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[Critique] JAMAIS ENTRE AMIS

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] JAMAIS ENTRE AMIS

Titre original : Sleeping With Other People

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisatrice : Leslye Headland
Distribution : Alison Brie, Jason Sudeikis, Adam Scott, Jason Mantzoukas, Amanda Peet, Adam Brody, Natasha Lyonne, Katherine Waterston, Marc Blucas…
Genre : Comédie/Romance
Date de sortie : 9 septembre 2015

Le Pitch :
Jake et Lainey se rencontrent par hasard alors qu’ils sont à l’université et finissent par passer la nuit ensemble. 12 ans plus tard, ils tombent l’un sur l’autre et réalisent, en se racontant leurs parcours relationnels respectifs, qu’ils ont tous les deux le même problème : ils sont incapables de se poser. Tandis que Lainey reste accrochée à un homme qui se joue d’elle, Jake enchaîne les aventures d’un soir. Prêts à tout pour remédier à leur problème, ils deviennent très proches mais se refusent à franchir le pas, préférant s’entraider dans leur recherche de l’âme sœur…

La Critique :
Le pitch à lui seul apprend tout ce qu’on a besoin de savoir au sujet du nouveau film de la réalisatrice de Bachelorette. Deux amis, un homme et une femme, ne veulent pas coucher ensemble quand bien même ils éprouvent une certaine attirance l’un envers l’autre. À la place, parce qu’il faut bien raconter une histoire pendant 1h40, ils préfèrent aller voir ailleurs, sans s’avouer qu’ils s’aiment. On connaît la chanson par cœur. Cela dit, parfois, même un truc vu et revu arrive, par la magie d’un style particulier ou d’une mise en scène audacieuse, à sonner juste et à s’élever, allant pourquoi pas jusqu’à se poser comme une nouvelle référence.
Ce n’est pas le cas de Jamais entre amis

Jamais-entre-amis-Alison-Brie-Jason-Sudeikis

Bienvenue dans le New York de Woody Allen. Celui de la classe moyenne confortable, qui aime se poser plein de questions sur le pourquoi du comment et en particulier sur l’amour. Rapidement, alors que la promo laissait espérer une comédie romantique loufoque, le film de Leslye Headland affirme qu’il ne souhaite pas emprunter cette voie et préfère tourner autour du pot et enfiler les longues discussions censées faire réfléchir, émouvoir et un peu faire rire quand même parce que c’est important. Malheureusement, la plume de Leslye Headland n’est pas aussi affûtée que celle d’un Woody Allen ou d’un Louis C.K.. Ici, on s’ennuie régulièrement et on rit rarement. Parcouru de fulgurances vulgaires assez étonnantes et sauvé de la noyade par des petits moments de grâce, où les sentiments exprimés parviennent à toucher au vif, Jamais entre amis fait néanmoins trop de sur-place pour passionner sur la longueur. Fatalement, il échoue un peu également à encourager l’identification tant le scénario prend un malin plaisir à retarder à outrance le moment où le mec et la nana vont enfin se rouler une pelle avant le générique de fin. Ici on est clairement en face d’un film qui manque de verve et de substance pour tenir sur la longueur avec sa seule véritable idée.
Ainsi, les ruptures de ton, assez nombreuses, décontenancent plus qu’elles émeuvent, et les passages où la réalisatrice se lâche enfin arrivent toujours avec un train de retard pour permettre au récit de rebondir correctement. Une tendance tenace qui se prolonge même lors du générique de fin, pendant lequel deux personnages secondaires délaissés pendant tout le reste du long-métrage, débattent interminablement sur un sujet dont on se moque gentiment.
Un peu vain, trop long et plutôt classique, malgré ses airs modernes et impertinents, Jamais entre amis a finalement les mêmes défauts que Bachelorette, le précédent film de la cinéaste, ainsi que les mêmes aspirations, à savoir se rapprocher de la dynamique des productions de Judd Apatow, sans en atteindre la puissance évocatrice et l’universalité (et en plus c’est beaucoup moins drôle). L’idée et la bande-annonce pouvaient donner envie, mais à l’arrivée, c’est un peu la déception. Et comme avec Bachelorette, ce sont les acteurs qui tiennent bons et constituent la meilleur raison d’être indulgent.

Car oui, Jason Sudeikis et Alison Brie sont géniaux. Le premier, plutôt habitué aux franches comédies, met pour ainsi dire de l’eau dans son vin et livre une performance nuancée, laissant s’exprimer des émotions qu’il assaisonne d’habitude d’une blague bien crade. Là beaucoup moins. Il est à la fois la caution comique du film, mais ne démérite pas non plus quand il s’agit de laisser parler une certaine sobriété bienvenue. Pour autant, ce n’est pas lui la révélation de Jamais entre amis. La révélation, c’est Alison Brie (l’une des stars de la série Community). Remplaçante d’une Kirsten Dunst initialement prévue, la comédienne est parfaite. Belle, vulnérable, torturée, virevoltante, gracieuse, émouvante et sexy, elle livre une performance qui, à elle seule, justifie l’existence du long-métrage. Et c’est d’ailleurs quand la caméra se focalise exclusivement sur elle, alors qu’elle danse sur l’excellent Modern Love, de David Bowie, que le film s’envole enfin. Le temps d’une chanson, il atteint une harmonie idéale et exprime bien plus, sans aucun dialogue, que tout ce que le script essaye de nous communiquer le reste du temps. Sans problème, cette séquence est la meilleure.
Carton du dernier festival de Sundance, étrangement acclamé un peu partout outre-Atlantique, Jamais entre amis s’avère ainsi inégal. Sympathique mais bancal. Anecdotique mais néanmoins habité d’un petit quelque chose qui l’empêche de sombrer. Merci Alison Brie donc…

@ Gilles Rolland

 Jamais-entre-amis-Jason-Sudeikis-Alison-Brie
Crédits photos : La Belle Company


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