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Saint Joseph, sa bisaiguë et son compas à Angers (49)

Par Jean-Michel Mathonière

C'est dans l'église Saint-Joseph d'Angers (Maine-et-Loire) que René VERSTRAETE a remarqué cette rare sculpture d'un saint Joseph polychrome en charpentier, et il a eu la gentillesse de nous communiquer les photos qu'il en a prises.

Saint Joseph, sa bisaiguë et son compas à Angers (49)

Cette statue n'est pas commune, car le saint, charpentier de son état comme le rapportent les Evangiles, porte non seulement au côté droit un compas (dont une pointe entre dans une poche de côté) mais surtout tient une bisaiguë. Cet outil emblématique des charpentiers sert, par son ciseau et son bédane aux extrémités, à creuser les mortaises. Il figure sur le blason des compagnons charpentiers de tous rites, placé horizontalement sous le compas.

Saint Joseph, sa bisaiguë et son compas à Angers (49)

Statue peu commune, car la plupart nous le montrent tenant un lys ou un bâton terminé par un lys, emblème de pureté et allusion à un épisode d'un évangile apocryphe associé à son mariage. D'autres statues le présentent tenant l'enfant Jésus dans ses bras. Plus rares sont celles où il tient une équerre ou un compas. Mais la bisaiguë est très rarement représentée.

Saint Joseph, sa bisaiguë et son compas à Angers (49)

Cela n'avait pas manqué de surprendre le compagnon passant charpentier Joseph BOUAS dit Saint-Lys la Fidélité, lorsqu'il visita en coup de vent la ville d'Angers le 7 octobre 1893. Dans ses Mémoires récemment éditées (voir l'article) il écrit : "J'ai à citer une curiosité que je n'ai vu nulle part bien que j'aie visité beaucoup d'églises dans mon voyage. J'ai toujours vu St Joseph tenant dans ses bras l'Enfant Jésus ou bien une fleur de lys. Ici je fus tout surpris de voir dans une église dont j'ai oublié le nom St Joseph tenant une bisaiguë : outil dont ne se servent que les charpentiers."
Ce passage illustre l'esprit de curiosité des compagnons passant dans une ville durant leur tour, visitant les monuments et mémorisant leurs particularités. On est là dans l'esprit des fameuses "remarques" chères à Mistral dans son conte sur la Grenouille de Narbonne, en l'église Saint-Paul.
Un mot encore sur la statue d'Angers. René Verstraete nous précise que la statue a été récemment restaurée à la suite d'un acte de vandalisme. Il nous a communiqué des informations sur le sculpteur auteur de l'oeuvre en 1852, comme l'indique la mention sur le socle : BARREME D'ANCENIS / A ANGERS / 1852. Par le site de la mairie d'Ancenis (44), où il vécut, on apprend qu'Henri Hamilton BARREME était né en 1795 aux îles Bermudes, d'un père français et d'une mère américaine. Elève de Jean de Bay, à Nantes, ce sculpteur réputé réalisa exclusivement des oeuvres religieuses, dont de nombreuses statues de la Vierge.

Saint Joseph, sa bisaiguë et son compas à Angers (49)
© Photographies René Verstraete, D.R.

Etabli à Ancenis de 1816 à 1847 (une rue porte son nom), il oeuvra pour l'église de sa commune mais aussi dans la région nantaise et en Maine-et-Loire. Il vint ensuite à Angers puis à Pornic, où il est décédé en 1866.

Saint Joseph, sa bisaiguë et son compas à Angers (49)

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)


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