[Critique] PRÉMONITIONS
Titre original : Solace
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Afonso Poyart
Distribution : Anthony Hopkins, Abbie Cornish, Jeffrey Dean Morgan, Colin Farrell, Matt Gerald, Jose Pablo Cantillo, Marley Shelton, Xander Berkeley…
Genre : Thriller/Fantastique/Drame
Date de sortie : 9 septembre 2015
Le Pitch :
Un tueur en série sévit à Atlanta. Le FBI, totalement désemparé, fait appel à un ancien collaborateur de la police, le Docteur John Clancy, un médium réputé. Alors qu’il prend connaissance du dossier, Clancy devine rapidement que le serial killer est doté des mêmes capacités divinatoires que lui. Commence alors un jeu du chat et de la souris particulièrement retors…
La Critique :
Avec son titre français digne d’un téléfilm de troisième partie de soirée sur la TNT, Solace, alias Prémonitions ne vaut, sur le papier, que grâce à son casting. Anthony Hopkins tout d’abord, qui malgré une carrière émaillée de quelques rôles plutôt faciles dans des films pas toujours mémorables, reste un comédien de premier ordre auquel il convient d’accorder le bénéfice du doute. Surtout sur un projet où il office également en tant que producteur exécutif (en gros il a signé un chèque). Abbie Cornish ensuite, est une actrice suffisamment rare, suffisamment douée et suffisamment sublime, pour qu’on se laisser tenter par un film dans lequel elle apparaît au premier plan. Chapeauté par le sympathique Jeffrey Dean Morgan, le duo confère à Prémonitions un surplus de prestige encourageant à aller au-delà des craintes inhérentes au titre français donc, mais aussi au pitch. Ce dernier, qu’on peut résumer par la phrase qui figure en énorme sur l’affiche, soit « Comment arrêter un tueur qui prévoit l’avenir ? », laissait présager un long-métrage très banal. Ce que le trailer semblait d’ailleurs confirmer. Pas de quoi se lever la nuit pour, toutes affaires cessantes, se rendre dans son multiplexe (si tant est que les multiplexes soient ouvert la nuit bien sûr).
Malheureusement, Prémonitions est à peu près conforme aux craintes suscitées. Oui bien sûr, il y a Anthony Hopkins et comme souvent, il est parfait, mais ce genre de rôle, l’ex-Hannibal Lecter pourrait le jouer en dormant, tellement il se résume à une succession de clichés écrits en pilotage automatique par un mec (deux en l’occurrence) trop biberonné à Seven et au Silence des Agneaux. Et justement, restons chez le Dr. Lecter car Prémonitions se calque parfois vraiment trop sur la série Hannibal, avec Mads Mikkelsen. Meurtres mis en scène, glauque plus ou moins appuyé et flash backs sur le modus operandi du tueur, laissent à penser que le réalisateur ne s’est pas trop foulé pour faire preuve d’originalité. Pas besoin d’être médium pour s’en rendre compte, ni pour prévoir comment Prémonitions va se terminer. La réponse tient 4 mots : en eau de boudin. Parcouru de visions fugaces, imaginées comme poétiques et visuellement chiadées, le long-métrage se perd en digressions inutiles, histoire d’allonger son intrigue, qui aurait fait meilleure figure dans un format plus court, style série TV.
Le problème, c’est que le réalisateur, Afonso Poyart, ne semble pas avoir conscience qu’il passe après des caisses de films du même genre, dont certains bien plus ambitieux et maîtrisés que le sien. Les trucs, on les connaît par cœur et en toute logique, on les voit arriver à des kilomètres.
Au début, plutôt sage, Prémonitions ne peut pourtant pas s’empêcher de partir en vrille et de tomber dans à peu près tous les pièges. Alors qu’il distille une émotion relativement bien canalisée, il met les pieds dans le plat et en fait des caisses au fur et à mesure que le récit progresse. Il y a de bonnes choses, des plans minutieux et quelques idées intéressantes, mais irrémédiablement, le métrage se borne en emprunter une voie de garage.
Le point de non retour ? Il se situe précisément quand Colin Farrell entre dans la danse, dans le dernier quart. Pas vraiment gâté, celui qui a récemment brillé dans la saison 2 de True Detective en fait des caisses, au centre de quelques-unes des plus grossières erreurs. Il accompagne une rapide déliquescence, qui ne prend fin que lorsque le générique défile sur l’écran.
On retiendra donc Anthony Hopkins, pro jusqu’au bout de ses longs cheveux blancs, Abbie Cornish, belle à tomber et intense, et Jeffrey Dean Morgan. L’ambiance quant à elle, pâtit bien sûr des défauts du scénario, malgré ses intentions, pas toujours condamnables, notamment quand il dessine une réflexion sur le deuil. Pas franchement mémorable, plutôt anecdotique, curieusement plombant quand il joue la carte « tire-larmes » avec une insistance limite indécente, Prémonitions ne sombre jamais vraiment, mais n’est pas bien loin non plus. Et ce n’est certainement pas lui qui va se poser comme le renouveau d’un genre dans lequel s’engouffrent tous ceux qui se bornent à vouloir toujours raconter la même histoire encore et encore…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : SND