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All that jazz (que le spectacle commence) - 8/10

Par Aelezig

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Un film de Bob Fosse (1980 - USA) avec Roy Scheider, Ann Reinking, Leland Palmer

Les coulisses du spectacle.

L'histoire : Joe Gideon, chorégraphe, metteur en scène, prépare sa prochaine revue musicale pour Broadway. Auditions, répétitions, création, veto des assureurs ou producteurs, histoires de coeur, histoires de fesses... Pour tenir le coup, il avale des amphétamines, beaucoup d'amphétamines.

Mon avis : Le spectacle, j'adore ; donc tous les films sur ce thème, j'adhère.

Pendant toute la première heure, cependant, j'ai été déçue. Les scènes dansées étaient plutôt pas mal, mais je regrettais qu'on reste en coulisses. La sueur, la transpiration, les ego de chacun, c'est bien... mais ça ronronnait un peu cette histoire.

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Et puis ce petit rituel, tous les matins : Joe qui prend sa douche, des comprimés effervescents (de quoi ?) et de la dexedrine (amphétamine), et une fois qu'il est prêt, il s'écrie "Que le spectacle commence !" L'idée est intéressante, sur le plan de la mise en scène. Mais ces drogues laissent un message douteux : pour tenir le coup, pour être un grand pro, il faut en passer par là ?

Et cette femme en blanc, irréelle, à qui il parle...

Tout s'éclaire la deuxième heure, et il vaut mieux avoir tenu le coup jusque là ! Parce qu'ensuite, c'est tout simplement fabuleux. Notre homme a une crise cardiaque et on comprend tout : non, les amphétamines, c'est pas bien ; et la femme en blanc, c'est la Mort.

Le spectacle devient dément, surréaliste. De son lit d'hôpital, à moitié inconscient, Joe continue d'imaginer son futur spectacle, prétexte à des numéros formidables où se mêlent les strass et paillettes habituels... à des costumes évoquant des corps humains malmenés, voire "écorchés", le milieu médical. Et au milieu, en veste rutilante, Joe qui vient demander à son double sur le lit si c'est bien, si ça lui plaît... DINGUE.

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Dingue aussi, la partie "consciente" de son être, qui supplie la femme en blanc de lui laisser plus de temps, qui demande pardon à son épouse qu'il a si souvent trompée... J'ai été captivée par le personnage, magnifiquement interprété par un grand, très grand, Roy Scheider (un de ses meilleurs rôles), si arrogant et sûr de lui au début, et peu à peu désespéré, souffrant, entre la vie et la mort. Le suspense est intact... jusqu'à la dernière image.

Et puis incroyable cette scène où alternent les gros plans de l'opération à coeur ouvert (gorophobes s'abstenir) et celles où, parallèlement, les producteurs et assureurs discutent gros sous : si Joe meurt, comment peuvent-ils s'en tirer au mieux financièrement parlant ? Horrible !

Bref, cette seconde partie tient du génie et vaut mon 8. Quel dommage que le film soit inégal et traîne trop au début, alors qu'ensuite, on en demanderait encore et encore !

All that jazz, pour les non anglophnes, ça veut dire : "Tout le bazar... tout le tintoin... tout le bataclan ". Vulgairement : Et tout le bordel ! Ce n'est pas très facile à traduire... Les distributeurs français ont fait un parallèle avec Que le spectacle commence, mais ça n'est franchement pas top... Je verrais plutôt quelque chose qui évoque la vanité et la vacuité de nos vies, mais avec une pointe d'optimisme. Nous nous croyons irremplaçables... et puis la mort vient. All that jazz... j'aurais traduit par un truc genre Et c'est parti ! (cf. la scène sous la douche... genre un coup de barre, Mars, et ça repart !) ou On y va ! mais ce n'est toujours pas terrible...

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Enfin... inutile de réfléchir beaucoup, cette fois, pour comprendre combien le réalisateur, lui-même chorégraphe et fou de spectacle, bourreau de travail et victime d'un infarctus, a mis de lui-même dans cette oeuvre... Mais contrairement à ce qu'on voit dans le film, la dame en blanc lui a accordé douze ans de plus. A noter que les deux actrices aux côtés de Roy Scheider étaient également dans la vraie vie l'ex-épouse et la nouvelle compagne du réalisateur.

Palme d'Or au Festival de Cannes 1980.


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