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Burial so far : 2006-2007

Publié le 03 septembre 2015 par Heepro Music @heepro

Voici la rétrospective la plus brève que j’aurais attaqué à ce jour ! Oui, j’ai déjà eu à ne traiter que deux albums pour un artiste, sachant d’ailleurs qu’un troisième va venir s’ajouter à la liste avec quinze ans d’éloignement. Mais ici, pour Burial, c’est une tâche qui se voit poussée à l’extrême, l’exercice se résumant à deux années seulement !

Hormis Kode9 lui-même, fondateur du label, Burial a été le premier à se voir publié sur Hyperdub via un EP de quatre titres, dont on retrouvera la moitié sur le premier album, qui est également le premier LP sorti sur Hyperdub.

De son vrai nom, William Bevan demeure une exception et une étrangeté dans l’univers de la musique de cette dernière décennie (si nous nous référons à la période commencée en 2006, donc). Très vite, il devient la coqueluche de tous les critiques les plus avisés, et il est très peu d’autres artistes ou groupes à pouvoir rivaliser avec lui. Tout de suite, des noms aussi cultes que Aphex Twin ou Massive Attack se sont vus utilisés pour parler de sa musique, assez étrangement d’ailleurs. Mais, avec le recul, cela devient tellement juste. Retour sur deux albums devenus cultes, et qui squattent, ensemble, la majorité des classements du meilleur de la musique des années 2000. Pour autant, peut-être réussirons-nous, aussi, à comprendre pourquoi Burial se fait si discret et ne sort plus de LP, mais uniquement des EPs, parfois difficiles à se procurer.

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Burial {Burial}
Pour un premier essai, suite à un EP permettant de prendre la température, l’éponyme Burial aura frappé fort. Très fort. Tout l’univers de Burial se voit déployé in medias res sur cet album de treize morceaux. La présence de The Spaceape n’est d’ailleurs pas un hasard : le rappeur anglais – aujourd’hui décédé suite à une maladie – a été dès le début aux côtés de Kode9 sur de très nombreux projets très réussis. Les comparaisons un peu voire complètement improbables (par exemple avec les artistes mentionnés en introduction) peuvent, effectivement, se retrouver en tendant bien l’oreille : oui, on pourrait croire reconnaître les rythmes du « Teardrop » de Massive Attack sur « Prayer » ; de même, la référence à Aphex Twin peut se justifier de par des rythmes très saccadés. Mais ça ne va pas plus loin, car William Bevan a bel et bien atteint une alchimie propre, et dès lors inimitable. Une signature. Et une nouvelle référence.

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Burial {Untrue}
Pour son second opus – le dernier -, sorti l’année suivante, Burial allait non seulement tout confirmer mais aussi et surtout tout terrasser sur son passage. Ce qui explique peut-être pourquoi aucun album n’a, à ce jour, succéder à Untrue. À mon goût, et en vous rappelant qu’initialement je n’appréciais pas Burial (celui des albums, car je l’ai définitivement découvert avec ses EPs originaux post-Untrue, à partir de Street Halo et, surtout, Kindred), Untrue possède une personnalité difficile, car sombre, grise, pluvieuse, nostalgique, solitaire, solennelle. Et les morceaux semblent tous se ressemblant un peu, comme s’il s’agissait de parcourir un chemin, d’explorer une idée sous différents aspects, et se concluant sur un « Raver » inoubliable. La signature est confirmée, propulsée au rang de référence indélébile. Burial a pris la relève, alors même qu’on ne s’était pas encore rendus à l’évidence que Massive Attack et Aphex Twin, même s’ils n’ont jamais disparus, ont vieilli.

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Aujourd’hui, donc, on sait juste à quoi ressemble William Bevan, puisqu’il a fini par publier lui-même quelques autoportraits afin d’en finir avec certaines rumeurs. De plus, on le connaît fan de jeux vidéos, activité qui vient l’empêcher de se mettre derrière les machines pour créer, selon ses propres mots. Heureusement, il a concocté plusieurs morceaux d’anthologie, à chaque fois plus longs, sur des EPs tellement bien pensés qu’ils me paraissent encore meilleurs que ses albums. C’est dire la qualité de son empreinte.

Burial a compris, semble-t-il, que les albums traditionnels auraient des jours difficiles devant eux, et avec ses dernières productions, il a contrecarré tous les plans car on ne sait plus s’il s’agit de simples Eps, tels des singles, ou de véritables albums, constitués d’épopées lyriques aussi belles qu’on a l’impression de rêver, subissant une léthargie enivrante dont seul Burial est capable en 2015. Les annonces alléchantes d’un album de Massive Attack entièrement remixée par Burial n’auront accouché que d’une souris : mais le 2 titres Four Walls/Paradise Circus continue de me faire pâlir : pourquoi ne l’avoir sorti qu’en édition vinyle ? Et à seulement 1000 exemplaires ? En attendant, une seule question demeure plus importante encore : à quand un nouveau titre de Burial ? Ce n’est pas sur son compte Facebook ou sur son site personnel qu’on en apprendra davantage, car, à l’instar d’un certain Ricardo Villalobos, il n’en a pas. Et il n’en a pas besoin. Il y a bien eu des collaborations avec Four Tet, au nombre de cinq (y en a-t-il davantage ?) dont deux avec Thom Yorke au chant. Alors, quand, quoi, voire avec qui ?

(in heepro.wordpress.com, le 03/09/2015)


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