Magazine Culture

Carnet de voyage i

Par Apolline Mariotte @ApollineAM

LE LONG DE L’ADRIATIQUE

VII

Herceg Novi et Perast

Nous reprenons nos habitudes monténégrines. Herceg Novi est déserte aujourd’hui. Située à l’entrée des bouches de Kotor, elle présage de beaux paysages pour la suite du voyage.

Une fois nos affaires installées dans notre apartment – nous sommes maintenant rodés et cela ne nous prend que quelques minutes pour trouver un chaleureux point de chute – nous partons avec notre pique-nique et longeons la mer jusqu’à la vieille ville après avoir emprunté un dédale d’escaliers qui mène directement à l’eau.

Nous nous arrêtons sur une plage de galets. Un couple déjeune aussi, un peu plus loin. L’homme ne tarde pas à venir à notre rencontre et nous demande : vous êtes français ? Ces compatriotes toulousains nous expliquent leur jeu : tenter de deviner qui sont les français parmi les marcheurs qu’ils croisent. À croire que c’est écrit sur nos visages. Ou sur notre pique-nique. Nous décrivons brièvement nos itinéraires respectifs, échangeons quelques tuyaux puis nous séparons.

Nous déambulons dans les rues calmes de la forteresse de Spanjola, humons le parfum des citronniers en fleurs, salivons devant les figues encore trop vertes, nous asseyons quelques instants à l’ombre des essences exotiques du jardin botanique, rapportées il y a des années de leurs voyages par les marins. À l’église Saint-Léopold, les cordes qui actionnent les cloches pendent à l’extérieur, jusqu’en bas, de sorte que n’importe qui pourrait sonner. Un peu plus bas, deux églises côte à côte observent un équilibre précaire. Nous nous en rendons compte en sortant. À l’intérieur, tous les deux avions ressenti des nausées, d’un coup d’un seul. Effectivement, leur base n’est absolument pas plane. Le tremblement de terre de 1979 qui a touché toute la côte n’a pas épargné les deux édifices.

Le lendemain, sur la route qui s’éloigne de la ville, nous faisons une halte au monastère orthodoxe de Savina. Derrière ses murs et le spectacle de béatitude de deux petites chèvres qui s’abreuvent à la fontaine, il renferme un trésor d’art religieux qui a échappé aux pillages. D’ici, sur les hauteurs d’Herceg Novi, nous apercevons Rose, de l’autre côté de la baie, où nos pas nous ont menés quelques jours plus tôt.

Le temps se gâte, nous reprenons le volant et la direction de Perast. Nous nous garons à l’entrée du village de pêcheurs, face aux îles de Notre-Dame du Rocher et de Saint-Georges. Il pleut à torrents.

Nous attendons dans la voiture, espérant une accalmie. Au fil des minutes, la brume s’épaissit, masquant presque le monastère. Il faut nous rendre à l’évidence. Ce n’est pas une ondée passagère. Si nous voulons découvrir le village classé, il faudra affronter les intempéries. En outre, nous devrons être à Kotor avant ce soir, et trouver un logement pour deux jours.

Pour la première fois du séjour, nous sortons nos kways. Les tongs sont aussi un accessoire tout indiqué pour l’expédition.

Ce tout petit village ne compte pas moins de dix-sept églises catholiques, parfois minuscules. Au hasard de notre circuit, nous nous amusons à les recenser, nous efforçant de ne pas écraser les escargots qui se pressent sur les pavés et d’essuyer les gouttes d’eau qui ruissellent sur nos joues.

Sur le chemin du retour, les portes de Saint-Nicolas – saint patron des marins – dont le beffroi s’élève à cinquante-cinq mètres sont ouvertes. Nous nous y réfugions pour apprécier l’architecture baroque, ouvrage du vénitien Giuseppe Beati.

Nous arrivons à Kotor, toujours sous une pluie battante.

À suivre.


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