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Le combat ordinaire : une adaptation ambitieuse mais pas totalement aboutie

Par Filou49 @blog_bazart
22 juillet 2015

 combat ordinaire

 Sorti en salles mercredi dernier,  LE COMBAT ORDINAIRE n'est autre que l’adaptation des trois tomes de la BD du même nom de Manu Larcenet, qui avait obtenu en 2004 le prix du meilleur album au festival de la BD d’Angoulême.

Pour moi comme pour beaucoup de gens qui ont eu la chance de lire l'intégrale de la série je dois reconnaitre que ce qui est en fait plus un roman graphique qu'une BD est vraiment un  must du genre, et  s'il ne fallait choisir qu'un auteur et une seule de ses oeuvres à retenir dans les BD qui ont marqué ma vie, mon choix porterait certainement sur ces trois tomes du combat ordinaire, tant tout est maitrisé à la perfection, de l'intrigue, de la psychologie des personnages,  sans oublier le trait du dessin, qui renforce le côté absolument bouleversant.de l'oeuvre originale.

Pour rappel, ce combat ordinaire  est celui de Marco, photographe qui viré de son boulot, manquant perdre son chat et tombant amoureux de la vétérinaire, devra faire face à ses à ses angoisses physiques et métaphysiques (on ressent vraiment ses bouffées d'angoisse comme si on les vivait vraiment), à son psychologue et, de manière générale, à tout ce que la vie vous offre de génial et de minable. Cette BD, formidable à la fois sur le fond et dans la forme aborde avec énormément de force ce sujet de la remise en cause des trentenaires toujours un peu adolescents, un peu rebelles mais titillés par l'envie de laisser une trace.

combat
Bref, dans cette période où les adaptations de BD sont légions et donnent parfois de bien beaux résultats ( Le bleu est une couleur chaude, mais aussi Quai D'Orsay ou Lulu femme nue), on n'est pas surpris de voir que le combat ordinaire allait susciter des convoitises. Cependant, en sachant que c'était Laurent Tuel qui  s’y collait , on pouvait avoir quelques craintes, vu qu'il nous a habitué à des comédies un peu plus légères, tel le film Jean- Philippe en 2006, ou les pas bons du tout Grande Boucle ou Premier Cercle.

Et Nicolas Devauchelle  à la place de Manu Larcenet, rondouillard et plus drôle à priori, ce n'était pas forcément l'idée qu'on avait en tête (d'ailleurs au départ, c'était Manu Payet qui devait tenir ce rôle).

A la vision du film, on peut dire que le résultat est à moitié réussi : dans les points positifs le personnage de Marco, joué avec une vraie conviction par un Nicolas Duvauchelle assez surprenant ( et qu'on n'a pas de mal à comprendre pour une fois),  ressemble pas mal à l'image qu'on avait du personnage. L'interprète de Marco parvient assez rapidement au spectateur ayant lu la BD de faire oublier l'image du héros de papier imaginé par Larcenet. Cet homme à la fois fort et fragile, sujet à des crises d'angoisse paralysante, est un beau personnage riche et interessant à suivre, et certaines scènes,notamment celles avec son père ou avec le voisin trouble joué avec tout le talent d'André Wilms, ou même la romance, pas forcément aboutie avec la délicate Maud Wyler ( admirée dans  2 automnes 3 hivers »,)touchent par leur sensibilité et leur authenticité.

Malheureusement, ce n'est pas le cas de tout le film qui bute parfois sur l'écueil de l'adaptation et de la distance à avoir par rapport au matériau de départ : on sent que Tuel respecte énormément la BD, et du coup conserve certains dialogues ( notamment ceux des dockers) qui passaient très bien dans les bulles sonnent ici faux dans la bouche d'acteurs pas toujours très convaincants ( le frère, les dockeurs...).

Emily (Maud Wyler), la jeune vétérinaire, aura bien des difficultés à dompter Marco (Nicolas Duvauchelle), photographe retourné à l'état sauvage.

En plus, le brassage de thèmes ( la guerre d'Algérie, la maladie d'Alzheimer, les rapports filiaux, l'installation à la campagne, le désir de paternité) qui s'expliquent dans une BD de quatre tomes s'avère ici trop lourd pour un film d'une heure quarante qui donne l'impression de survoler ces thématiques qui auraient mérité un traitement plus approfondi

Enfin, dernier écueil du film, c'est l'absence totale d'humour qui frappe alors même  que la BD, bien que moins drôle évidemment que le retour à la terre du même Larcenet en était truffé Ici, le réalisateur n'a conservé que le coté sombre et mélancolique, et il manque du coup une petite légereté qui aurait fait du bien. Et la mise en scène, même si elle essaie d'imposer un univers visuel parfois audacieux, rate certains de ses partis pris comme ces zooms ou cette caméra à l'épaule utilisée à mauvais escient.

Bref, un film qui pourra toucher uniquement ceux qui n'ont pas lu la BD. Pour les autres, il vaut mieux en rester avec le souvenir de l'oeuvre de Larcenet, mais il faut dire que l'oeuvre est tellement forte que forcément voir le résultat à l'écran ne peut que décevoir le fan absolu de l'oeuvre initiale. Et au vu des résulats assez catastrophiques du film pour sa première semaine ( il est quasiment sorti des salles en cette seconde semaine qui commence), on se dit malheureusement que ni les fans de la BD ni les autres n'y sont allés...

Bande-annonce : Le Combat Ordinaire


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