On nous apprend de plus en plus que les règles, c’est un truc naturel et normal. Ce qu’on a encore du mal à dire (et à penser) c’est que non, ce n’est pas sale, non la femme n’est pas une bête sauvage et impure. Bin ouais, c’est à cause de l’héritage religieux. J’aime autant vous dire qu’il y a encore du boulot à faire !
Zoom sur les règles selon les trois religions monothéistes principales, à savoir le judaïsme, l’islam et le christianisme, le tout illustré par Pauline Roland.
Le Judaïsme
Les règles ce truc dégueulasse
Dans la religion Juive, la perception des règles, c’est pas franchement franchement funky… Il y a cependant deux textes : L’Ancien Testament et le Talmud.
L’Ancien Testament :
On distingue deux situations : la nida, dont le saignement a lieu au moment de ses règles menstruelles, et la zava, qui saigne en dehors du cycle normal. Dans l’interprétation du Lévitique, le sang qui s’écoule de la femme est impur, et cette impureté se transmet à son contact. La femme connaît donc une période d’impureté mensuelle de la durée de ses règles environ sept jours.
Bon, ça on a bien compris, c’est pour pas que son mari lui fasse des avances, qu’il tente d’avoir des relations sexuelles, ça permet de réguler les naissances. Mais ce n’est pas tout ! Les juifs vont encore plus loin… La femme ne contamine pas seulement les humains, les meubles aussi…
Bin oui, c’est vraiment impur une femme qui a ses règles, alors si une personne touche son lit, ses vêtements ou encore le canapé ou les coussins sur lesquels elle a osé s’asseoir, celle-ci devra laver ses fringues, prendre un bain, mais malgré tout, la personne restera impure jusqu’au soir… Évidemment, la femme ne doit en aucun cas toucher quoique ce soit de sacré, genre, les livres, les synagogues ou autres objets de culte… Certains rabbins poussent le vice à dire que la femme impure ne peut pas prier ou réciter une bénédiction, mais ça, concrètement, aucun texte ne l’évoque.
En cas de zava, soit des saignements de on sait pas trop pourquoi ni combien de temps mais c’est comme ça, la femme reste impure sept jours après la fin des saignements. Et elle est impure même si la seule goutte de sang perdu est aussi grosse qu’un grain de moutarde…
Le Talmud :
Dans le Talmud babylonien, on trouve un décret de Rabbi Yehuda Hanassi (Rabbi) qui traite des femmes vivant à la campagne, dans des endroits reculés sans autorité religieuse. Pour ses femmes, il est difficile de faire la différence entre zava et nida par manque d’instruction, alors dans tous les cas, il faut attendre sept jours après la fin des saignements, il s’agit des « sept jours propres ». Petit à petit, dans le judaïsme, on va partir sur ce système. On oublie nida ou zava et on compte sept jours à partir de la fin des règles.
Le 8ème jour, pour être totalement pure, la femme doit prendre deux tourterelles (ou jeunes pigeons) et doit les apporter au sacrificateur. Il hop, c’est terminé, tout le monde est beau tout le monde est pur jusqu’au mois prochain…
L’Islam
Le sang doit rester loin de Dieu, la femme aussi
Dans l’Islam, il est très important d’être pur, aussi les règles, c’est un peu la galère. En fait, tout ce qui sort du corps est impur. De la crotte de nez aux règles. C’est sale, impur, on n’en veut pas ! Sauf que bon… C’est naturel et c’est comme ça… Lorsque la femme connaît des saignements de quelques heures, elle n’est pas complètement impure. De simples ablutions avant les prières suffisent pour la laver de ses souillures. En revanche, lorsque la femme a ses règles d’une durée minimal d’un jour et une nuit et maximale de quinze jours, alors là c’est autre chose. Elle doit se purifier et respecter différentes interdictions…
L’époux ne doit pas se tenir à l’écart lorsque la femme à ses règles. Genre, elle n’est pas contagieuse, il peut manger à sa table le repas qu’elle a préparé. En revanche, pas de sexe, faut pas déconner. Le couple a tout de même le droit de se rouler les pelles ou de se caresser le corps, mais Il vaut mieux éviter de « toucher directement la région comprise entre le nombril et les genoux », en vertu de la parole d’Aïcha. D’ailleurs, le Prophète a donné l’ordre à Aïcha de porter un pagne lorsqu’elle est avec lui en période de menstruations.
En revanche, la femme doit se tenir éloignée de Dieu. Elle n’a pas le droit de prier. Si elle le fait, ça compte pour du beurre, la prière est invalide. Allah n’entend pas les prières ensanglantées. Il a mis un filtre. Elle n’a pas non plus le droit de faire le ramadan. Ça peut se jouer à une heure près. Si la femme jeune et qu’elle a ses règles avant le coucher du soleil, son jeune ne compte pas. Il faudra le refaire.
Il lui est interdit de lire ou toucher le Coran. Enfin, si son mari ou ses gosses posent le Coran sous ses yeux, elle a le droit de le lire dans sa tête, mais certainement pas de prononcer à voix haute ce qu’elle lit. La femme qui a ses menstruations ne peut pas entrer dans une mosquée. De ce fait, on considère qu’elle a moins la foi et devient de fait inférieure à l’homme. Bin oui, évidemment. Faut bien une excuse. Si elle a les règles ne serait-ce qu’une minute après le coucher du soleil, ça passe. Même si le sang s’écoulait déjà à l’intérieur de son vagin, peu importe, le jeûne est valide.
Dès la fin de ses règles, la femme doit prendre un bain purificateur, c’est un bain rituel complet. Si elle ne le fait pas, elle reste impure. Elle doit laver tout son corps, même la peau du crâne. «Que l’une d’entre vous utilise de l’eau mélangée avec du cèdre puis procède correctement à des ablutions puis déverse de l’eau sur sa tête et la gratte fortement de manière à toucher le crane puis qu’elle déverse encore de l’eau puis qu’elle utilise un morceau de coton parfumé avec du musc pour se nettoyer avec.» C’est la vulve qu’elle nettoie avec le coton. Mais on dit pas les mots parce qu’on sait jamais, un dragon pourrait en sortir. Sortir du vagin.
Lorsque la meuf a les cheveux tressés, elle n’est pas obligée de tout défaire sauf si les tresses sont plaquées et empêchent ainsi de nettoyer le cuir chevelu. Il est important de se verser trois fois de l’eau sur la tête pour redevenir pure.
Le christianisme
Le sang de Dieu
Le christianisme est constitué de trois branches importantes : le catholicisme, l’orthodoxie et le protestantisme. Elles ont en commun avec les juifs l’Ancien Testament. Soit le Lévitique. Tu sais, le truc qui parle de Zava et de Nida. Aussi, la femme est-elle impure pendant sept jours après les règles. Mais en réalité, dans le christianisme, si la femme menstruée est impure, il n’y a pas tellement de rituel de purification. Selon les époques l’eau est mal vue, alors on évite de se laver, et puis l’eau redevient à la mode, et il faut prendre des bains… Dans les textes, si ce n’est le Lévitique, on ne dit rien.
Dans le Nouveau Testament, on ne parle pas des menstruations. C’est pas tellement qu’on s’en fout mais bon, s’il ne devait y avoir qu’un seul sang à glorifier, ce serait celui du sacrifice du Christ, évidemment. Aussi, la femme, lorsqu’elle a ses menstrues se sacrifie pour la procréation. Oui, au Moyen Age, on pense que le fœtus est issu du sperme de l’homme et de la coagulation du sang de la femme. Bin voyons. L’homme doit donc respecter le cycle de la femme, il lui est alors interdit de coucher avec elle (sinon, il sera impur pendant 7 jours, c’est le Lévitique qui le dit). En revanche, la femme peut et doit prier, beaucoup, pour se rapprocher de l’esprit de Dieu. Après tout, elle vit la même chose que lui. Le sacrifice. Sauf que lui il en est mort, et que nous on se le tape tous les 28 jours pendant quarante ans…
D’autant plus qu’on estime que l’enfant conçu pendant les règles sera teubé ou aveugle. Ou les deux. Le christianisme utilise le sang menstruel pour réguler les naissances. Si tu couches pas pendant les règles ni quelques jours après, ni à Noël, ni pendant le carême, ni pâque ni les autres jours saints, bin… Si on compte, on peut bien baiser pendant 70 jours dans l’année… C’est ça, la contraception religieuse.
De toute évidence, les règles, perçues comme une impureté, cantonnent la femme à son rôle de mère. Par nature, elle doit rester au foyer, de peur de rendre impur tout le reste du monde. De plus, par la fatigue ou l’irritabilité que peuvent engendrer les règles, les menstruations sont considérées comme une faiblesse constitutive de la femme. Et puis hop, elle est de toute façon, inférieure à l’homme.