Comme un avion, film de Bruno Podalydès

Un peu de fraîcheur dans l’été (ce mot est un palindrome), c’est peut-être la première chose qu’on ressent quand on va voir ce film de Bruno Podalydès. L’inattendu. Si c’est un conte de fée, c’est celui de la fée verte, l’absinthe dont le nom sonne comme l’absente. Absente, une femme, Rachel (Sandrine Kiberlain), quittée pour une aventure au fil de l’eau. Mais est-elle vraiment quittée ? Toute cette aventure en kayak qui ne fait qu’aller et revenir (un palindrome, mot qui peut se lire dans les deux sens, signifie littéralement « qui revient sur ses pas »), n’est-elle pas une façon de rêver (autre palindrome) ? Il dort beaucoup, Michel (Bruno Podalydès), ivre ou pas. Il fait aussi beaucoup de jeux de mots et une « nuit planche ». C’est sans doute une façon pour lui d’échapper à la réalité virtuelle qui est son quotidien, musique de Bach dans les oreilles, planté devant un écran où il dessine des espaces urbains en 3D. Plutôt le rêve que la réalité virtuelle ! Plutôt une rivière que les routes de l'agglomération qu’il parcourt en moto ! Et on plane avec lui, dans un bateau dont le fuselage fait penser à un avion. Sur l’eau, il doit être seul. S’il accoste, c’est dans une guinguette paradisiaque où pleuvoir et pleurer vont de pair, où la volupté a des chemins de Petit Poucet, où chanter et danser font oublier l’anniversaire - surprise « à la con ». La réalité ? Elle le poursuivra sous les traits de Pierre Arditi dans le rôle d’un pêcheur qui ressemble à Pierre Arditi, mais en plus méchant. Et Michel retrouvera, un peu transformé par son Odyssée et sa rencontre avec la joie de Laëtitia (Agnès Jaoui), la rive de son monde où n’a pas cessé de marcher Rachel. Les gens qu’on croise ont des prénoms faits de notes de musique, Rémi (Denis Podalydès) et Mila (Vimala Pons). Pas étonnant que des chansons nous accompagnent pendant tout ce film : Charlélie Couture, Moustaki et Bashung qui vient conclure avec « Vénus », « première à éclairer la nuit ».