Résumé : Lorraine, hiver 1918-1919. Dans un village en ruines à quelques kilomètres du front, une communauté de rescapés s’organise pour que la vie continue.
Louise, seize ans, est recueillie au 1, rue des Petits-Pas par une sage-femme qui va lui transmettre son savoir: accoucher, bien sûr, mais aussi lire et écrire, soigner les maux courants et, enfin, être l’oreille attentive de toutes les confidences. Mais dans ce village ravagé par la guerre et isolé du monde, les légendes nourrissent les peurs, et la haine tient les hommes debout. Ces peurs et cette haine, Louise va devoir les affronter car elle exerce son art dans l’illégalité, élève un enfant qui n’est pas le sien, aime un être qu’elle n’a pas le droit d’aimer, et tente de se reconstruire dans cet univers où horreur et malveillance rivalisent avec solidarité et espoir.
Critique : J'ai adoré ce livre et pourtant ce n'est pas du tout ce que je lis habituellement ! C'est un livre historique sur les conditions de vie en Lorraine lors de la Libération de 14-18. On suit la reconstruction d'un village après la fin des combats et notamment le parcours de Louise recueillie par Anne, une sage-femme qui va lui apprendre son métier. Les sages-femmes sont à cette époque très plus que des accoucheuses, elles remplacent les médecins qui sont le plus souvent au combat soit comme soldat, soit comme médecin. Le problème c'est qu'elle tombe sous le coup de l'illégalité puisque qu'elles ont peu de droits... C'est une très belle histoire qui prend aux tripes, j'ai dévoré ce livre, malgré quelques passages un peu cru lors des accouchements - pourtant je lis des thrillers où l'on s’étripe à la tronçonneuse mais là j'étais très mal alaise avec les descriptions... - il se lit tout seul. On a qu'une seule envie c'est de savoir si Louise va réusir à s'en sortir et comment son histoire d'amour va surmonter les non-dits... Quelques vieilles superstitions sur une vouivre qui viendrait chercher les cadavres des morts, quelques histoires de familles un peu fantastiques
émaillent le récit et le rendent encore plus vivant. Je recommande vivement ce livre !
Extrait : Anne m'avait appris le goût de l’obstétrique, Vida m'en enseigna les rudiments, et l'apprentissage de la lecture changea mes perspectives ; un jour, le savoir renfermé dans les livres me serait accessible. Grâce à Vida, je ne deviendrais pas un matrone inculte mais une véritable sage-femme."L'histoire de notre profession est absurde, m'avait confié Anne. Au début du siècle dernier, aucun médecin sortant de la faculté n'était formé à l’obstétrique. Ceux qui désiraient apprendre l'art de l'accouchement et de la chirurgie gynécologique étaient instruits par une sage-femme. Cent ans plus tard, ces mêmes médecins nous interdisent l'usage des forceps ou de la césarienne, sous peine d'être emprisonnées, au prétexte inavoué que nous sommes des femmes, donc inaptes et ignorantes."