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Dernières nouvelles du Sud

Publié le 05 septembre 2015 par Adtraviata

Dernières nouvelles du Sud

Quatrième de couverture :

En 1996, Luis Sepúlveda et Daniel Mordzinski partent pour un long voyage à travers la Patagonie, de San Carlos de Bariloche au Cap Horn, à partir du 42e parallèle, et retour par la grande île de Chiloé. Ils en ont rapporté ce livre d’aventures, de rencontres, de témoignages sur la transformation d’un territoire mythique, et la marginalisation des Mapuches, peuple d’aborigènes légendaire. Ce voyage sans but, sans boussole, sans souci du temps, est aussi le formidable roman d’un monde à jamais disparu.

Luis Sepúlveda, écrivain, est né au Chili en 1949. Il a voyagé à travers toute l’Amérique latine. Il est notamment l’auteur du best-seller Le Vieux qui lisait des romans d’amour. Ses livres sont traduits dans 50 pays.

Daniel Mordzinski, photographe, est né à Buenos Aires en 1960. Il travaille depuis 30 ans à un ambitieux « atlas humain » de la littérature, au travers de ses portraits des auteurs les plus connus des lettres ibéro-américaines.

Cette semaine en Argentine s’achève bientôt et a pris un vrai goût de voyage en grand format en compagnie de Luis Sepúlveda, le grand écrivain que l’on connaît, et Daniel Mordzinski, photographe. Si le premier est chilien, le second est bien argentin et le voyage se déroule en Patagonie, entre Argentine et Chili. Une terre qui a attiré de nombreux personnages, aventuriers, bandits en cavale, hors-la-loi de tous bords, mais aussi de riches Occidentaux (dont un certain Sylvester Stallone, si, si) qui ont acheté des dizaines de milliers d’hectares, confisquant ainsi la terre aux habitants d’origine, les Mapuches, et détruisant l’équilibre entre l’homme et la nature vécu par les gauchos.

« A l’origine, ce livre était la chronique d’un voyage effectué par deux amis mais le temps, la violence des bouleversements économiques et la voracité des vainqueurs en ont un recueil de nouvelles posthumes, le roman d’une région disparue » explique Luis Sepúlveda dans l’introduction. « La Patagonie et la Terre de Feu ont toujours été considérées comme des territoires susceptibles d’être spoliés impunément. Au nom de l’élevage et du progrès on a exterminé des ethnies, des races, des forêts et, quand il n’y a plus eu un seul Indien vivant, on a cherché leurs restes, leurs momies, pour les expédier dans tous les musées du monde. » (p. 195)

Si le voyage entrepris par les deux hommes se fait le témoignage, l’inventaire des pertes, il est aussi un magnifique hommage aux personnes rencontrées au hasard de la route. On sent chez l’écrivain et le photographe un désir, une ouverture à la rencontre de l’autre et chez les Patagons une chaleur, un sens de l’accueil et du partage inversement proportionnels à l’inhospitalité de la nature. Se déploient alors des portraits et des histoires parfois improbables, tous formidables : El Tano, le luthier, Doña Delia la dame aux miracles, Marcelo, le cheminot du Patagonia Express, Coquito le lutin et bien d’autres tous plus touchants les uns que les autres.

En même temps se greffent sur le voyage des réflexions sur les langues et l’écriture, sur le bon usage du temps et de l’hospitalité donnée et reçue. « En Patagonie, on dit que faire demi-tour et revenir en arrière porte malheur. Pour rester fidèle aux coutumes locales, nous avons poursuivi notre chemin car le destin est toujours devant, et on ne doit avoir dans son dos que la guitare et les souvenirs. » 

Ce récit de voyage à quatre mains (l’une qui écrit, l’autre qui photographie) est empreint de dignité, de respect, d’une force apaisante malgré les menaces de disparition de ce mode de vie du bout du monde. Une grande leçon d’humanité.

« Ni mon socio ni moi n’appartenons à la corporation des chercheurs de lumière et de paix intérieure. D’un agnosticisme salutaire, nous savons qu’on trouve la paix intérieure en faisant ce qu’on doit faire au moment voulu et qu’on découvre la lumière en ouvrant grand les yeux, mais nous nous sentions bien, là, près de la vieille dame, à siroter notre maté en nous laissant hypnotiser par le langage du feu. » (p. 89)

Luis SEPULVEDA et Daniel MORDZINSKI, Dernières nouvelles du Sud, traduit de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg, Métailié, 2012 et Points Aventure, 2013

L’avis de Marilyne sur ce récit, Marilyne qui en cette avant-dernière journée en Argentine, vous présente Cronopios, le magnifique ouvrage de Daniel Mordzinski (on est totalement raccord)

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Classé dans:Des Mots sud-américains, Non Fiction

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