La planete des singes : l'affrontement - 7,5/10

Un film de Matt Reeves (2014 - USA) avec Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell, Kodi Smit-McPhee

Super, mais...

L'histoire : San Francisco. Dans un futur (proche). Les singes, rendus plus intelligents par des essais en laboratoire, se sont installés dans la forêt où ils bâtissent les débuts d'une véritable communauté, bien organisée, menés par Caesar. Les hommes eux sont décimés par le virus échappé du même laboratoire. A San Francisco, les survivants se sont rassemblés et redoutent la fin prochaine des stocks de carburant qui leur permettent d'avoir encore de l'électricité. Une solution : remettre en route le barrage hydraulique. Mais il se trouve dans le territoire désormais investi par les singes. Caesar veut la paix avec les hommes, mais il a un rival, Koba, qui se montre hostile à toute négociation avec les hommes.

Mon avis : Adaptation après adaptation, prequel, reboot, le roman de Pierre Boulle a été mis à toutes les sauces. On tire une ficelle par ci, on tire une ficelle par là, et on réinvente tous les tenants et aboutissants de l'histoire. Je ne suis pas contre et même généralement très enthousiaste, vu que le concept de départ reste très fort : la soumission des hommes par les singes. 

Le film est magnifique, techniquement, l'histoire intéressante et j'avoue que j'attends déjà avec impatience le numéro trois, qui nous racontera comment Caesar va définitivement donner aux singes la suprématie sur terre et bâtir les fondements d'une nouvelle civilisation. Alléchant. 

Mais j'ai cependant eu une impression de déjà vu (faut dire qu'avec 8 films...) et, sans m'être ennuyée, j'ai trouvé que ça ronronnait un peu. Pas vraiment de surprise, surtout du spectacle. Et puis aucun acteur charismatique (qu'on me rende James Franco !)... à part Andy Serkis dans le rôle de Caesar, qui joue toute sa partition avec son seul regard. Faut le faire. 

Un petit détail qui m'a gênée : les singes montent à cheval. Normal, ils le font dans toute la saga. Mais les singes de la nouvelle série ressemblent vraiment à des chimpanzés et des gorilles. Ils ont donc des bustes très longs et de courtes pattes. Et quand on les voit à cheval, sans selle, on a envie de rigoler : pas du tout ergonomique, le truc, on a vraiment l'impression qu'ils vont se casser la figure à tout moment ! 

En fait, ce n'est pas tant le film qui m'a un poil déçue (notez le jeu de mot), c'est que je commence à me lasser de toute cette surenchère d'effets spéciaux dans les gros films hollywoodiens qu'il s'agisse de catastrophes climatiques, de science-fiction, d'anticipation... La débauche visuelle finit par prendre toute la place, au détriment du scénario et des personnages. Tout est au premier degré, et ça manque furieusement d'une touche d'humour. Ce film m'a en fait donné envie de revoir la première série avec Charlton Heston, de retrouver une certaine fraîcheur, une certaine naïveté, une certaine poésie... qui nous permettaient de faire travailler nous-mêmes notre imaginaire. Du coup, nos neurones s'agitaient et l'impression laissée par le mélange de l'imposé (film) et de notre créativité nous hantait pendant des jours, des mois, des années... Rien n'égalera jamais, pour moi, le moment où Charlton découvre dans une dune de sable... la torche de la statue de la liberté. Pas besoin de FX. Du sable, et du carton.  

Je regrette finalement les films de ma "jeunesse", Soleil vert (1974), Alien (1979), Blade Runner (1982), Waterworld (1995 - oui, je sais, tout le monde déteste, sauf moi)... A cette époque on mettait 80 % dans l'histoire et les personnages, et on bâtissait un décor autour. Maintenant on dirait que c'est l'inverse. La première trilogie Star Wars (1977 pour le premier), que j'ai adorée commençait à marquer un tournant et déclencha une véritable passion interplanétaire. Ca débordait d'effets spéciaux jamais vus, de créatures incroyables plus vraie que nature, mais on conservait encore la fraîcheur et l'humour. On était stupéfaits et enchantés. Mais à partir de là, ce fut de plus en plus la guerre des FX. Et aujourd'hui on frôle l'overdose. En ce sens, je serais presque encline à préférer les found footage comme Paranormal activity, Cloverfield, Rec, Chronicle...

Je commence donc à me lasser des films de SF et d'action d'aujourd'hui, ils me fatiguent, ça devient trop sophistiqué, ça me saoûle. Je me mets à avoir un très net penchant pour le thriller et le fantastique surnaturel (fantômes, démons...), qui nécessite quelques effets, mais moindres, puisqu'ils se déroulent dans "notre" réalité. Vu que je n'aime pas trop les comédies ni les histoires de gens qui vivent... l'espace se restreint.

Alors voilà, j'ai aimé cet Affrontement, mais je pense que je vais dorénavant me mettre à redécouvrir tous ces anciens films, faits avec les moyens du bord, et qui m'ont tant fait rêver. Je vais sans doute commencer avec les Mad Max, tiens. Et puis La planète des singes. 

Les critiques sont dithyrambiques à part quelques vieux grincheux comme moi, qui commencent à saturer ! Score hallucinant en France : 3.700.000 entrées.