Magazine Bd

Jason Aaron et Jason Latour – Southern Bastards, Sang et sueur (Tome 2)

Par Yvantilleuil

Jason Aaron et Jason Latour - Southern Bastards, Sang et sueur (Tome 2)Ce deuxième volet de Southern Bastards poursuit donc la petite balade imaginée par Jason Aaron dans le Sud des États-Unis, région dont il est originaire, tout comme le dessinateur Jason Latour. Lors du premier volet, les deux invitaient à suivre les pas d’Earl Tubb, de retour à Craw County, quarante ans après avoir fui ce trou perdu de l’Alabama. Le seul petit hic, c’est que le vieux qui était juste venu vider la maison de son vieil oncle Buhl, était reparti les pieds devant suite à une altercation avec des autochtones à la solde du « Boss »…

Les épisodes #5 à #8 repris dans cet album étaient donc condamnés à se poursuivre sans le personnage principal de la saga. Si le lecteur s’attendait à revenir à Craw County en compagnie de la progéniture d’Earl Tubb, il devra cependant encore attendre un tome car la vedette de cette suite n’est autre que la crapule qui a tué le héros du premier volet : Euless Boss, le chef de ce petit bled paumé du Texas et l’entraîneur de l’équipe locale de foot.

Sur fond de football américain, Jason Aaron raconte donc l’histoire de cet ado minable qui, à force de sueur et de sang, est parvenu à devenir l’un des piliers de l’équipe des Runnin’Rebs et à s’emparer du pouvoir à Craw County. Progressivement, l’auteur donne de la profondeur à cette brute épaisse, lui octroyant au passage une dimension beaucoup plus humaine. En alternant le présent du caïd local avec le passé de ce pauvre garçon qui voit le sport comme seul échappatoire à sa condition, il parvient à créer un brin d’empathie envers cet homme qu’on haïssait encore en fin de tome précédent. On notera même plusieurs points communs entre Earl Tubb et le Coach Boss, deux hommes hantés par des souvenirs douloureux et par les images enfuies de cette figure paternelle qui a marqué leur enfance. Ce rapport conflictuel entre père et fils semble d’ailleurs être un thème que le scénariste de Scalped affectionne tout particulièrement.

Si Jason Aaron livre un boulot remarquable au niveau de ce nouveau personnage principal, les personnages secondaires ne sont pas en reste, à l’image de cet ancien jouer de foot noir, devenu aveugle et accompagnant la destinée d’Euless Boss dès le plus jeune âge. Si l’auteur excelle au niveau de la caractérisation des protagonistes, il brosse également le portrait sans concession (et certes peu nuancé) de cette Amérique profonde bien burnée, mais dépourvue de neurones. De plus, en ramenant le lecteur au même endroit qu’en fin de tome 1, il démontre non seulement son talent de scénariste, mais également son envie de jouer avec le lecteur et de le tenir en haleine.

Visuellement, le trait anguleux et énergique de Jason Latour (« Django Unchained ») contribue à plonger l’ensemble dans une ambiance pesante et poisseuse à souhait. L’expressivité des personnages et la bichromie aux tons rouges renforcent encore l’atmosphère violente de ce bled dirigé par une belle brochette d’écervelés. Quant aux flashbacks en rouge et noir, ils continuent de faire ressurgir des souvenirs riche en hémoglobine et en noirceur… Vive le Sud !

Une saga qui a évidemment sa place dans mon Top comics de l’année !

Ils en parlent également : Yaneck


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Yvantilleuil 3439 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines