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Le crowdsourcing, allié de poids pour des indicateurs économiques plus fiables

Publié le 03 août 2015 par Pnordey @latelier

La start-up Premise récolte ses données directement auprès des habitants pour dresser des analyses macro-économiques.

Basée à San Francisco, la start-up Premise s’est construite sur une idée novatrice : utiliser crowdsourcing et nouvelles technologies pour établir des statistiques en matière de macro-économie et de développement humain, le tout en temps réel. Le principe ? Premise récolte de simples photos auprès des habitants d’une certaine zone géographique, principalement dans des pays en développement, mais pas seulement. Elle en extrait les données et passe ces dernières au filtre d’une plateforme d’analyse pour construire de grands indicateurs socio-économiques. Explications de Sara Blask, directrice de la communication : « Des milliards de dollars sont investis chaque année sur la base de données économiques dépassées ou incomplètes. Nous souhaitons simplement améliorer la qualité de ces données. ». La start-up travaille avec des gouvernements, des banques, des institutions financières internationales et des fonds d’investissement. Parmi ces clients : la Banque mondiale, Bloomberg, l’ONU et la Standard Chartered Bank. Spécialisée au départ dans la collecte des prix dans l’alimentaire, l’entreprise a depuis élargi son domaine d’expertise aux ressources en général : accès à la nourriture, électricité, eau potable… autant d’indicateurs de développement susceptibles de guider les investisseurs.

Des mesures économiques et humanitaires

Selon Sara Blask, « nous nous différencions des instituts de statistiques officiels par la fraicheur de nos données. Ainsi, le Bureau of Labor Statistics publie chaque mois un indice de prix pour le consommateur : nous en publions un chaque jour.» Premise analyse également les données sur le long terme et propose des courbes et schémas permettant de constater facilement l’évolution de tel ou tel indicateur. L’entreprise planche actuellement sur la crise économique qui sévit au Venezuela, où les pénuries en cascade conduisent les habitants à faire la queue durant des heures pour se procurer des produits de première nécessité.

Le crowdsourcing, allié de poids pour des indicateurs économiques plus fiables

À partir de clichés envoyés par les Vénézuéliens, Premise calcule l’inflation et le temps nécessaires pour se procurer les produits de première nécessité. Ces données sont ensuite intégrées à une carte réalisée à partir d’une image satellite. Récemment, la start-up a également travaillé avec le gouvernement philippin, qui souhaitait savoir si ses taxes sur l’alcool et le tabac, récemment votées, étaient bel et bien appliquées par les commerçants. Les données recueillies ont permis de constater qu’un grand nombre d’entre eux ne les appliquait pas, incitant le gouvernement à prendre de nouvelles mesures pour s’assurer du respect de la loi. Premise a enfin réalisé une étude pour une grande entreprise souhaitant investir dans le réseau électrique en Afrique de l’Ouest, et désirant au préalable connaitre la quantité et la qualité des infrastructures existantes. La start-up a donc établi une carte indiquant les habitations dotées de l’électricité et celles en étant dépourvues. Pour ce faire, l’équipe a effectué une corrélation avec le matériau utilisé pour la construction. Et pour cause, les maisons en brique ou en ciment ont bien plus de chance d’être reliées au réseau électrique que celles bâties avec de la terre.

Le recours au crowdsourcing pour récolter des données

Pour récolter ses données, Premise commence habituellement par des publicités postées sur Google ou les réseaux sociaux, ajoutant parfois des interventions dans des universités ou auprès d’ONG, jusqu’à réunir une quinzaine d’utilisateurs. Ensuite, avec le bouche à oreille, la base s’étend rapidement. Moyennant l’envoi de photos et d’informations telles que le prix du produit photographié ou la localisation du commerçant, ceux-ci sont rémunérés, entre 30 et 200 dollars par semaine en moyenne. Certains en font leur source de revenus principale. Pour d’autres, il s’agit simplement de mettre un peu de beurre dans les épinards. Le succès et la renommée de Premise vont aujourd’hui croissant, et l’entreprise reçoit de nombreuses demandes spontanées, au point de devoir refuser des candidats : « Nous ne nous définissions pas comme une entreprise de mégadonnées », explique Sara Blask. « Nous privilégions la qualité de nos informations à la quantité. Nous récoltons exactement le nombre de données dont nous avons besoin. » Présente dans une trentaine de pays, l’entreprise emploie aujourd’hui 16 000 personnes pour sa récolte de données. Larry Summers, anciennement secrétaire du trésor sous l’administration Clinton et chef économiste de la Banque mondiale, a récemment rejoint le conseil d’administration de Premise. L’entreprise n’a sans conteste pas fini de faire parler d’elle.

L’entreprise Okhi s’appuie également sur la photographie pour faciliter le développement des pays défavorisés.


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