Je dirais paradoxalement en réexaminant le problème à fond... jusqu'à accéder au fond du problème.
Nous savons déjà a priori, que ce n'est pas évident de venir à bout d'une conviction, de la remettre en question, surtout face à celui qui croit détenir la réponse, il n'est pas question de lui reposer la question !
Ce qu'il redoute par dessus tout c'est le doute... d'autant plus qu'il croit disposer de la solution, la solution de tous les problèmes, de la clé du mystère, de la lumière qui dispense de la lumière.
En un mot : de la vérité !
C'est le fond qui manque le moins à nos fondamentalistes.
À y regarder de près, il ne s'agit le plus souvent que d'un fond de commerce, d'un capital qui finit par nous décapiter.
Vous songez sans doute au fondamentalisme religieux, le plus ennuyeux à vos yeux.
Détrompez-vous ! Ce n'est pas le plus dangereux... parce qu'il y a d'autres fondamentalismes, d'autres bailleurs de fond qui font encore plus de mal que les fous de Dieu.
Le fondamentalisme moral, par exemple, celui qui croit dur comme fer à la valeur de sa vérité et à la vérité de sa valeur prétendument universelle. Raison morale qui fait presque autant de mal que la Foi fondamentale. La raison n'est pas tout. Tout n'est pas rationnel.
Et nous sommes loin d'être raisonnables.
Nos lumières, nous avons du mal à l'admettre, n'éclairent peut-être pas toutes les consciences ?
Les droits de l'homme n'émancipent peut-être pas toutes les existences ?
Notre sens du bien n'a peut-être pas toujours un sens.
En un mot, notre fondamentalisme logique ou moral ne vaut guère plus, ni mieux que le fondamentalisme religieux. C'est une autre forme d'obscurantisme. Une autre forme d'intolérance. Une autre forme de tyrannie... la tyrannie du logos. Un dogmatisme de plus, qui s'ignore et que nul hélas ne déplore !
Mais il y a pire que le dogmatisme moral et le religieux, le dogmatisme politique qui vous enchaîne à son sens de la liberté et vous libère de toutes les chaines que vous vous êtes procurées en dehors de son supermarché.
Il est tour à tour laïc ou cynique. Laïc en décrétant que tout se vaut. Et cynique en prétextant que rien ne vaut.
Dans tous les cas de figure, il n'y a qu'une manière de lutter contre toutes ces dérives de la raison humaine :
Ne pas les craindre et ne pas les plaindre.
C'est la peur qui les nourrit et la peur de la peur qui les enrichit.
Autrement dit : notre angoisse... devant les choses de la vie.