Titre : Soleil vert
Auteur : Harry Harrison
Plaisir de lecture : Livre sympa
New York, 35 millions d’habitants. Le rationnement en eau et en nourriture, couplé à des températures écrasantes fait monter en pression ce magma humain. Pourtant, Andy Rush garde la tête froide. Il doit enquêter sur le meurtre de Big Mike, un gros bonnet du marché noir.
Paru sous le titre « Make room ! Make room ! » en 1966, il faudra attendre 1974 pour la publication française, traduit par Emmanuel De Morati. En France, le roman se fait connaitre via l’adaptation cinématographique éponyme par Richard Fleischer de 1973. Et dans ma grande chance, je ne l’ai pas vue, donc ma lecture n’a pas été parasitée.
Nous nous trouvons à l’entrée dans le troisième millénaire, quelque mois avant le passage à l’an 2000. Sans cette indication, ce que nous lisons pourrait très bien être notre futur. L’enquête policière est surtout un prétexte pour nous présenter différents profils. C’est un roman d’anticipation, post-apocalyptique et on pourrait presque y voir une uchronie (mais quid du point de divergence).
Le monde est épuisé et torride. L’oppression permanente offre une ambiance poisseuse et lourde. On pourrait qualifier ce livre de « noir » au vu du manque d’espoir flagrant.
Le livre n’a finalement pas beaucoup vieilli, car les préoccupations signalées restent actuelles : la surpopulation et la surconsommation, les scandales agroalimentaires, le réchauffement planétaire, l’emprise politique et la raréfaction des ressources naturelles. Finalement, ce livre pourrait être le fruit d’une clairvoyance sur le devenir de la Terre. Un brin catastrophique et pourtant si proche de la réalité.
Si vous vous attendez à un soleil devenu vert, vous n’en verrez rien puisqu’il s’agit en réalité d’un composant nutritif de soja. Harry Harrison montre une vie à deux vitesses, l’élite ultra protégée et la fange des pauvres. On y découvre les manifestations (vieux, paysans), les queues interminables par avoir sa ration d’eau, la nourriture de substitution (flocons de soylent), les logements insalubres et l’hypocrisie religieuse.
Un peu désuet sur certains points (notamment la contraception et le contrôle des naissances), Soleil vert tient tout de même la route. La place du chef d’œuvre reste à voir, mais la confirmation d’un classique en SF, pourquoi pas.
J’ai lu ce livre avec les deux traductions, la nouvelle version par Sébastien Guillot en papier et l’originelle française en numérique. La nouvelle traduction donne un sacré lifting à cette histoire, la rendant plus moderne. Elle gomme également certains mots en les anglicisant (cela injecte un peu de jeunesse), elle simplifie : la simple évocation d’un prix, 10 dollars devient 10D ; ou précise : la maladie nommée la couache devient la kwash (rappel du syndrome existant kwashiorkor). Mais j’ai trouvé aussi parfois que les descriptions étaient un peu plus aseptisées.
« Soleil vert » d’Harry Harrison, écrit en 1966 a conservé tout son poids d’antan quant à la vision du futur. A l’origine, d’un futur que nous avons dépassé (2000) mais qui s’avère pourtant une des directions que notre monde est en train de prendre. Il ne s’agit pas d’un roman d’action à l’intrigue palpitante, mais un portrait soigné d’un monde au bord de l’agonie, conséquence d’un contexte environnemental catastrophique.
————————————————————————~*
Souvenir de lecture : Une figure féminine pas forcément des plus flatteuses. Gagné chez Cornwall.
Voici une participation au challenge Morwenna’s list.
La prophétie des ânes (Cornwall), Last exit to Nowhere (Plume), Naufragés Volontaires (Julien), Un papillon dans la Lune ont eu chaud en lisant ce livre.
Classé dans:HARRISON Harry Tagged: anticipation, apocalypse