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“Retour à Bombay” de Kavita Daswani, un plongeon dans l’Inde moderne !

Par Monia Boubaker @OHasardDesMots

Il y avait longtemps que je n’avais pas fait de pause polars pour retrouver la littérature étrangère ! Qu’il a été agréable de me replonger dans la littérature indienne, dans cette culture ; de retrouver le thé délicatement parfumé, le goût des pakodas, ces beignets de farine de pois chiches fourrés au légumes, ou celui du lassi à la mangue !

Kavita Daswani Retour a Bombay

“Retour à Bombay” de Kavita Daswani, paru aux éditions Le Livre de Poche. Photo Monia Boubaker.

Pourtant, avec “Retour à Bombay“, on est très loin des familles pauvres ou très modestes de mes précédentes lectures. Ici, Kavita Daswani nous immerge dans le Bombay chic, où évoluent de familles riches. Très riches. Un changement pour le moins radical !

Me voilà donc absorbée par cette lecture, où j’entre dans la vie de Sohana Badshah, fille d’un riche industriel de Bombay. Sohana a quitté sa famille et s’est installée à Londres pour y suivre durant neuf mois des cours de décoration intérieure. C’est à Londres également qu’elle rencontre Jag, dont elle tombe très amoureuse. Mais trois mois après, c’est la rupture, et Sohana se sentant incapable de rester à Londres plus longtemps, décide de rentrer auprès de sa famille à Bombay. Lorsque Jag la quitte prétextant que leurs deux familles ne pourront pas s’entendre, Sohana compte bien découvrir pourquoi, et quel est le fait si grave qui a détruit leur relation.

Peu après son retour, lors d’un traditionnel dîner organisé par son grand-père et auquel tous les membres de la famille Badshah sont tenus d’assister, celui-ci annonce qu’il ne lèguera l’entreprise familiale à aucun de ses fils, mais à la surprise de tous, à un de ses petits enfants ; à celui qui lui présentera l’idée la plus audacieuse pour révolutionner Badshah Industries.

Tous les frères et cousins de Sohana sont sur le pied de guerre et veulent plus que tout devenir le nouveau PDG de la société. Sohana est d’emblée exclue, paraissant naturel que sa préoccupation principale soit plutôt de se marier. Et si elle décidait finalement de s’intéresser à l’entreprise familiale, qu’elle n’a jusque là pas vraiment considéré ? À supposer qu’elle arrive à se défaire de toutes ses questions concernant Jag et son grand-père, qui semble selon la presse, avoir quelques secrets…

Ce qui m’a plu dans cette lecture, c’est finalement que l’auteure ait choisi d’aborder un côté de la société indienne que je n’ai pas eu tellement l’occasion de découvrir jusque là. Kavita Daswani dépeint un Bombay assez superficiel où l’argent domine et décide de qui vous êtes, où les familles riches sont esclaves des « on dit » et prisonnières des apparences. Et ici, les codes bien connus de la culture indienne sont inversés : Sohana part étudier seule en Europe, l’argent n’est pas son souci, elle ne sait pas cuisiner, et pour finir, n’a pas peur d’oser.

Il na pas été désagréable de voir ce côté doré ! Par exemple, suivre les personnages conduits par leur chauffeur et passer du Four Seasons à l’hôtel Oberoi

:)

(…) Chaque matin, vers la même heure, Chanoo se glissait hors de la maison pour se rendre au kiosque du coin et acheter les journaux : le Times of India, The Economic Times, Mint, et cetera. Sa qualité de servante en chef lui valait le privilège de ces quelques moments de répit dans une journée accaparée par des tâches domestiques plus pénibles. Comme d’habitude, elle a apporté les journaux dans la chambre de mes parents avec un plateau de thé fumant et un bocal d’amandes noyées dans du miel : le petit-déjeuner de ma mère. J’étais déjà debout. Mon père venait de partir au bureau et j’ai profité de son absence pour rejoindre ma mère dans sa chambre, et, allongée sur le lit encore tiède, je me suis plongée dans Jane Austen. Pas encore remise de ma rupture avec Jag, je remâchais toujours mon amertume, essayais toujours de comprendre ce qui s’était passé. Je posais à ma famille des questions qui restaient sans réponses. (…)

« Retour à Bombay » a été une lecture distrayante ; un conte moderne, frais, parsemé de notes d’humour qui ont rendu la lecture fluide, très agréable. De petites maladresses dans la traduction m’ont parfois un peu gênée dans la lecture, mais cela n’a en rien gâché mon plaisir.

« Retour à Bombay » est un livre où les femmes peuvent se permettre d’oser, et qui offre une certain recul par rapport à ce qu’exigent les traditions indiennes. C’est une lecture que j’ai beaucoup appréciée, et passée la phase d’adaptation à ce monde si particulier, je me suis bien attachée au personnage de Sohana. D’ailleurs, arrivée au point final, je me suis surprise à vouloir une suite ! J’aurais volontiers encore suivi Sohana dans ses questionnements, et son évolution au sein de la famille Badshah.

Concernant la famille justement, j’aurais aimé plus de détails concernant les faits et décisions du grand-père dans l’entreprise qui expliqueraient beaucoup la situation actuelle, et qui sont simplement survolés par l’auteure.

Mais je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sans risquer de dévoiler quelques façades importantes de l’histoire !

J’espère que je vous aurais donné envie de découvrir Kavita Daswani ; de mon côté j’envisage de lire son premier livre « Mariage à l’indienne », car son style d’écriture, et son humour, très présent, m’ont absolument convaincue !


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