Un premier album qui fonce tête baissée dans les racines profondes du folk.
Il paraît qu’il ne faut pas juger à la pochette…il paraît ! Flo est-elle la reine des champs? La jeune fille semble en total revival seventies. Ses cheveux lâchés et son teint naturel n’auraient pas dépaysé les hippies d’antan ; le décor bourgeonnant et l’image surexposée donnent un coup supplémentaire dans ce flower power esthétique à fond et … musical?
Dans les oreilles : Pas forcément, dès les premières notes, c’est bien un autre univers qui tape aux tympans. Une ambiance acoustique à l’écho omniprésent d’un live où l’auditeur resterait sans voix. Et dans Show Me, c’est un organe fascinant qui vibre alors. Une voix plus forte que Lana, plus soul que Florence, plus mélodique que Christine avec l’étrangeté d’une Paloma avec une bonne dose de romantisme naturel, presque naturaliste comme l’avait avant la grande Kate Bush. Avec tout ce métier arrive alors en tête une autre question: mais quel âge a l’interprète londonienne ? 50? 100 ans? Le teint est un peu décontenancé devant la révélation! Ses 20 ans et ses folk songs en bandoulière, la jeune fille n’oublie pas de travailler ses orchestrations d’une délicatesse aussi folle, presque incantation de tribu, un vrai bijou au creux de l’oreille.
La suite sera de l’or dans Pages of Gold dans un ton plus pop rock où pourtant la voix de la jeune fille ne perd pas de relief sous un soleil sonore assez fort mais aisé à expliquer, il a été enregistré en Californie! If You Can’t Love This All Goes Away, un titre toujours rayonnant et élégant mise sur l’ethnique, pas si étonnant, Noah Georgeson qui a déjà travaillé avec Devendra Banhart et Little Joy est aux manettes. Pourtant l’album a tout d’un blockbuster à la Adèle, tellement la voix de la chanteuse est énorme.
Dans les paroles, tout n’est pas que glamour, comme dans Betrayed où la puissance vocale de la soul a le pouvoir de réconforter, avec la beauté, le coeur brisé, avec la classe des plus grandes songwriters légendaires comme Joanna Newsom. Parfois elle ose des vocalises plus hardies et exotiques et donne des traits asiatiques dignes d’ue chanteuse de NO à l’anglaise qui a grandi entre Los Angeles et Paris. Sleeplessly Dreaming au thème quasi mystique est presque un songe éveillé que beaucoup ont vécu, Green Man, Wilderness ou SXSW. Et c’est ce live entêtant mais charmant qui ressurgit dans I Only Like His Hat, Not Him, Hipster à mort, vrai sentiment contre habit de fortune, consolation vestimentaire contre déchirement de coeur.
La jeune fille deviendrait-elle une mauvaise herbe? Wildflower donne un indice avec sa voix chaude dans une échappée belle, évanescente qui n’en finit pas de monter. Vers qui? La désolation ou le secret amoureux de Why? Peut-être… Et en parlant de secret en voilà un de gros, Woman of Secret gold sonne bien plus mature pour une femme mystérieuse qui sait scinder ses phrases comme les meilleurs song writers type Damon Albarn, dont la miss a assuré la première partie au festival des Inrocks. Tomorrow will be beautiful, voilà ce que la belle nous promet au terme d’un voyage au nirvana, une touche finale optimiste entre vision des anges et arrivée au paradis.