Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais
. J''ai baptisé mon catalogue sonore d'incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient de l'avoir déjà fait ici trop souvent. Ils sont tous les 4 mémorables pour moi en ce sens qu'Ils ont tous les 4 changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques sont dans mon ADN, j'en connais chaque son, chaque accord, et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits continuellement nouveaux même si les notes restent inchangées. Ils atterrissent tout simplement à des lieux différents selon la météo mentale et physique des saisons."Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop."Bassesse" pour Low de David Bowie.
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2.
Par ordre de création.
Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est aussi B.I.B.I. c'est à dire moi.C'est aussi la terminaison du mot habibi qui, en dialecte irakien veut dire Mon amour
Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est également parce que ça pourrait évoquer une maîtresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que le musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable là où ça fait du bien.
DOLORES de JEAN-LOUIS MURAT
1996.
Je ne connais pas du tout Jean-Louis Murat. Je suis sans enfants et travailleur dans un magasin de musique ou se tiennent des réunions mensuelles entre employés. Comme nous sommes pour la plupart dans la jeune vingtaine et sommes assez rebelles et cons, pour s'assurer que nous ne nous trouverons pas une raison pour ne pas assister à cette réunion on y promet des surprises en fin de réunion. Ces surprises, ce sont des copies promo, des dizaines et des dizaines de copies promo données au magasin.
Des copies d'artistes connus et populaires, mais aussi et surtout des artistes méconnus. Les représentants sont partis avec ce qui est le plus recherché , en général et voici les restes.Au terme de l'une de ces réunions, on m'invite à aller me servir dans cette boîte. Perversité, curiosité, un mélange de tout ça, je me sers cette pochette de femmes à moitié nue. Je ne sais même pas si l'artiste est Murat ou Dolores. Je m'attends même plutôt à ce qu'une fille me chante (ou me joue) quelque chose.
Quelle surprise d'entendre cette voix masculine suave, ces textes assez brillamment composés, cette musique qui se laisse insérer dans les pores de la peau estivale.Depuis, je suis Muratomane. Je réalise que j'ai acheté depuis 3 autres de ces disques que j'aime autant que celui-ci: l'américain Mustango. l'excellent Grand Lièvre, le délicieux album double enregistré avec le Delano Orchestra, Babel.
Mais il fallait bien que j'honore celui qui m'avait initié au sujet du mélancolique artiste de l'Auvergne.
C'est suite à une rare tournée désastreuse (Murat est maladivement timide) que Murat apprend que sa femme le quitte. Il écrira Dolores dans la douleur, élément essentiel de sa création, de toute façon.L'album sera son plus populaire, ce que Murat prend, bien sur, pour un malentendu.
Le premier morceau reste l'un de mes préférés de JLM toute époque confondue. Peut-être parce que justement, c'était l'étincelle de ce premier instant...à Fort Alamo.
Le second morceau porte encore ce vague l'âme et cette poésie. Les violons y sont écrits à l'encre violette et on y décèle des mélodies presque indiennes.
Ce n'est un secret pour personne, j'adore l'hiver. Cette chanson c'est l'hiver pour moi. La fleur qui réussit à surmonter les rigueurs de l'hiver est une métaphore on ne peut plus claire de la part de JLM.
La chanson suivante est nettement bien maitrisée. Son grand coeur de putain, de croque-mort est fantastique. Doux amer sur les rails entre Lyon & Genève. Musique de pluie.
Margot introduit de l'harmonica, instrument qui me rend toujours tout chose (C'est de ta faute Zimmerman!)Murat chante les femmes sur Dolores. La version de l'album est moins dépouillée et est pus rythmée. Chhhhht...pas de bruit sur la mort de Jean-Louis...
Masochisme érotique au menu du morceau suivant.
La pièce qui suit a une intro très David Gilmour à la guitare. l'intégration de chants d'oiseaux est formidable.
Le 8ème morceau est un rêve mourant en apesanteur dans un vent mélodique de chaleur d'amour. L'étoile bleue brillant dans le ciel.
L'avant-dernier morceau commence avec un petit riff et un harmonica qui ne peuvent que me plaire.Murat clôture avec des voeux pieux sur les âmes vagabondes qui savent montrer le chemin.
Pour amants, amateur de classicisme formel, de romantisme noir, de braises éphémères, d'imagerie médiévale, de modernité pop, de murmures plus que de bruit, de poésie auvergnate.