Putain un an ! Passons le discours universel sur la vitesse des choses… pour arriver directement sur une petite analyse de cette première année. Nous nous retrouvons autour de la table, le cheveu légèrement plus grisonnant que l’an passé, il est temps de faire un premier point sur le premier cinquième du mandat de Nicolas Sarkozy.
C’est au plus bas dans les sondages que Sarkozy soufflera sa première bougie comme Président, caractéristique de l’homme oblige, cela passera par une grand messe télévisée ce soir en diffusion simultanée sur plusieurs grandes chaînes à la manière d’un débat politique dans lequel il sera pourtant le seul et unique acteur. Connaissant les journalistes français, cette intervention prendra donc plus l’apparat d’une grande opération de comm’ unilatérale plus que d’une réelle épreuve de justification et de contradiction…
Une année donc, le magazine Challenges compte une dizaine de dossiers ouverts, Réforme de l’Etat, de l’Armée, Carte Judiciaire, allègement des directions de ministères, allégement de la fonction publique, fusion Unedic-ANPE, réforme des universités, réformes des conditions de refus d’une offre d’emploi par un chômeur, redéploiement des effectifs dans l’éducation nationale et refonte des dépenses de santé… Nous y rajouterons le service minimum, l’ouverture de négociations sur la réforme du paysage syndical, le fameux paquet fiscal contenant les « cadeaux » aux « riches » et les heures supplémentaires notamment, les modifications en politique extérieure avec un rapprochement anglo-saxon marqué et un leitmotiv de real politik omniprésent. Premier point positif de cette année il semble que le rythme des réformes soit élevé, axé quoi que l’on en dise sur le programme du NS candidat. En cela il déroge aux vieilles habitudes chiraquiennes.
Cela mise à part, l’électeur que je suis ne peut tout de même pas se féliciter de cette première année durant laquelle le style du président autant que sa manière de traiter ses dossiers ne me sont pas apparu pour le moins judicieux…
NS souffre en fait d’un mal bien connu des hommes politiques de cette nature. La perpétuelle peur de l’impopularité. A cause de cela, nous avons assisté à de nombreux couacs au premier rang desquels les (nombreuses) modifications de style ou encore les corrections Elyséennes de propos Ministériels ou Gouvernementaux. Sur la plupart des dossiers donc, le consensus mou a bloqué ou vidé de son sens une majorité de réformes (Universités etc…) En cette première année, NS n’a que peu dérogé aux grands principes chiraquiens de précautions en matière de réforme. Au moment où la France n’a que trop besoin d’un choc psychologique déclencheur de changements profonds, nous végétons dans un brouillard perpétuel qui ressemble fort à une tradition française.
En matière de politiques économiques, NS ne s’éloigne que très peu de la ligne suivie par ces prédécesseurs, peu de tailler dans les coûts au risque de fâcher le monstre administration, peu de mesure dans la dépense ce qui a pour principale conséquence la perte de contrôle de nos dépenses publiques qui ne cessent de croître. Depuis des années il est criant de réformer la taille d’un Etat beaucoup trop présent, lourd et gourmand, depuis des années pourtant sa part ne cesse de croître au rythme des mesures électoralistes ou des compensations généreusement offertes pour faire avaler les pilules de petites mesurettes ici où là…
Quoi qu’il en dise ce soir NS fait du Chiraquo-centrisme peu aidé, il est vrai par une conjoncture économique mondiale désastreuse. Il se dit président du pouvoir d’achat et affirme lors de la campagne ne plus croire en l’inflation (grâce à la concurrence mondiale acharnée) et voilà que le cauchemard des économistes refait surface. Il se présente en président sauveteur de la mondialisation et des délocalisations ? Voilà qu’il se ridiculise en prônant des investissements publics pour sauver le site Arcelor Mittal de Gandrage alors que l’Europe l’interdit strictement. La conjoncture économique plombée par la crise américaine à, selon moi, quasiment d’ores et déjà coupé les quelques marges de manœuvre de NS durant ce quinquennat. Désormais, il est pieds et points liés, même si ce dernier exprime toujours son désir d’action. L’activité économique ne semble pas en mesure de reprendre son souffle d’ici au deux prochaines années, déduisez en donc ce que vous souhaitez…
Côte de popularité au plus bas, conjoncture économique déplorable, endettement record, NS ne dispose à vrai dire d’un nombre de leviers d’action limité. L’arme monétaire est détenue par Trichet qui ne cédera pas un dixième de taux, l’arme budgétaire est bloquée par notre laxisme actuel et passé et se confronte aux exigences fixées par Bruxelles, la solution pourrait donc passer par l’approfondissement des réformes (économies, notamment de fonctionnement Mr Le président….) de l’Etat de sorte de libérer quelque peu nos entreprises et plus globalement le système en général. Les armes de relance par la consommation sont bloqués, il faudra donc miser sur la recherche, la formation et l’innovation, l’aide aux entreprises et anticiper un retour à la normale des prix (pourtant bien peu crédible) pour envisager un transfert du financement de notre système sur le travail en le basant désormais sur la consommation (TVA Sociale).
Après avoir assumer les valeurs de droite, NS a encore des efforts à faire pour assumer les théories économiques « de droite » pourtant diablement nécessaires dans cette conjoncture morose. Il faut cesser d’adopter cette attitude centriste ! Les plans d’économies devront être approfondis pour s’offrir le luxe de pouvoir réformer à grand frais.
Si j’avais été prof, l’élève Nicolas présenterait ce carnet de note…
Moyenne Générale : 10.5 – Un demi petit point au dessus de la moyenne pour encourager l’élève à poursuivre son travail en essayant toutefois de l’approfondir. Dans un contexte globalement mauvais Nicolas doit cesser la mollesse du consensus pour s’orienter vers la réforme profonde. Il faut à tout prix tirer profit de cette impopularité qui est une bénédiction pour entreprendre les chantiers les plus risqués.