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CHAOS DE FAMILLE, Franz Bartelt (2006) Franz Bartelt et m...

Par Quinquin @sionmettaitles1

CHAOS DE FAMILLE, Franz Bartelt (2006)

9782070780990

Franz Bartelt et moi-même avons deux points communs : nos initiales et notre signe astrologique… La chronique pourrait s’arrêter sur cette anecdote sans grand intérêt si cet  « écrivain-ovni » ne m’inspirait bien plus que ce genre de réflexion au ras des pâquerettes. Parce que Franz Bartelt est un art à lui tout seul. L’art du mot fleuri, du vocable élégamment vêtu de noir, rembourré d’une imagination débordante et formant une œuvre qui galope en-dehors des clous ; Franz Bartelt, auteur discret, prolifique, fils spirituel de Michel Audiard et d’Albert Simonin insufflant à ses livres une poésie argotique et pimentée qui plus que de décrocher un simple sourire vous envoie sur l’orbite de la franche rigolade…

Plonque. Il s’appelle Plonque. « Il » c’est ce pauvre bougre qui se farcit une existence minable dans un vilain pavillon de banlieue, harcelé et martyrisé par sa virago de femme, Camina. Camina ou l’irrésistible archétype de la laideur, de la jalousie, de l’hystérie, harpie peu portée sur la chose, hargneuse, insultante, bref tout bonnement invivable. Et, un malheur n’arrivant généralement jamais seul, pourquoi se limiter à une association maritale des plus apocalyptique quand votre terrifiante épouse peut également vous faire jouir d’une famille littéralement épouvantable, brochette de dépressifs incurables, pitoyables et d’une bêtise incommensurable ? Si l’enfer avait une place en ce bas monde il s’appellerait « La vie de Plonque »… La mère et les frères et sœurs de Camina forment une farandole de personnages limités, vulgaires, bornés, étroits d’esprit qui pourrissent la vie de notre cher Plonque ; parce que, telle l’évidence, tout le monde déteste cet homme soumis et lâche qui n’a pas fait l’amour depuis douze ans et se contente de fantasmer sec sur la voisine, Madame Quillard dite « Lamoule ». Le chemin de croix de Plonque pourrait donc se dérouler dans l’abomination la plus sympathique, l’affliction la plus agréable et ce pour le plus grand plaisir de tous si la fratrie ne commençait à être décimée et si les uns après les autres ils ne trouvaient enfin leur place sur cette terre dans les doux bras de la mort, sous le regard ravi de notre bon vieux Plonque…

Si l’on affectionne l’humour noir, cynique et qui ne batifole pas dans la dentelle il faut impérativement lire Franz Bartelt car, outre cette fantaisie grinçante, Bartelt c’est aussi une écriture parfaitement maîtrisée, de la ritournelle métaphorique goûtue, de la phrase construite à la truelle et une plume voltigeant aux confins d’une verve réjouissante. Pour découvrir cet auteur incroyable je vous recommanderais peut-être plus volontiers Le jardin du bossu ou Le bar des habitudes (Goncourt de la nouvelle 2007), deux livres époustouflants d’inventivité et de drôlerie. Chaos de famille – et bien que la lecture soit tout de même très agréable – me semble moins réussi, plus traînant, manquant quelque peu de rythme et de rebondissements malgré des dialogues jubilatoires, des personnages loufoques et une situation pathétiquement comique…

… Et si Chaos de famille était un film ce serait une bonne dose de l’excellent Affreux, sales, et méchants (Ettore Scola), agrémenté d’un soupçon de La vie est un long fleuve tranquille (Étienne Chatiliez) et saupoudré de quelques grains de Le bonheur a encore frappé (Jean-Luc Trotignon – entré dans mon panthéon des meilleurs « nanars » du monde, ne cherchez pas, il est introuvable). Parce que Franz Bartelt écrit de ces livres qui mériteraient allègrement d’être adaptés au cinéma, ce qui redonnerait au passage un sacré souffle à la comédie française qui, disons-le clairement, ne casse pas trois objectifs à un réalisateur !



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