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Jézabel les Bas rouges

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir

Un jour que je me documentais pour la préparation d’un cours sur les hormones, je suis tombé sur une étude suédoise montrant l’implication de la vasopressine (une hormone) dans la fidélité du mâle campagnol (Microtus ochrogaster) à sa femelle. Les scientifiques rapportaient même avoir modifié expérimentalement le comportement de mâles volages d’une autre espèce (Microtus pennsylvanicus), les rendant fidèles. Bien sûr, du campagnol à l’humain, il n’y a qu’un pas, et l’article évoquait déjà l’utilisation d’un spray à la vasopressine chez les maris tentés par l’adultère.

Forcément, cela a stimulé mon imagination. Je me suis alors projeté dans un futur proche et j’ai écrit assez rapidement deux romans. Le premier, Sculpture à une exposition, raconte les péripéties sentimentales d’un homme porteur du « gène de l’adultère* » condamné à choisir entre la prison et un traitement qui finalement nierait tout autant sa liberté ; il n’a, à ce jour, pas été publié. Le second s’intitule Jézabel les Bas rouges.

Jézabel est une rescapée. Comme quelques-unes de ses soeurs d’infortune, elle a échappé à son mac après avoir passé un accord avec la justice et accepté de témoigner contre lui. Dans cette époque très sécuritaire qui s’ouvre, la cellule familiale figurant la base de la société est mère de tous les maux dès lors qu’elle se voit dissoute. Des lois protectrices ont donc été mises en place pour éviter cela. Et une nouvelle brigade, expérimentale, est montée pour débusquer les contrevenants potentiels. Jézabel fait partie de cette brigade. Tout irait à peu près bien pour elle, si on ne venait de découvrir deux cadavres. Deux collègues, anciennes prostituées comme elle.

De son côté, le commandant Pollock de la Criminelle, père de famille aimant et flic blasé, entre en piste. Il se lance sur les traces d’un tueur en série. Mais l’enquête prend un autre tour lorsqu’il apprend l’existence de la Brigade des bas rouges.

J’ai voulu que Jézabel les Bas rouges soit d’abord un roman noir, un roman qui puisse en quelque sorte conjurer l’avènement de la société qu’il dépeint. J’ai essayé de camper des personnages principaux dont la fragilité et les doutes font la force. Et puis, plutôt que de donner des réponses (sans doute parce que je ne les ai pas !), j’aime bien qu’une histoire soulève des questions en confrontant progrès techniques et condition humaine. Par exemple : suis-je libre de mon sentiment amoureux ? Suis-je dépendant de l’expression de mes gènes ? De mon taux de vasopressine ? Ce qui fait mon humanité, n’est-ce pas cette capacité à dépasser ma nature ? Autrement dit, si je n’en suis pas capable, ne suis-je pas plus une bête qu’un humain ?… Ces questions ne sont pas posées de manière aussi directe dans mon livre, mais entre deux sursauts, j’espère qu’elles se présenteront à l’esprit du lecteur, au moins en filigrane.

Les charmes et les blessures de Jézabel ont excité mon intérêt pendant un temps certain, je formule le voeu qu’il en sera de même pour vous.
Et dire que tout est parti d’un pauvre campagnol…

Livresquement vôtre !

* Même si on pourrait qualifier ainsi le gène du récepteur de la vasopressine, dans l’absolu, ce gène n’existe pas, il s’agit d’un terme inventé pour les besoins du roman.

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