Statik Selektah « Lucky 7″ @@@@
Sagittarius Laisser un commentaireAprès être tombé sur le bon numéro à la roulette avec le très bon cru What Goes Around il y a moins d’un an, le producteur de Boston Statik Selektah retente sa chance en 2015 avec Lucky 7, parce qu’aussi son septième album-compilation et qu’il sort le 7/7. Chanceux d’en arriver à ce niveau d’influence dans le rap Eastcoast voire au-delà? En réalité, la part de chance est négligeable, seul le travail forcené a payé le concernant, ça fait des années qui bosse dur alors le voir placer des prods sur – au hasard – B4.Da.$$ de Joey Bada$$ en début d’année n’est pas tant perçu comme une consécration mais plutôt comme une confirmation de ses talents de beatmaker. Ce nouveau millésime sera-t-il aussi incontournable que son auteur?
Passé l’introduction justifiant l’appellation de l’album par un peu de tchatche, c’est la (seule) rappeuse Rapsody qui, succédant aux salutations de Lil Fame, a l’honneur de balancer le premier couplet de Lucky 7 en reprenant son texte là où elle l’avait laissé sur « Complexion » de Kendrick Lamar. Après quoi les titres qui suivent parviennent mal à nous secouer la tête, le décollage est plutôt long malgré la foule de guests qui prennent le micro comme témoin de relais. Parmi ces guests, dont certains multipliant leurs apparitions, cette génération de rappeur qui n’était encore que des découvertes il y a 3-4 ans et qui sont devenues des valeurs sûres aujourd’hui (avec deal en major pour certains), comme Joey Badass évidemment et Action Bronson (qu’on peut encore confondre avec Nas ou The Game sur « Hood Boogers« ). Parmi les autres habitués systématiquement invités pour poser quelques barres : Sean Price, Bun B, Talib Kweli, Termanology, Styles P… On aurait pu le deviner à l’avance. Il y a aussi Big K.R.I.T. que l’on entend réclamer des beats de Statik à la fin de « », et des rappeurs émergents (de ceux à suivre absolument) comme Bodega Bamz, Domo Genesis (des Odd Future), Dave East et Mick Jenckins qui ont chacun leur passage solo, puis A$AP Twelvyy pour représenter le A$AP Mob, Kirk Knight pour les Pro Era avec Joey (tous deux ensemble sur le froid « Silver Linin« ). Parce que Statik contribue également à l’émergence de la Beast Coast en pourvoyant une partie des jeunes groupes et artistes qui fleurissent sur la Grosse Pomme. Je reprends la lecture là où avait démarré l’épluchage du scoring. C’est à partir de « Crystal Clear » avec Royce que Lucky 7 prend tout son intérêt : quand les rimes et le flow sont glissés dessus une couche crémeuse de sample soulful. « The Trophy Room » avec Skyzoo, « Wall Flowers« , « Scratch Off » ou le single suave « All You Need » avec Bronsalino, Ab Soul et la belle Elle Varner, voilà ce que l’on est venu écouter ! Ou ce passage secret de D-Stroy après JFK sur « Sucker Free« , et les vétérans Smiff-N-Wessun plus Buckshot avec « Murder » qui est carrément mortel (c’est le cas de le dire). Ce qui n’empêche pas plusieurs pistes de simplement servir de décoration banale comme par exemple « Hood Boogers » (le beat est franchement bancal) et « Gentlemen » avec Sean P et son protégé Illa Ghee, on zappe avec un petit pincement. Pour répondre à peu près à la question du début : il y a une bonne poignée de morceaux incontournables sur Lucky 7, au moins sept.