Synopsis: En 1814, HOKUSAI est un peintre reconnu de tout le Japon. Il réside avec sa fille O-Ei dans la ville d’EDO (l’actuelle TOKYO), enfermés la plupart du temps dans leur étrange atelier aux allures de taudis. Le "fou du dessin", comme il se plaisait lui-même à se nommer et sa fille réalisent à quatre mains des œuvres aujourd’hui célèbres dans le monde entier. O-Ei, jeune femme indépendante et éprise de liberté, contribue dans l’ombre de son père à cette incroyable saga artistique.
Rares sont les films d'animation japonais à venir jusqu'à nous, sans que ceux ci ne viennent du célèbre studio Ghibli, malgré tout, quelques uns font leur place comme Keiishi Hara (Colorful, Un été avec Coo) qui revient en septembre sur les écrans français pour nous présenter Miss Hokusai, prix du jury au dernier festival d'Annecy. Adapté du manga Sarusuberi, l'histoire nous raconte la vie de la troisième fille de Katsushika Hokusai, O-Ei, artiste peintre pour son père, lui donnant parfois ses toiles non signées, au temps où l'on appelait encore Edo la ville qui deviendra Tokyo.On retrouve au fil du film la création de nombreux tableaux du maître (la vague, le dragon, la courtisane...) incrustés dans les éléments du quotidien de cette famille peu commune.La confusion entre l’œuvre du père et de la fille sera parallèle, tout au long du film, à la complexité de leur relation familiale.Point charnière de l'histoire : leur atelier. Ce lieu de peinture qui se révèle être leur lieu du quotidien, non seulement parce qu'ils y dorment, mangent et passent tout leur temps, sera aussi un endroit essentiel car il sera le lieu de rencontres, d'annonces importantes et de prises de conscience.Cet atelier, représentation de leur art, pose directement la peinture comme centre et priorité des deux personnages principaux, O-Ei et Hokusai.
Chacun l'envisagera différemment mais la peinture aura également un effet de refuge ou encore de fuite, tant pour le père que pour la fille, face à leurs responsabilités, désirs et sentiments. En effet, O-Ei dissimulera l’inexistence de sa vie de femme derrière des toiles érotiques, tandis que son père cachera derrière son obstination artistique le malaise d'une flagrante maladresse quant à son rôle de père.Malgré tout,chacun va compenser ses lacunes en côtoyant l'autre. Le film nous montre la feinte jusqu'au point de confrontation qui ne se réglera que par ou pour la peinture.O-Ei, très dure et distante dans l'univers de la peinture, essentiellement masculin, va être d'une douceur affective sans limite dans le cercle familial, qui lui n'est qu'exclusivement féminin avec sa mère et sa sœur.Une sorte de défense face aux hommes et à leurs habitudes qu'elle côtoie depuis tant d'années avec son père.Le problème survient quand cette protection atteint son sens artistique et l'empêche d'être authentique. La peinture prend le pas sur le reste puisqu'elle ira jusqu'au bordel pour tenter d'avoir une expérience sexuelle, aussi confuse soit elle, puisque le courtisan est habillé en femme et qu'il s'endort.Son père, lui, n'ayant aucun autre moyen d'expression que celui de la peinture, ni aucune autre passion, ne trouvera rien de mieux que de peindre une toile contre le mal pour sa petite fille malade, après qu'O-Ei l'ait réprimandé.Une des règles que s'efforce d'inculquer Hokusai à son entourage dans le film, est l'importance de vivre les choses ou d'y croire pour mieux les peindre. Une grande place est accordée aux fantasmes et aux croyances, accepter son imagination pour décupler sa relation à l'art.
Finalement, comme pour la peinture du maître, qui consiste à mélanger dans ses toiles beauté et maux, le film reflétera toujours une dualité d'esprit, celui d'O-Ei, entre admiration du talent d'Hokusai et reproche constant de son rôle du père,Keiishi Hara, entre tradition et modernité, va englober cette histoire du 19e siècle d'une bande son parfois électrique (notamment pour l'ouvrir et la terminer) comme pour annoncer la vie d'une famille complètement en marge, ancrée dans une époque traditionnelle.Malgré une narration assez simple, passant d'un épisode de vie à l'autre sans véritable cohérence mis à part celui des œuvres, le film reste sentimentalement très prenant et dépeint joliment la peinture comme langage. On ne ressort pas de Miss Hokusai sans avoir véritablement envie de connaître la personne qu'était O-Ei Hokusai.
Festival d'Annecy 2015 - Miss Hokusai - Bande annonce (trailer)
MALISSE M.
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