Titre original : Self/Less
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Tarsem Singh
Distribution : Ryan Reynolds, Ben Kingsley, Natalie Martinez, Matthew Goode, Victor Garber, Melora Hardin, Michelle Dockery, Sam Page, Derek Luke…
Genre : Science-Fiction/Thriller/Action
Date de sortie : 19 juillet 2015
Le Pitch :
Damian Hale, un célèbre architecte, est atteint d’une maladie incurable. Quand il entend parler d’un procédé révolutionnaire qui pourrait bien le sauver, l’homme d’affaires décide d’aller taper à la porte du mystérieux groupe Phénix. Pris en charge par un scientifique énigmatique, Damian voit son esprit transféré dans un corps plus jeune, en pleine santé. Malheureusement, le procédé n’est pas sans effets secondaires et tandis que l’homme profite pleinement de sa jeunesse retrouvée, d’inquiétantes visions le poussent à mener son enquête. Au point de mettre sa vie en péril…
La Critique :
C’est avec The Cell, un thriller assez particulier avec Jennifer Lopez, que Tarsem Singh a fait son entrée dans la cour des grands, après avoir notamment réalisé une poignée de clips pour Suzanne Vega ou R.E.M., et un bon gros paquet de publicités. Depuis, celui que l’on n’hésitait pas à qualifier de petit surdoué, n’a pas fait autant d’étincelles que prévu. Si The Fall possède un solide contingent de fans, on ne peut pas en dire autant de son ersatz de 300, Les Immortels, ou encore de sa boiteuse version de Blanche-Neige, avec Julia Roberts dans le rôle de la méchante reine.
Aujourd’hui, Tarsem revient avec un thriller de science-fiction, et prouve si besoin était que les grands-écarts ne lui font pas peur. Ce film, Renaissances, possède néanmoins un point commun assez malheureux avec les précédentes livraisons du réalisateur : sa capacité à passer un peu à côté de son sujet. Un peu seulement, car on compte suffisamment de bonnes idées dans ce long-métrage pour dresser un bilan relativement positif, sans pour autant que ces dernières ne lui permettent de se hisser au niveau des œuvres auxquelles il est plutôt difficile de ne pas penser.
Car oui, Renaissances n’a pas grand chose d’original. Dès la bande-annonce, les références sont évidentes. Volte/Face, de John Woo, ou même Looper, s’imposent d’eux-même devant le postulat de départ du film de Singh, et force est de reconnaître qu’ils sont tous les deux largement au-dessus. Le problème principal de Renaissances, outre sa longueur excessive (1h56 alors qu’1h30 aurait été plus raisonnable), c’est qu’il n’exploite jamais à fond son idée initiale et se contente paresseusement d’aller du point A au point B, sans cesser de sonner avec l’évidence propre aux films dont on devine dès les premières minutes le dénouement.
Entre le pur film d’action, le thriller et la timide réflexion teintée de science-fiction, le métrage ne fait preuve que d’une flamboyance très relative, au rythme de séquences plutôt inégales, dont l’impact n’est que très rarement à la hauteur des attentes. Cela dit, il faut saluer les bonnes trouvailles et la façon dont Tarsem Singh emballe ses scènes d’action. Assez brutal par moment, plutôt violent et fonceur, quand il passe enfin la seconde, Renaissances sait raviver l’intérêt mais échoue par contre à le maintenir sur la longueur, même si on s’amuse de temps en temps devant les péripéties téléphonées de Ryan Reynolds.
Ce dernier d’ailleurs, fait le job avec le professionnalisme qui caractérise ses performances les plus récentes. Charismatique, parvenant à traduire l’ambiguïté et la dualité de son personnage, il prend le relais du brillant Ben Kinglsey avec un naturel appréciable et constitue d’ailleurs presque à lui tout seul une raison suffisante pour se laisser tenter. Pour l’épauler, Natalie Martinez, une transfuge de la série Under The Dome et Matthew Goode, complètent joliment un casting plutôt classe, mais exploité de la plus basique des manières.
La bande-annonce laissait espérer un film plus ambitieux. Au final, il n’en est rien, mais le tout reste divertissant. Quand on comprend qu’aucune surprise ne va venir bouleverser l’ordre des choses et qu’il faudra composer avec de petites incohérences, le spectacle à l’écran suffit à faire passer un bon moment. Sans plus, car Renaissances fait partie de ces films agréables, mais trop anecdotiques pour marquer les esprits sur la longueur. Avec son cahier des charges hyper calibré, sa mise en scène efficace mais dénuée de génie, et ses acteurs méritants, il ressemble davantage à une série B sympathique mais un peu désincarnée qu’au blockbuster malin et mémorable qu’il semblait prétendre être.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : SND