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Caravage

Publié le 05 août 2015 par Aelezig

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Michelangelo Merisi da Caravaggio, appelé en français Caravage ou le Caravage, est un peintre né le 29 septembre 1571 à Milan et mort le 18 juillet 1610 à Porto Ercole.

Son œuvre puissante et novatrice révolutionne la peinture du XVIIe siècle par son caractère naturaliste, son réalisme parfois brutal et l'emploi appuyé de la technique du clair-obscur allant jusqu'au ténébrisme. Il connaît la célébrité de son vivant et il influence nombre de grands peintres après lui.

Après une longue période d'oubli critique, il faut attendre le début du XXe siècle pour que le génie de Caravage soit pleinement reconnu, indépendamment de sa réputation sulfureuse. Il est actuellement représenté dans les plus grands musées du monde, malgré le nombre limité de peintures qui ont survécu. Toutefois certains tableaux que l'on découvre depuis un siècle posent encore des questions d'attribution.

Ses parents sont Fermo Merisi et Lucia Aratori, tous deux originaires de Caravaggio, une petite ville de la région de Bergame, alors sous domination espagnole. 

1595 les musiciens

Son père exerce des fonctions qui sont différemment définies selon les sources : contremaître, maçon ou architecte ; il a le titre de « magister », ce qui pourrait signifier qu'il est l'architecte décorateur ou l'intendant de Francesco Ier Sforza. Néanmoins, plusieurs documents emploient le terme assez vague de « muratore » pour qualifier le métier du père de Caravage, ce qui semble signifier qu'il dirigeait une petite entreprise de construction. Ses deux familles, paternelle et maternelle, appartiennent à la classe moyenne et sont honorablement reconnues : Costanza Colonna, épouse de Francesco Ier Sforza, a recours à plusieurs femmes de la famille Merisi comme nourrices pour ses enfants ; c'est une protectrice sur laquelle Michelangelo peut compter à plusieurs reprises.

Sa demi-sœur, Margherita, est née d'une union précédente en 1565. La naissance de Michelangelo en 1571 est suivie par celles de deux frères et une sœur : Giovan Battista en 1572, Caterina en 1574 et Giovan Pietro vers 1575-1577.

La peste frappe Milan en 1576. Pour échapper à l'épidémie, la famille Merisi se réfugie à Caravaggio, ce qui n'empêche pas la maladie d'emporter successivement le grand-père de Michelangelo et quelques heures plus tard son père le 20 octobre 1577. En 1584, la veuve et ses quatre enfants sont de retour dans la capitale lombarde où Michelangelo, âgé de treize ans, intègre l'atelier de Simone Peterzano.

L'apprentissage du jeune peintre dure au moins quatre ans auprès de son maître, au contact de l'école lombarde avec son luminisme expressif et ses détails, mais plus précisément sous l'influence des frères Campi et d'Ambrogio Figino. Le jeune Merisi étudie les théories picturales de son temps, le dessin, les techniques de la peinture à l'huile et de la fresque, mais s'intéresse surtout au portrait ainsi qu'à la nature morte.

Frédéric Borromée, archevêque de Milan depuis 1595, fonde la Congrégation des Oratoriens, renouant avec la dévotion des premiers chrétiens, et leur vie simple. L'entourage de Caravage, ses frères, et Costanza Colonna qui protège sa famille, pratiquent leur foi dans l'esprit des Oratoriens et des Exercices spirituels d'Ignace de Loyola afin d'intégrer les mystères de la foi à leur vie quotidienne. Les scènes religieuses de Caravage sont donc logiquement imprégnées de cette simplicité, mettant en scène des pauvres, avec leurs pieds sales, les apôtres allant pieds nus ; la fusion des costumes antiques les plus modestes et des vêtements contemporains les plus simples participe de l'intégration de la foi à la vie quotidienne.

1595 repos pendant la fuite en egypte

Caravage quitte l'atelier de Simone Peterzano et retourne à Caravaggio vers 1589, année de la mort de sa mère. Il y reste jusqu'au partage de l'héritage familial, puis il part à l'été 1592 pour Rome, cherchant à y faire carrière comme beaucoup d'artistes alors. Rome est à cette époque une ville pontificale dynamique, animée par le Concile de Trente et la Réforme catholique (succédant à la Réforme protestante). Les chantiers y fleurissent et il y souffle un esprit baroque. Le pape Clément VIII est élu le 30 janvier 1592, succédant à Sixte V qui a déjà beaucoup transformé la ville.

Les premières années dans la grande cité sont chaotiques et mal connues : cette période a, ultérieurement et sur des faits mal interprétés, forgé sa réputation d'homme violent et querelleur, souvent obligé de fuir les conséquences judiciaires de ses rixes et duels. Il vit d'abord dans le dénuement, hébergé par Mgr Pandolfo Pucci, pour qui il copie des images de dévotion.

Caravage entame des relations plus ou moins solides avec divers peintres locaux : d'après Baglione, il serait d'abord entré à l'atelier du peintre sicilien Lorenzo Carli dit « Lorenzo Siciliano », auteur d’œuvres destinées aux parties les plus modestes du marché. Il fait la rencontre du peintre Prospero Orsi, de l'architecte Onorio Longhi et peut-être du peintre sicilien Mario Minniti qui deviennent des amis et qui l'accompagnent dans sa réussite. Il fait également la connaissance de Fillide Melandroni, qui devient une courtisane renommée à Rome et lui sert de modèle à maintes reprises.

Il est possible qu'il entre ensuite dans un atelier de meilleur niveau, celui d'Antiveduto Grammatica, où il aurait été employé à peindre des figures à mi-corps, toujours pour des tableaux bon marché.

Il travaille, à partir de la première moitié de l'année 1593 et durant quelques mois, chez Giuseppe Cesari. À peine plus âgé que Caravage, il est chargé de commandes et, ayant été anobli, il devient le Cavalier d'Arpin. C'est le peintre attitré du pape Clément VIII et un artiste très en vue, bien que lui et son frère Bernardino ne jouissent pas d'une réputation de haute moralité. Guiseppe Cesari confie à son apprenti la tâche de peindre des fleurs et des fruits dans son atelier. Durant cette période, Caravage est probablement aussi employé comme décorateur d’œuvres plus complexes, mais il n'existe aucun témoignage fiable. Semés de références à la littérature classique, ces premiers tableaux sont bientôt à la mode, comme en témoignent de nombreuses copies d'époque de grande qualité.

1601 crucifixtion de st pierre

Sa collaboration avec Cesari prend fin brutalement, pour des raisons mal identifiées.

C'est à cette époque que le peintre Federigo Zuccaro, protégé du cardinal Frédéric Borromée, provoque d'importants changements dans le statut des peintres. Il transforme leur confrérie en une académie en 1593 : l’Accademia di San Luca. Ceci a pour but d'élever le niveau social des peintres en invoquant la valeur intellectuelle de leur travail. Caravage apparaît sur une liste des premiers participants.

La Diseuse de bonne aventure soulève l'enthousiasme du cardinal Francesco Maria del Monte, homme de très grande culture, passionné d'art et de musique qui, enchanté par cette peinture en commande bientôt une seconde version, celle de 1595 (musées du Capitole). Le jeune lombard entre alors au service du cardinal pour presque trois ans dans le palais Madame à partir de 1597. Le cardinal y a lui-même été installé par son grand ami Ferdinand Ier de Médicis en tant que diplomate au service du Grand-duché de Toscane auprès du pape. Del Monte offre à l'artiste un très bon statut, allant jusqu'à lui donner une place honorable parmi les gentilshommes de la maison.

Tout en étant placé sous la protection du cardinal, Caravage a le droit de travailler pour d'autres commanditaires, avec l'assentiment de son protecteur et patron. En quelques années, sa réputation grandit de manière phénoménale. Caravage devient un modèle pour une génération entière de peintres qui s'inspirent de son style et de ses thèmes.

Les années qu'il passe à Rome sous la protection du cardinal ne sont toutefois pas exemptes de difficultés. Il se montre bagarreur, susceptible et violent et connaît plusieurs séjours en prison, comme un grand nombre de ses contemporains, les affaires d'honneur se réglant souvent au début du XVIIe siècle par un duel. Il se fait d'ailleurs plusieurs ennemis qui contestent sa manière de concevoir le métier d'artiste peintre, notamment le peintre Giovanni Baglione, virulent détracteur qui s'en prend souvent à lui, et qui contribue durablement à ternir la réputation personnelle de l'artiste.

Caravage passe souvent ses soirées à traîner dans les tavernes. Le plus grave incident se produit le 28 mai 1606, au cours des fêtes de rue à la veille de l'anniversaire de l'élection du pape Paul V. Dans l'une d'entre elles, quatre hommes armés s'affrontent de part et d'autre, dont Caravage et son partenaire Onorio Longhi qui font face à des membres et proches de la famille Tomassoni, parmi lesquels Ranuccio Tomassoni et son frère Giovan Francesco, pourtant « gardien de l'ordre ». Pendant ce combat, Caravage tue Ranuccio Tomassoni d'un coup d'épée ; lui-même est blessé et l'un de ses camarades, Troppa, est également tué par Giovan Francesco. Il est presque certain que cette rixe a pour objet une ancienne querelle, bien qu'il ne soit pas établi avec certitude quel en a été l'objet. Des tensions entre Onorio Longhi et les Tomassoni existent depuis longtemps déjà, et il est probable que Caravage soit simplement venu assister son ami Longhi dans cette vendetta, comme l'exige le code de l'honneur.

1602 saint mathieu et l'ange

Pour ce meurtre d'un fils d'une puissante famille, Caravage est condamné par contumace à la mort par décapitation. Cela le contraint à rester éloigné de Rome. Commence alors un long périple de quatre années à travers l'Italie et Malte. Cependant, Romain d'âme et de cœur, il s'efforcera d'y revenir tout le long de sa vie.

C'est une période de création très féconde, bien qu'il se trouve désormais dans un environnement intellectuel très différent de celui de Rome. Il continue de peindre des tableaux qui lui rapportent de belles sommes d'argent. Certains tableaux à destination de prélats influents semblent être produits tout particulièrement pour hâter l'obtention de son pardon judiciaire. Ainsi, Scipione Borghèse, neveu du pape Paul V, ne tarde pas, de fait, à nommer Caravage « chevalier du Christ » à Malte.

En juillet 1607, il s'installe donc à Malte, souhaitant être nommé au sein de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Il est courant d'être nommé chevalier après d'importantes commandes pour le pape, et cet engagement militaire contre la menace turque pouvait remplacer une sanction pénale. En juillet 1608, il est fait chevalier comme il le souhaite. Mais sa consécration ne dure pas. Dans la nuit du 19 août 1608, il est le protagoniste d'une nouvelle affaire de violence. Au cours d'une rixe, Caravage se mêle à un groupe qui tente de pénétrer de force dans la maison de l'organiste de la cathédrale. Jeté en prison, il s'en échappe par une corde et quitte Malte. Il est en conséquence radié de l'Ordre.

Caravage débarque alors à Syracuse, en Sicile. Caravage répond à plusieurs commandes pour de grandes familles et pour le clergé. Avec l'appui de ses protecteurs, et en peignant ces tableaux toujours inspirés par ses commanditaires profondément religieux et empreints d'une sincère humanité, il s'emploie toujours à obtenir la grâce du pape pour pouvoir rentrer à Rome.

En octobre 1609, il retourne à Naples. Dès son arrivée, il est grièvement blessé, dans une nouvelle bagarre, par plusieurs hommes qui l'attaquent et le laissent pour mort : la nouvelle de sa mort remonte même jusqu'à Rome, mais il survit.

Le contexte et les circonstances exactes de la mort de Caravage restent en grande partie énigmatiques. En juillet 1610, il apprend que, grâce à l'entremise de Scipion Borghese, le pape est enfin disposé à lui accorder sa grâce s'il demande son pardon. Voulant brusquer le destin, il quitte Naples, muni d'un sauf-conduit du cardinal Gonzague, pour se rapprocher de Rome. Il s'embarque alors sur une felouque et emporte avec lui plusieurs tableaux destinés au cardinal Borghese. Il fait escale à Palo Laziale. Alors qu'il est à terre, il est arrêté, par erreur ou malveillance, et jeté en prison pendant deux jours. Son décès est enregistré à l'hôpital de Porto Ercole, le 18 juillet 1610. Il a 38 ans. Les détails de sa mort restent encore assez obscurs.

  • Une version précise que, désespéré par son nouveau séjour en prison, il a rejoint à pied Porto Ercole à cent kilomètres et que, dépité, perdu et fiévreux, il a marché sur la plage en plein soleil où il a fini par mourir quelques jours plus tard.
  • Selon une version plus probable, il se serait déplacé à cheval en suivant la Via Aurelia, de Palo Laziale à Porto Ercole, avant d'y trouver la mort.
  • Vincenzo Paccelli, spécialiste du peintre et plus particulièrement de cette époque, propose néanmoins une autre version, documents à l'appui : Caravage aurait été attaqué à Palo et cette agression lui aurait été fatale.
  • Mais son certificat de décès, retrouvé en 2001, signale qu'il est mort « à l'hôpital de Sainte-Marie-Auxiliatrice, des suites d'une maladie ». En 2010, ses restes auraient été retrouvés dans l'ossuaire d'une église de Porto Ercole, et identifiés grâce à des analyses au carbone 14 avec une probabilité de 85 %. Atteint d'une intoxication chronique au plomb ainsi que de la syphilis, le peintre serait mort d'un état de faiblesse générale et d'un coup de chaleur.

Vignette en haut à gauche : portrait de l'artiste par Ottavio Leoni

 D'après Wikipédia


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