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Après avoir bouclé le premier chapitre de leur carrière au sein de l’écurie Hyperdub, qui les aura vu revitaliser une forme évoluée du trip hop 90’s en la matinnant de cet héritage dubstep anglais typique, King Midas Sound, la bande à Kevin Martin (a.k.a. The Bug), est de retour avec un tout nouveau projet pour le moins singulier : une série de 4 collaborations portée par Martin, Robinson et Hitomi auxquels viendra se joindre à chaque fois un nouveau collaborateur issu de steppes musicales éloignées. Quatre disques à deux « têtes » dont le premier opus voit le jour le 18 septembre prochain chez Ninja Tune.
En guise d’invité de marque pour ce Edition 1, c’est l’incontournable Christian Fennesz qui a accepté de se prêter au jeu de la rencontre des deux mondes. Inutile de dire que cette première tentative est pour le moins osée tant le trio anglais et le guitariste autrichien semblent partager bien peu d’idées musicales, au-delà d’un état d’esprit commun. Mais à bien y regarder de plus près, l’alliance donne naissance à un objet musical pas si courant, combinant l’énergie bluesy présente en filigrane chez KMS et les nappes drones mélancoliques peuplées de bruits du monde du maître Fennesz. Une suite spirituelle du mémorable Endless Summer, en quelque sorte, auquel on aurait ajouté le don de parole, pour en multiplier les capacités d’expression et donc l’impact sur l’auditeur. Plus encore, l’alchimie s’avère d’autant plus efficace qu’elle force à la fusion de deux entités dont les disques ont toujours cherché à asseoir des ambiances pesantes, presque invasives. Impossible de rester de marbre, même si le tout peut sembler flotter par endroits.
Tout en injectant sa patte personnelle, King Midas Sound a donc puisé dans les archives, on l’imagine, d’une densité incroyable de Fennesz pour assembler bouts de guitares, effets et sons et donner naissance à une heure de musique en suspension, un pied dans cette dimension où le compositeur autrichien règne en seigneur incontesté. A l’image de la pornographie architecturale du clip de Lighthouse, deuxième extrait du disque, incarnant dans des textures créées par l’Homme cette idée d’un ailleurs étrangement familier, impossible pourtant à considérer dans son ensemble, les yeux perdus dans la masse infinie de lignes et d’angles qui se succèdent sans finalité apparente.
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