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Quentin Lefranc : Déconstruire ! dit-il

Publié le 18 septembre 2015 par Pantalaskas @chapeau_noir

Depuis les éblouissantes années vingt autour de De Stilj et du Banhaus, nous savions que l'art construit de cette période révolutionnaire gardait aujourd'hui toute sa richesse. Mondrian, Van Doesburg  restaient présents dans nos acquis culturels comme dans notre quotidien. Si bien que la première exposition personnelle d'une jeune artiste Quentin Lefranc avec « Smelled all unexpected, pictures seemed not know how to behave and ellipse became deaf as bare » dans la non moins jeune galerie Jérôme  Pauchant à Paris, offre un regard contemporain sur la lecture possible de l'art en général et de l'art construit en particulier. Il faut rendre justice à un autre artiste Benjamin Collet, dont l'intervention ponctue celle de Quentin Lefranc, d'être l'auteur du titre de l'exposition.

QUENTIN LEFRANC GALERIE JEROME PAUCHANT PARIS 2015

Quentin Lefranc galerie Jérôme Pauchant 2015

La galerie prête non seulement son espace au travail de Quentin Lefranc mais se révèle partie prenante d'un agencement  qui participe à la mise en oeuvre du projet. Les plans des murs ont été traités dans les couleurs choisies par l'artiste afin de parfaire la mise en situation de ses propositions.
Johannes Vermeer, Donald Judd, Gerrit Rietveld notamment servent de sources pour expérimenter ce travail de déconstruction et de recomposition voulu par l'artiste. C'est peut-être avec la "Berlin chair" de 1923 créée par Gerrit Rietveld que la passerelle historique m'apparaît comme la plus pertinente pour évoquer ce jeu de déconstruction historique et plastique.

A chair (2nd), 2014 Acrylique, contreplaqué, bois, papier Acrylic, plywood, wood, paper2015

A chair (2nd), 2014
Acrylique, contreplaqué, bois, papier
Acrylic, plywood, wood, paper2015

La chaise de Rietveld marquait déjà un tel aboutissement dans la réduction aux formes élémentaires que la passerelle historique établie par Quentin Lefranc avec une réflexion contemporaine semble aller de soi dans cette entreprise de déstructuration d'une création si aboutie dans sa composition.
On ne peut pas ne pas se rappeler combien les artistes de De Stijl portaient en eux l'ambition de cet art novateur qui marquerait l'aboutissement  d'un langage universel avec la fusion de la peinture, de la sculpture, de l'architecture, de la vie quotidienne. Le néoplasticisme  s'apparentait à une Internationale  à laquelle rien ne résisterait. Quentin Lefranc n'hésite pas à briser l'îcone pour mener à bien son jeu de déconstruction. La remise à plat de l'art a connu des épisodes multiples dans l'histoire, notamment en France avec Supports-Surfaces et BMPT dans les décennies récentes. Ici, les particules élémentaires issues des oeuvres historiques revisitées posent les jalons pour tenter d'établir une nouvelle donne dans la constitution d'un langage plastique ouvert sur un devenir à promouvoir. Si chaque proposition peut être examinée séparément, c'est davantage  l'ensemble oeuvres et espace de la galerie qui participe de cette réflexion, qui ne se contente pas d'une remise à plat mais envisage le jeu relationnel entre les éléments mis à disposition. Seul élément pris dans son état premier, une photographie documentaire d'un blockhaus sur la côte atlantique montre cette construction militaire basculée par le temps dans une position inutile, sorte de déconstruction naturelle d'une architecture de défense qui n'a pas résisté aux assauts de la mer et des années.
En sortant de la galerie, je pensais à Claude Rutault et son exigeante voire intransigeante démarche. Claude Rutault présentait en 2013 à la Galerie Perrotin à Paris sa  traduction plastique de l’atelier  de Vermeer (1986) avec un assemblage signifiant les " éléments incontournables" de cet atelier.  Vérification faite, cette association d'idée ne doit rien au hasard. Pour le Prix Antoine Marin 2015, c'est Claude Rutault qui vient de parrainer  le travail de Quentin Lefranc.

Photos :

© Quentin Lefranc. Galerie Jérôme Pauchant, Paris Photographies : Molly SJ Lowe.

Quentin Lefranc feat. Benjamin Collet
"Pictures seemed not to know how to behave"
5 Septembre  - 10 Octobre 2015
Galerie Jérôme Pauchant
61 Rue Notre Dame de Nazareth
75003 Paris


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