Magazine Culture

Abstraction lyrique

Publié le 10 septembre 2015 par Aelezig

L'abstraction lyrique se réfère à deux mouvements, liés mais distincts, de la peinture moderne d'après-guerre :

  • L'abstraction lyrique européenne ainsi baptisée par le critique Jean José Marchand et le peintre Georges Mathieu en 1947, dont le courant initial et principal, le tachisme, a été défini à partir de 1951 par les critiques Pierre Guéguen, Charles Estienne et Michel Tapié, lequel inclura ces deux notions dans l'art informel en 1952.
  • L'abstraction lyrique américaine, un mouvement décrit en 1969 par Larry Aldrich, fondateur de l'Aldrich Contemporary Art Museum à Ridgefield Connecticut.

z dam domido

Dam Domido

Origines

Bien avant que le terme soit défini, la tendance à l'expression directe de l'émotion individuelle, cette liberté du langage plastique, s'est déjà brièvement manifestée chez Wassily Kandinsky dans sa première période (1910-1914), avec ses « improvisations » et ses « compositions ». Il devait s'en détacher rapidement.

C'est avec Hans Hartung que la volonté d'expression pure et libre s'affirme de nouveau, avec ses premiers dessins et aquarelles (1920-1922), puis, dès 1925-1927 avec Joan Miró. Miró détestait les théories sur l'art et il se tenait toujours en marge des courants quels qu'ils soient. Dès 1925, il développe de surprenantes recherches plastiques dans divers sens, avec une profusion de symboles qui font de lui le précurseur du lyrisme abstrait contemporain.

Abstraction lyrique européenne

L'abstraction lyrique est une expression employée pour désigner, en opposition à l'abstraction géométrique, ou au constructivisme, une tendance à l'expression directe de l'émotion individuelle qui est rattachée à l'art informel développé à Paris après la Seconde Guerre mondiale. Une polémique oppose les tenants de l'abstraction géométrique, dite « froide », à ceux de l'abstraction lyrique « chaude ».

Après la Seconde Guerre mondiale, certains critiques d'art s'emparent de ce nouveau courant abstrait, afin de préserver — et relancer, après quatre ans d'occupation nazie — le blason de modernité d'un Paris qui depuis la fin du XVIIe siècle a occupé le rang de capitale des arts. Par ailleurs, à partir de 1947, on assiste à une compétition entre Paris et la nouvelle école de peinture américaine née à New York (Jackson Pollock, Willem de Kooning…), qui sera suivie au début des années 1950 et jusqu'en 1964, par le lancement d'une virulente campagne de promotion culturelle par les autorités et la critique américaines.

zao wou ki

Zao Wou Ki

Dès la Libération de Paris mi-1944, se tiennent de nombreuses expositions des artistes de cette nouvelle tendance, d'abord dans des galeries d'art privées, puis dans les salons de peinture, tels le Salon des surindépendants, le Salon de Mai, créé en 1943 ou le Salon des réalités nouvelles, créé en 1946.

Les artistes de l'abstraction lyrique appliquent en quelque sorte les leçons de Kandinsky (considéré comme un des pères de l'abstraction), mais aussi de Hartung et de Miró. L'abstraction géométrique expose des figures géométriques connues et reconnues : un carré, une ligne. L'abstraction lyrique est vécue comme une ouverture à l'expression personnelle de l'artiste, en opposition à l'abstraction géométrique, ou constructiviste.

En novembre 1949 se tient à la Perspectives Gallery de New York une exposition de Mathieu, Fautrier, Michaux, Ubac et Wols, puis, en mars 1951, la grande exposition « Véhémences confrontées » chez Nina Dausset où sont présentées pour la première fois côte à côte des toiles d'artistes abstraits européens et américains (Bryen, Capogrossi, De Kooning, Hartung, Mathieu, Piers, Pollock, Riopelle, Russel, Wols). Cette manifestation est organisée par Michel Tapié, dont le rôle de défenseur de ce courant, qu'il inclura dans l'art informel, est de la plus haute importance.

Le terme « tachisme », qui a d'abord été employé péjorativement par le critique Pierre Guéguen en 1951, a été réutilisé en novembre 1952 sur l'initiative du critique Michel Tapié dans son ouvrage Un art autre pour désigner le style de peinture rattaché au courant initial de l'abstraction lyrique pour définir notamment le travail de Hartung, Riopelle et Soulages, ainsi que dans son ouvrage L'Art à Paris 1945-1966. Ce courant correspond à la peinture gestuelle américaine, également théorisée en 1952 par le critique Harold Rosenberg dans son article American Action Painters, publié en décembre 1952 dans la revue ARTnews, et en particulier à la technique utilisée par le peintre expressionniste abstrait Jackson Pollock.

z george mathieu

Georges Mathieu

On associe à l'abstraction lyrique certains des principaux artistes de la tendance non figurative de la nouvelle école de Paris, tels que Jean Bazaine, Alfred Manessier ou Jean Le Moal, se réclamant d'une non-figuration violemment colorée marquée par la tradition religieuse romane (vitrail), et même jusqu'à leurs contemporains adeptes d'une abstraction allusive plus géométrique tels Maria Elena Vieira Da Silva. Certains d'entre eux évoluèrent en effet vers un style plus « lyrique », au même titre que certains artistes du mouvement de la Jeune Peinture belge fondé en 1945, tels que Louis Van Lint, etc.

Ce fut toutefois un règne assez court, supplanté dés fin 1957 par le nouveau réalisme de Pierre Restany et d'Yves Klein.

Les autres membres les plus connus sont Serge Poliakoff, Roger Bissière, Maurice Estève, Antoine Mortier, François Baron-Renouard, Huguette Arthur Bertrand, Pierre Fichet, Oscar Gauthier, Elvire Jan, Marinette Mathieu ou Chu Teh-Chun.

Une résurgence de ce mouvement voit le jour au début des années 1970 avec une génération d'artistes nés pendant ou juste après la Seconde Guerre mondiale, parmi lesquels on peut citer Paul Kallos, Georges Romathier, Michelle Desterac, François-Charles Bazelaire (à Bruxelles) et Thibaut de Reimpré.

Abstraction lyrique américaine

L'Abstraction lyrique américaine est un mouvement, liée à l'expressionnisme abstrait et au tachisme européen, qui est apparu dans les années 1960–1970 à New York, Los Angeles, Washington, puis Toronto et Londres. Il se caractérise également par une expression plus libre, spontanée, intuitive, un espace illusionniste, l'emploi de l'acrylique et d'autres techniques picturales plus récentes, en réaction aux courants alors dominants du formalisme, de l'abstraction géométrique, du minimalisme, de l'art conceptuel et du Pop Art. Beaucoup de ses artistes étaient précédemment minimalistes et avaient utilisé un style monochromatique et géométrique. L'abstraction lyrique cherche à produire une expérience sensorielle par la monumentalité et la couleur et à apporter plus de lyrisme, de sensualité et de romantisme à l'abstraction, afin de revigorer la tradition picturale dans l'art américain et de rétablir la primauté de la ligne et de la couleur comme éléments formels, dans des œuvres composées selon des principes esthétiques, plutôt que comme des représentations visuelles de réalités socio-politiques ou de théories philosophiques.

pollock

Jackson Pollock

En 1993, une exposition du Sheldon Museum of Art intitulée "Lyrical Abstraction : Color and Mood" présenta des œuvres de Dan Christensen, Walter Darby Bannard, Ronald Davis, Helen Frankenthaler, Sam Francis, Cleve Gray, Ronnie Landfield, Morris Louis, Jules Olitski, Robert Natkin, William Pettet, Mark Rothko, Lawrence Stafford, Peter Young et plusieurs autres peintres. En 2009, le Boca Raton Museum of Art de Floride, organisa une autre exposition sur ce mouvement avec Natvar Bhavsar, Stanley Boxer, Lamar Briggs, Dan Christensen, David Diao, Friedel Dzubas, Sam Francis, Dorothy Gillespie, Cleve Gray, Paul Jenkins, Ronnie Landfield, Pat Lipsky, Joan Mitchell, Robert Natkin, Jules Olitski, Larry Poons, Garry Rich, John Seery, Jeff Way et Larry Zox.

D'après Wikipédia


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aelezig 127315 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte