce 21 juin 2015, à 22h30 j’ai sursauté. Des années sans le voir, des années plongées dans le silence. A subir ce jour de la fête des Pères, à essayer d’oublier son anniversaire. A subir mon anniversaire et Noël. Mais cette année, je n’ai pas pensé à lui.
J’ai pensé au Père de ma Doudou. J’ai tout fait pour eux, pour leur fête.
Et j’ai oublié mon père. Sauf que…entre temps, on a reprit contact. Donc je n’aurais pas dû l’oublier. Cette année, pour une fois, il fallait y penser.
Les habitudes sont tenaces. Des années à essayer de l’oublier et quand enfin le contact est reprit, je l’oublie vraiment. C’est là que j’ai réalisé que, finalement, ce n’est pas si simple. Pas si simple de faire table rase, pas si simple de mettre le passé de côté. Pas si simple d’avancer sur un chemin nouveau, de mettre en parenthèse les mauvais souvenirs.
Pas si simple de faire semblant de ne plus avoir mal.
J’ai appelé, à 22h30, la boule au ventre. Il a répondu et j’ai souhaité la fête à mon père.
Mais pour moi, la fête des Pères, c’est la fête du Père de ma Fille. Et c’est tout. Car ça me suffit.
Son père à Elle

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