En bon créateur publicitaire qu’il est, James Siegel s’est attelé à nous narrer la profession de foi d’un menteur qui s’est brûlé les ailes, sans néanmoins verser dans le pathos de « Jerry Maguire ». Tom Valle était un journaliste new-yorkais talentueux, reconnu, admiré et jalousé par ses pairs. Le style de reporter qui sait flairer l’os quand il y en a un. Jusqu’au jour où la supercherie fut découverte. Nombre de ses articles étaient bidonnés. Rejeté par la profession, il vivote en rédigeant des articles pour un canard local à quelques encablures de Los Angeles, en se contentant de narrer les faits. Mais lors de la couverture de ce qui semble être un banal accident de voiture, il a le sentiment que quelque chose cloche. Ses investigations le mènent sur la piste d’un complot d’une rare envergure, où la destruction d’une ville de la carte ne serait pas forcément due à l’effondrement d’un barrage. Avec son passé de baratineur, trouver une oreille attentive ne sera pas aisé. Surtout que les témoins que Tom Valle va rencontrer dans sa quête de la vérité se révèlent introuvables lorsque les autorités tentent de s’intéresser aux agissements du journaliste en croisade. À force de voir des choses que lui seul semble voir, les symptômes de la paranoïa se mettent en place. Véritable complot ou simples délires du protagoniste ? L’auteur multiplie les fausses pistes et laisse le doute s’immiscer dans l’esprit du lecteur.
Un storyteller, c’est un raconteur d’histoire, quelqu’un qui utilise la technique du récit pour mieux livrer son message et capter l’attention de son auditoire. En ce sens, James Siegel est un parfait storyteller. Les péripéties de Tom Valle rédigées à la première personne nous mettent dans la peau d’un confident à qui le héros se livre sans retenue, dévoilant ses faiblesses, confessant ses erreurs du passé. Le style est apposé habilement, sans fioritures, et permet d’engendrer un sentiment d’empathie envers Tom, qui, une fois instauré ne peut que susciter l’intérêt du lecteur. On se prend à espérer que toute cette histoire ne soit pas le fruit de délires paranoïaques du journaliste, qu’il s’agisse bien d’un complot machiavélique. On souhaite que tout se finisse dans un happy end. Mais rappelez-vous… James Siegel est un excellent storyteller !
Sur la quatrième de couverture, les éditions du Cherche Midi stipulent un « roman dans la veine des grands thrillers parano ». Cette fois, on ne leur donnera pas tort.