Pas aussi souvent que son pote Keef, mais quand même, Mick Jagger a eu plusieurs rendez-vous manqués avec la mort.
Que ce soit en consommant de la drogue avec excès, en buvant de la même manière, en se permettant les copines des autres ou simplement en se trouvant avec le bouillant Keith Richards, le chanteur des Rolling Stones s'est débrouillé pour survivre à tout ça.
Il y a tout de même eu cet épisode de 1970 où Mick a dû compter sur mère nature pour avoir la vie sauve.
Les Hell's Angels sont une organisation crainte depuis toujours, probablement plus encore dans les jeunes années 70 que de nos jours. Leur réputation, ainsi que leur brutale méthodes de "travail" et de châtiment, alors qu'ils sont eux-même juge et parti, fait régner la terreur depuis leur création en 1948. Quand Hunter S.Thompson avait écrit son livre sur leur organisation en 1966, il a dû subir une sévère raclée pour avoir révélé des choses que les Hell's Angels tenaient à garder plutôt cachées. On l'a pourchassé un peu partout en public aussi. Surtout parce qu'il s'est enrichi en parlant d'eux.
En 1969, les Grateful Dead suggèrent aux Stones pour leur apparition au Altamont Speedway Free Rock Festival en banlieue de San Francisco, d'engager les Hell's Angels afin d'assurer la sécurité de leur spectacle.
Comme bien des nigauds encore aujourd'hui, les Stones trouvaient l'idée bonne et étaient excités à l'idée d'être associée à un groupe de motards qui inspiraient la frayeur. Ça correspondait à leur idée des "bad boys of rock'n roll" qu'ils voulaient déployer sur scène.
Toutefois les choses ne se passeraient pas de manière aussi romantiques.
L'organisation du Festival était d'emblée excessivement bâclée. Les motos sont improvisées clôtures. Dès son arrivée, Mick Jagger se faisait frapper au visage par un (non)fan sans réelle raison.
Quand Santana ouvre le spectacle, tout se passe plutôt bien. Mais les Hell's seront payés en bière, et ce, PENDANT, le spectacle, plusieurs en profitant aussi pour se droguer, la situation ne ferait que se détériorer. Les Flying Burrito Brothers ont aussi une foule tranquille, mais des Hell's de plus en plus saoûls ne peuvent prévoir une bouteille lancée sur la tête de Denise Jewkes du groupe local The Ace of Cups. La tensions monte. Quand Jefferson Airplane monte sur scène, les Hell's tente de faire reculer la foule en roulant avec leurs motos au travers d'eux et en les intimidant avec des chaines. Le chanteur de JA n'aime pas l'idée et le fait savoir aux Hell's, ce qui lui vaut un coup de poing qui le rend inconscient quelques instants sur scène. Peu à peu tout dégénère. Le fiasco est en marche. Les Grateful Dead choisissent de plier bagages devant ce bordel et Crosby, Stills & Nash calment un peu les esprits. Les Stones ne joueront que dans la nuit, Bill Wyman avait manqué son vol de toute façon et n'arriverait que très tard.
Ce qui a donné beaucoup de temps au public pour s'impatienter et aux Hell's pour boire leur paye. Le public aussi, en cet été d'expérience barbiturique, est de plus en plus toxique. Quand l'une des motos des Hell's est accrochée et tombe, la tension est à son comble.
Les Hell's attaquent ceux qui ne les écoutent pas, ceux qui ne leur plaisent pas, et les bagarres se multiplient dans la foule. Keith Richards ne cesse, dès son entrée sur scène, de faire des prises de bec avec les Hell's.
Pendant la chanson Under My Thumb des Rolling Stones, Meredith Hunter est aux prises dans une rixe avec les Hell's, brandit un fusil et est poignardé à mort par le Hell's Alan Passaro. Deux autres fans se feront rouler dessus et en mourreront, et un quatrième se noiera dans un mauvais trip de LSD.
L'ensemble est une catastrophe.
La publicité autour des Hell's est affreuse.
Jagger prendra plusieurs fois ses distances des Hell's publiquement suite à cette tragédie.
Les Hell's en voudront à Jagger pour ça.
Ils tenteront de se rendre à la résidence privée de Jagger dans les Hamptons à New York par la mer afin d'éviter les contrôles de sécurité à l,entrée de sa maison de retraite fermée. Si les Hell's sont de pros du bike, ils ne sont pas des loups de mer. De violentes vagues catapultent tous les passagers de leur hors bord avant même qu'ils ne se rendent bien loin.
Quand on apprend que le FBI les suivaient, les plans d'assassinats de Mick tombent à l'eau avec les Hell's.
Quand Passaro est acquitté en cour pour "n'avoir fait que son travail, le fusil pouvait être dirigé contre les Stones", en 1972, leur colère s'efface complètement.
J'assiste au spectacle des Stones ce soir sur les Plaines d'Abraham.
Pas de Hell's en vue.