Au fond de la campagne.
Au fond de la campagne
il y a les fougères
les monts ensauvagés
où s’arrête l’espace.
Au fond de la campagne
il y a le remuement
rouillé, sombre et furieux
d’un univers qui veut
conserver son lointain.
Au fond de la campagne
il y a l’acharnement
borné des culs-de-sac
escarpés et jaunis.
Mais j’en reviens toujours
pantelante d’émoi
yeux chavirés, hantés
d’apothéose ultime
désaxée par le vent.
.
Page 34, in « Circonvolutions », 2002.
.
Brest, le 21/07/1996.
Champs brûlés par le soir
éclair noir
sur ma peau,
sous mes pores bleuis
râles d’excavation.
La faucille du vent
fauche les parfums clairs,
ranime les couloirs
ensorcelés de mâts
sombres, les arbres-nids
replient leurs ailes-voiles
arquées sur l’horizon
mes veines obscures vont
chenaux d’algues vaseux
aux courants indécis
aux tressauts
reptiliens
écrasés sous le blanc
crépitant de l’envol.
.
Page 33, in « Circonvolutions »,2002.
Faim.
Estomac affamé
creusement de la faim :
tanière de gel
illuminée de givre,
puits fade et lumineux
que je sens
m’éthérer
me livrer à une
sensation mordante.
.
La faim plante ses crocs
ces éclaireurs du vent
et du froid rayonnant
qui fuit la pesanteur.
.
Page 30, in « Circonvolutions », 2002.
.
.
Les ombres de Geronimo.
Au-dessus du désert brutal
qui plonge dans l’obscurité
les nues s’enflamment, et,
rouge-sang
deviennent
macules de boue ;
que cherchent-elles à évoquer
par de tels flamboiements hagards :
les fantômes inassouvis,
les ombres de
Géronimo ?…
.
Page 93, in « Inédits ».
.
.
Paysage de lune et d’eau…
« Jointure », N° 94, 2012.
qui abolit terre et ciel,
qui charrie arbres et têtards
aux joues gonflées – bouches goulues –
.
dans le phosphore de la nuit
– est-elle faite d’onde ou d’air ? –
rôdent l’appel des vibrions
et la traînée des roues de feu.
Des éphélides de plancton
ponctuent le bleu des nénuphars
ces socles du monde nouveau
qu’ils nappent d’extase embrumée…
.
Page 84, in « Présence en revues ».
.
.
Commencements…
« Diérèse », N° 34, 2006.
La mer est sainte
et tout est nu
la plage étale son lait bleu
.
C’est là que commence
le temps
c’est là qu’il n’a
pas démarré
.
C’est là que le silence
afflue
dans les veines
du firmament
C’est là que tonne
le présent,
.
le présent sidérant
d’un corps.
.
Un corps. Etiré par le vent
traversé net par l’étendue
Un corps. Pris en flagrant-délit
d’équidistance exacerbée
.
la mer est sainte
et tout est dit
C’est l’heure
du premier instant
du premier silence expulsé
poussé
hors des poumons du monde.
.
.
Page 73, in « Présence en revues ».
.
Disponible au Nouvel ATHANOR
.
.
.
.
Le blog de Patricia LARANCO
ICI