Un jeune guitariste traverse depuis quelques temps les soirées de la belle saison comme une étoile filante. Les scènes, les terrasses et parfois les voûtes des églises répercutent l’écho de ses musiques rêveuses, voyageuses, ensorceleuses. Il s’appelle Sergio Laguado et si votre regard s’arrête sur son nom sur une affiche ou sur internet, s’il passe près de chez vous, ne le manquez pas.
Je l’ai écouté pour la première fois au printemps à Oyonnax au festival Chromatica dans l’atelier de l’artiste plasticien Jacki Maréchal où il est revenu tout récemment pour une deuxième soirée précédée d’une autre prestation oyonnaxienne au bar le Sporting.
Ambiance de café ou de concert, il semble à l’aise partout, à la fois décontracté et concentré, discret mais très présent. Public varié ou amateurs éclairés, tout le monde dresse l’oreille et en redemande.
Il faut dire que Sergio Laguado a quelque chose de plus qu’un talent d’interprète, quelque chose de plus qu’une maîtrise instrumentale, quelque chose de plus qu’un style, quelque chose qu’on ne peut pas désigner par des mots mais que chaque auditeur ressent au plus profond de lui-même dès les premières mesures.
Sa guitare raconte des histoires de pays lointains, des traditions qui traversent les siècles et les océans, des joies légères et de secrètes mélancolies.
Je crois que l’une des caractéristiques de ce musicien consiste peut-être à libérer les répertoires populaires et savants de leurs excès de patine.
Sergio Laguado apporte son classicisme technique aux musiques populaires et sa créativité sans emphase, toujours respectueuse de l’esprit et de la lettre, au répertoire classique. Sa volonté de transmettre une voix, qu’il s’agisse de celle d’un compositeur ou d’une tradition, irrigue et fertilise son style personnel qu’il ne théâtralise jamais.
Il a non seulement l’art de souligner avec une rare sobriété de jeu l’élégance originelle des musiques traditionnelles sud américaines dont il enrichit ses programmes mais encore une fascinante capacité à exprimer les univers propres à ses compositeurs de prédilection, qu’il s’agisse du vénézuélien Antonio Lauro (1917-1986), du colombien Gentil Montana (1942-2011), de l’afro-brésilien Celso Machado (né en 1953) ou des espagnols Francisco Tarrega (1852-1909) et Isaac Albéniz (1860-1909). J’espère qu’il enregistrera vite un disque. En attendant, guettons ses affiches !
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Ce soir, sous l’opalescence de la voie lactée, au milieu des myriades d’étoiles révélées par l’absence d’éclairage public, je ne suis pas mécontent de moi car j’ai réussi à rester cinq minutes sans penser à ce qui me tourmente jour et nuit depuis deux ans.
Ce bref moment d’immobilité dehors, dans les plis du grand rideau nocturne à peine entrouvert par les petites lanternes solaires disposées sur la table blanche de la pelouse a intrigué la chatte Linette venue de je ne sais où se frotter contre mes jambes avec l’air de demander : qu’est-ce qui t’arrive à rester ainsi debout sans bouger dans l’herbe ? Lorsqu’elle a constaté que tout était quand même normal, elle est repartie patrouiller sous les frênes pour continuer à s’assurer de l’intégrité de son territoire.