Un mot sur Irène d’Anne Akrich 3/5 (17-08-2015)
Un mot sur Irène (216 pages) est paru le 19 août 2015 aux Editions Julliard.
L’histoire (éditeur) :
Un parfum de scandale sexuel flotte dans le milieu universitaire depuis la mort, à New York, d'Irène Montès, une intellectuelle de renom. Alors qu'elle devait donner une importante conférence sur les gender studies, son cadavre a été retrouvé nu dans une chambre d'hôtel, au côté d'une poupée gonflable. Mais qui était-elle vraiment ?
À travers les yeux de son mari, Léon Garry, professeur à la Sorbonne, la flamboyante personnalité d'Irène nous est peu à peu dévoilée, tout comme la relation trouble qui unissait les deux époux. Jadis mentor d'Irène, Léon était devenu son pantin, dans un théâtre de la cruauté qui le condamnait au rôle de voyeur. Jusqu'ou peut dériver un homme dont les fantasmes inassouvis brouillent la perception du réel et de l'imaginaire ?
Porté par une écriture et un érotisme vibrants, ce récit crépusculaire fouille les arcanes du couple dans ses replis les plus intimes.
Mon avis :
Un mot sur Irène a des airs de roman policier qui s’évaporent peu à peu pour entraîner le lecteur dans la folie de Léon. En revenant sur la vie d’Irène pour tenter de comprendre sa mort, c’est avant tout la vie de son époux que l’on analyse. On revit à travers les yeux de cet homme les derniers mois du couple. Personnage d’abord lucide et brillant, il se révèle bien plus perdu qu’on ne le croit. Difficile de défaire le vrai de l’imaginaire tant la folie pénètre bien les pages et l’ambiance s’assombrit à mesure que l’on s’enfonce dans la folie qu’une écriture à la fois sèche, vive et mélancolique accentuer très bien. Projeté dans la vie de Léon, plus que dans celle d’Irène, on plonge dans un monde intellectuelle où les fantasmes sexuels et érotisme latents dominent et rendent l’atmosphère étouffante.
Léon Garry est un homme important, intelligent et cultivé, en passe de devenir président de la Sorbonne, mais il cache un malaise profond que le nouveau succès de sa femme réveille. Dévirilisé, impuissant et accumulant les échecs, le retour à la normal semble impossible et l’atmosphère oppressante se durcit peu à peu jusqu’au dénouement final, en plein cyclone Irène.
Anne Akrich m’a très vite fait entrer dans l’histoire. C’est d’ailleurs ses premières pages lues sur le site des éditions Julliard qui m’ont donné envie de lire ce premier roman. J’ai par la suite un peu perdu de mon enthousiasme. Le milieu universitaire et intellectuel dans lequel se joue cette intrigue singulière m’a moins plu. Néanmoins, j’ai trouvé que l’auteure se débouillait très bien avec la narration qui ne m’a à aucun moment paru lourde ou fastidieuse, mais bien au contraire toujours alerte et riche.
Si cette intrigue ne restera pas gravée, je pense que je garderai un œil sur la prochaine publication d’Anne Akrich. Dans un climat sombre et sulfureux, Un mot sur Irène est plein de bonnes réflexions sur la place de l’homme et sur la pertinence du féminisme à notre époque mais par la folie qu'il distille et le milieu qu'il décrit, il risque de ne pas convenir à tout le monde.