"Alors qu'il ratissait la section "Littérature japonaise" de la Bibliothèque centrale, Bilodo dénicha quelques ouvrages fort instructifs et eut tôt fait d'apprendre tout ce qu'il avait toujours voulu savoir sur les haïkus sans jamais oser le demander. Au fond le principe en était plutôt simple : le haïku visait la juxtaposition de l'immuable et de l'éphémère."
Bilodo est un facteur plutôt consciencieux, et un homme tranquille et discret. Son seul vice est de prélever parfois quelques lettres personnelles pour les ouvrir le soir chez lui à la vapeur et les lire dans le secret de son appartement. Les lettres sont remises au courrier dès le lendemain et personne ne peut se rendre compte de cette indélicatesse. Bilodo aime particulièrement lire les missives qu'envoie de Guadeloupe une certaine Ségolène. Elle rédige de brefs haïkus pour un poète solitaire, un certain Gaston Grandpré, que Bilodo a aperçu une ou deux fois, un barbu excentrique, toujours vêtu d'un kimono rouge. Mais ce dernier décède subitement lors d'un accident, et Bilodo redoute la fin des lettres de Ségolène. Prendre la place de Grandpré dans cette correspondance apparaît très vite comme LA solution. Cependant, Bilodo doit apprendre à rédiger des haïkus crédibles.
Il est plutôt agréable de rentrer dans un roman qui allie autant le prosaïque et la poésie. Le tout, qui pourrait paraître bancal, fait étonnamment bon ménage. Un brin d'audace dans la narration, de fantaisie, de fantastique, mais aussi d'absurde, et le tour est joué. On apprend beaucoup dans ce roman sur l'art du haïku et ses exigences. J'ai passé à lire ce livre un très bon moment, plutôt sympathique. J'ai souri aux invraisemblances et farces manifestes de l'écrivain, admiré que la poésie garde pour autant sa place centrale et délicate tout au long du récit. Ce livre est une agréable curiosité.
Editions Anne Carrière - 16€ - Avril 2015
Laure a beaucoup aimé - Fable poétique pleine de fraicheur pour Cathulu, qui n'a pas été déçue !!