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Lithographie

Publié le 15 septembre 2015 par Aelezig

Inventée par Aloys Senefelder à partir de 1796 en Allemagne, la lithographie (du grec lithos, « pierre » et graphein, « écrire ») est une technique d’impression qui permet la création et la reproduction à de multiples exemplaires d’un tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire.

La lithographie ne doit pas être confondue avec la lithogravure, car celle-ci consiste à graver en creux (ou en relief) des plaques de pierre et est relativement peu utilisée pour produire des estampes. C'est aussi un procédé photomécanique et chimique qui permet de réaliser des composants de micro-électronique (microlithographie). Sous l’influence de l’anglais lithography, le mot lithographie est utilisé dans divers composés en rapport avec les micro-technologies, sans rapport avec le procédé d’estampe cité plus haut.

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Selon la tradition, la lithographie serait une invention fortuite. En 1796, le dramaturge allemand Aloys Senefelder ne trouve pas d'éditeur pour ses pièces et décide de les graver lui-même. Le cuivre étant trop cher, il utilise une pierre bavaroise, tendre et lisse (dite « pierre de Solnhofen »). Il découvre fortuitement le moyen d’attaquer la pierre avec un acide, créant ainsi une forme en très faible relief, qui est exploitable pour l’impression. En fait, bien que la date de 1796 soit généralement considérée comme l’origine de la lithographie, on est encore loin de la technique connue sous ce nom aujourd’hui. La première forme de l’invention de Senefelder est une technique d’impression en relief, comme la typographie.

Senefelder perfectionne inlassablement le procédé, qui sert essentiellement à imprimer des partitions de musique : impossibles à imprimer en typographie traditionnelle, les partitions sont habituellement gravées en taille-douce (sur métal). La technique de Senefelder est beaucoup plus économique. Par ailleurs Senefelder travaille sur d’autres techniques et améliore notamment l’impression des tissus en continu, par des rouleaux de cuivre gravés en taille-douce.

Il invente en même temps la technique annexe de l’autographie, avec laquelle on dessine et écrit directement, à l’endroit, sur un papier spécial, qui permet de reporter les tracés sur une pierre lithographique pour procéder à l’impression. 

La lithographie est introduite en France en grande partie grâce à Louis-François Lejeune qui la découvre dans l'atelier d'Aloys Senefelder lors des guerres de l'Empire et au neveu de Senefelder, Edouard Knecht, installé à Paris en 1818. Senefelder lui-même s’est associé avec l’éditeur de musique et compositeur Johann André. Le frère du musicien, Frédéric André, va ouvrir un atelier de lithographie à Paris dès 1802.

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Lithographie en couleurs

D’autre part, le comte Charles Philibert de Lasteyrie du Saillant, imprimeur à Paris et qui était allé apprendre le procédé à Munich, prend une part active à l’introduction de la lithographie en France. Vers 1825, l'imprimerie lithographique de Godefroy Engelmann prend, par ses améliorations techniques, par la qualité de ses travaux et celle des artistes qu'il emploie, un ascendant marqué. La lithographie d'Engelmann se place parmi les beaux-arts et s'expose au Salon. En 1839, il commence l'impression lithographique en couleurs.

La lithographie se répand aussi au Royaume-Uni, où elle est largement utilisée pour imprimer toutes sortes de cartes, dont les cartes d'Etat-Major, tandis qu’en France on reste fidèle à la taille-douce.

Comparativement aux techniques de gravure que l'on n'acquiert qu'après un long apprentissage, le succès de la lithographie tient à sa facilité d'exécution : l'artiste peut dessiner sur la pierre comme il a l'habitude de le faire sur du papier, avec relativement peu de contraintes techniques, quoi qu'il doive dessiner en inversant la droite et la gauche. Les pierres peuvent être réutilisées après impression, moyennant un polissage suivi d'un dépolissage pour lui donner du grain.

La lithographie devient très populaire dès le début du XIXe siècle avec la publication de nombreux recueils, illustrant des récits de voyages correspondant à l'« invention » du tourisme, des recueils de vues de pays lointains où le texte n'est qu'accessoire, ou des descriptions détaillées de régions.

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Dessin d'Antoine Sonrel en lithographie

La lithographie connaît un débouché artistique, où l'on trouve des travaux d'artistes de premier rang comme Géricault et Bonington, mais aussi un secteur de reproduction, où des artistes spécialisés reproduisent sur la pierre les dessins d'autres, une utilisation dans la presse, où la rapidité du procédé permet de publier après quelques jours un croquis de rue ou de théâtre ou une caricature d'actualité, et un secteur purement commercial, l'imprimerie lithographique servant aussi à la confection d'étiquettes, de partitions musicales, etc.

Au milieu du même siècle, les gravures sur bois de l'imagerie d'Epinal cèdent la place aux lithographies, grâce au procédé de la chromolithographie de Godefroy Engelmann (d'où le terme, rapidement péjoratif, de « chromo »). La publicité a recours au procédé pour produire des images à collectionner, des calendriers ou toutes sortes de chromos.

Bien que le mot lithographie désigne une technique basée sur la pierre, ce support a pu être assez vite remplacé par des plaques métalliques (zinc, aluminium : on parle alors de zincographie ou de métallographie) sans modifier radicalement la technique. Une application récente appelée kitchen litho utilise même de l’aluminium ménager et des produits courants, non toxiques, dans des buts pédagogiques mais  utilisée par des artistes confirmés. 

La lithographie influe sensiblement la création typographique : en permettant un dessin direct, sans apprentissage d’une technique complexe, la lithographie voit fleurir des typographies de haute fantaisie et de styles extrêmement variés, ce qui est une nouveauté totale, et ouvre la voie à des typographies traditionnelles, en caractères en plomb, qui reprennent cette variété.

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A gauche la pierre, à droite la reproduction

Meilleur marché que la peinture, la lithographie sert également à la reproduction d'œuvres peintes, aussi bien qu'à la création d'œuvres originales, intéressant des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec.

La technique

La lithographie repose sur le principe de répulsion entre l'eau et les matières grasses.

Le support d'excellence de la lithographie est la pierre calcaire à grain très fin, étant plus tendre que la pierre grisée, plus dure. Les carrières fournissant des pierres d'une qualité suffisante pour la lithographie sont rares : on emploie en général des pierres de Bavière, Rhénanie, Saxe, de France (Dauphiné) ou de Suisse.

Le grain de la pierre doit être parfaitement homogène et ne présenter aucun défaut : toute imperfection peut fragiliser la structure et favoriser l'apparition de fissures, rendant la matrice impropre à l'impression. Les matrices lithographiques présentent généralement une épaisseur de 7 à 10 centimètres. Les deux faces doivent être parfaitement parallèles.

La surface est poncée, grainée ou polie à l'aide d'abrasifs, de savon et d'eau. Une pierre lisse permet d'obtenir des traits et des aplats profonds ; une pierre grainée permet une impression en demi-teintes.

Il est indispensable que la surface soit préservée de toute trace de gras.

Le tracé est exécuté directement sur la pierre au crayon ou à l'encre lithographique, posée à la plume ou au pinceau. On peut gratter certaines parties du dessin pour faire apparaître des blancs profonds.

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On peut aussi procéder à un report d'un dessin par un calque ou un « papier report ».

L'artiste ou l'artisan doit s'assurer de ne pas poser sa main sur la surface de la pierre, afin de ne pas y déposer de gras, qui apparaîtrait au moment du tirage.

Afin d'être apte à l'impression, la composition doit être fixée dans la pierre. La pierre est talquée puis recouverte d'un mélange d'acide et de gomme, qui fixent la graisse de l'encre lithographique dans la pierre et augmente la porosité des grains restés vierges. La pierre est ensuite rincée puis gommée.  

On a très tôt pensé à substituer à la pierre, lourde, encombrante et chère, d’autres matériaux qui auraient des propriétés identiques sans en avoir les inconvénients. On a ainsi utilisé des plaques de zinc ou d'aluminium, plus faciles à manipuler et à stocker, surtout avec les tirages en couleurs qui multiplient les supports nécessaires.

La pierre est ensuite placée sur la presse lithographique et humidifiée pour l'impression ; étant poreuse, la pierre calcaire retient l'eau. L’encre grasse est alors déposée au moyen d’un rouleau en caoutchouc. L'encre reste sur la pierre aux endroits imprégnés du gras du dessin tandis qu'elle est repoussée par l’humidité partout ailleurs (l'encre grasse est hydrophobe). Lorsque la pierre est assez encrée, on pose le papier et on passe sous presse. Pour imprimer en couleurs, il faut recommencer l'impression de la même feuille, en redessinant à chaque fois, sur une pierre différente, le motif en fonction de sa couleur, et en tenant compte éventuellement des superpositions de couleurs qui donneront des teintes mixtes.

Bien conservée, une pierre lithographique peut se conserver longtemps et être retirée à plusieurs reprises. Néanmoins, en raison du caractère onéreux des pierres lithographiques, il est fréquent d'effacer par polissage la composition et de réemployer la pierre pour créer une nouvelle composition.

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La difficulté est de repérer exactement le positionnement de la feuille sur les pierres successives, d'autant que la feuille étant humectée tend à subir des variations dimensionnelles. On commence ordinairement par les teintes les plus claires, pour terminer par la plus sombre, généralement le noir. Selon d'autres techniques, une seule pierre est utilisée, en re-préparant la pierre et en y redessinant chaque nouvelle couleur, en se basant sur l'« image fantôme » du premier dessin qui subsiste sur la pierre. Dans ce cas, on ne peut pas refaire un nouveau tirage, la pierre ayant été modifiée pour chaque couleur successive. Ces difficultés seront résolues par le procédé de chromolithographie, qui facilite le repérage et ne nécessite plus d'humidifier les feuilles.

La lithographie est dite « impression à plat » ou « planographique », d'une part parce que le relief n'intervient pas dans le processus d'impression lui-même et, d'autre part, par opposition aux techniques modernes d'impression à partir de cylindres rotatifs. Elle est à l’origine de la technique moderne de l’offset, qui utilise, au lieu de la pierre, des plaques de matériaux aux mêmes propriétés, mais flexibles et pouvant donc être adaptées à des cylindres. L'offset est donc une impression « planographique » par le principe de la forme imprimante, mais pas par le fonctionnement de la presse, obligatoirement rotative à cylindres.

La lithographie est adaptée à la reproduction d'œuvres d'artistes aux techniques variées, ainsi qu'à des tirages en quantité limitée.

En tant qu’œuvre d’art de nature multiple, la lithographie a une valeur sur le marché de l'art qui dépend, entre autres critères (cote de l'artiste, qualité d'exécution), de sa rareté. Par conséquent, il est nécessaire d’informer les acheteurs, en inscrivant sur chaque tirage, avec la signature de l’artiste, le numéro de l’exemplaire et le tirage total, ce qui s’appelle « justification du tirage ».

Il est parfois possible que des tirages soient réalisés en impression offset, qui est la forme industrialisée de la lithographie, et qui s’appelle d’ailleurs toujours lithography en anglais : auquel cas il peut y avoir tromperie sur le tirage réel, il appartient à l’acheteur d’être vigilant car il y a peu de possibilités de voir la différence.

Le tirage moyen tourne autour de 100 exemplaires.

À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, la publicité a eu recours à la lithographie pour l'impression d'affiches. Des artistes comme Toulouse-Lautrec, Bonnard ou Jules Chéret ont laissé une production abondante. 

Actuellement, la lithographie est presque exclusivement, pour les artistes, un moyen de diffusion de leur œuvre, certains d'entre eux l'utilisant encore comme un moyen d'expression à part entière. Selon les cas, les lithographies sont réalisées directement par l'artiste ou peuvent être l'interprétation par un lithographe d'une œuvre préexistante.

La lithographie a également servi à imprimer des timbres, souvent dans les périodes de crise, pour faire face aux besoins urgents, ou sous fortes contraintes économiques. 

D'après Wikipédia


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