La correspondance - colossale - de Stefan Zweig revêt de multiples facettes, nous ne nous lasserons pas de le dire. Ce gentleman peut se faire délicieux flatteur. Voici comment il justifie auprès de son amie, l'écrivain suédoise Ellen Key, son étonnant silence épistolaire
Nous pourrions en prendre graine...
"A Ellen Key,
Vienne, 16 novembre 1905
Très honorable, aimable, chère Ellen Key, je ne vous remercie qu’aujourd’hui pour votre lettre et votre paquet, car il est rare qu’un jour me soit assez cher pour que je l’honore d’une lettre à vous adressée. Je les réserve pour les jours où je vis de belles heures, dignes et claires, où je pense avec joie et profit aux bonheurs que j’ai goûtés et où je sens pour ainsi dire la proximité du lointain"
Ou encore, quelques mois plus tard: (mi-janvier 197 ?)
Très chère et honorable Ellen Key
Je vous remercie du fond du cœur pour votre lettre, à laquelle j’ai répondu tous les jours en pensée depuis que je l’ai reçue.
Stefan Zweig, Correspondance 1897-1919, Préface, notes et traductions de l’allemand par Isabelle Kalinovski, Ed. Grasset, 2000, 384 pp ( In Le Livre de Poche, 2005, 480 pp)