Un film de Martin Provost (2013 - France, Belgique) avec Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain, Olivier Gourmet, Catherine Hiegel, Jacques Bonnaffé
Histoires de femmes.
L'histoire : 1942. Violette Leduc, enfant illégitime et pauvre, vit de quelques articles publiés dans des journaux, mais surtout du marché noir. Elle se met à écrire le récit de sa vie et le porte chez Simone de Beauvoir, pour qui elle éprouve une grande admiration. Simone aime et le fait publier. Et Violette tombe follement amoureuse d'elle.
Mon avis : Techniquement, c'est une réalisation bien classique, genre téléfilm, sans émotion ni saveur, si ce n'est celle des comédiens. Et encore. J'ai trouvé Emmanuelle Devos un peu trop hystérique ; le personnage l'était, mais ce genre de comportements nécessite de montrer avec nuance les facettes qui composent la psychose : parano, sentiment d'usurpation, complexée par son manque d'attrait physique... Emmanuelle n'est pas très naturelle, ou pas à l'aise, je ne sais pas... A noter qu'elle a été dotée de prothèses pour l'enlaidir.
Par contre, le fond est intéressant, pour ceux qui aiment la littérature et/ou la condition des femmes, puisqu'il concerne deux écrivaines talentueuses, qui ont mis toute leur énergie à dresser un tableau réaliste, qui frappa les esprits et les frappe encore, de la condition féminine. Simone de Beauvoir, tout le monde la connaît. Son Deuxième sexe est à lire absolument et il a beaucoup marqué ma jeunesse. Mais Violette Leduc, je connaissais le nom... mais - honte à moi - j'aurais été incapable de dire qui elle était. J'ai donc appris. Elle a commencé à écrire très jeune, des articles pour des journaux, des scénarios et publie enfin son premier roman, Asphyxie, qu'elle a porté en mains propres à Simone de Beauvoir, déjà célèbre, qui le fit publier. Elle a ensuite écrit d'autres romans, basés sur sa vie et ses réflexions. Homosexuelle, elle était amoureuse de Simone, qui ne répondait pas à cet amour, mais l'aida toute sa vie dans sa carrière. Violette n'était jamais amoureuse des bonnes personnes, et en dehors de Simone, ses deux grands amours furent des hommes... homosexuels. Elle avait donc, on le comprend, matière à écrire !
Un écrivain que je vais désormais apprendre à connaître. Et je vais aussi relire Le deuxième sexe.
Mais malheureusement ce film n'est vraiment pas attrayant, et malgré le sujet, je ne peux vous le recommander... En outre, il dure 2h20, format bien trop long pour cette histoire et ce petit budget. Martin Provost est aussi le réalisateur de Séraphine... que je n'ai pas du tout aimé, lui reprochant - idem - son manque d'émotion et sa monotonie.
La presse a adoré. Encore sans doute un parti pris intellectuel. Les spectateurs eux restent assez perplexes : téléfilm congelé, longueurs, académisme, anémique... Le film n'a fait que 135.000 entrées.
A noter que ce film répond positivement au "test de Bechdel" ! Mais ça ne l'empêche pas d'être... barbant !