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Désir et manque

Publié le 04 juin 2008 par Jcgbb

D’où vient le désir ? Désir de science, de puissance, de reconnaissance, désir amoureux, passionné, exacerbé : quelle est la source de ces élans impérieux dont nous sommes les jouets ?

Désir c’est manque. On désire ce qu’on ne possède pas, ce qu’on n’est pas. Ce n’est pas le fort qui souhaite être fort. Ni le savant qui désire le savoir. Tout ceci ils le possèdent déjà. Le désir est donc tourné vers ce qui fait défaut, vers ce qui n’est pas suffisamment possédé.

Mais le désir ne se réduit pas à l’absence ; ce n’est qu’un aspect. Il ne suffit pas d’être faible, malade et ignorant pour désirer les états contraires. Si je ne fréquente que des êtres malingres, si je n’aperçois pas la maladie qui couve en moi, si à tort je m’estime assez compétent : alors, ignorant absolument ce qui me manque, je n’en éprouverai pas non plus le désir.

Il faut avoir conscience de la privation pour y chercher remède. Ainsi l’élan vers le savoir a pour condition, ou principe, la connaissance de ma propre ignorance. Je ne suis donc pas absolument privé de l’objet de mon désir, puisque je suis conscient de son absence. Par là il est présent en idée. C’est cette présence idéale qui fait naître le désir.

Selon Platon, le désir naît donc à la fois de pauvreté et d’abondance. Connaissant ma misère, je devine aussi ce qui est expédient pour en sortir. C’est une richesse de concevoir ce qui est manquant ; c’est une pauvreté de n’en être jamais suffisamment pourvu. Ce mixte d’absence et de présence définit le désir.

Le désir est le signe que nous tendons vers l’absolu, si imparfaits que nous restions.


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