Marguerite est un film spécial à bien des égards, mais surtout vraiment réussi à mon sens. L'héroïne, cette femme persuadée d'être une chanteuse de talent alors qu'elle chante complètement faux, ne ressemble à aucune autre. Magistralement interprétée par Catherine Frot, Marguerite est aussi irritante qu'attachante, aussi risible que touchante. C'est sur ce personnage décalé tantôt comique tantôt tragique que repose une bonne partie de la réussite du film.
Je n'avais entendu que des louanges à propos de la prestation de Catherine Frot, et cet engouement est largement mérité. La comédienne incarne avec brio cette forme de marginalité jusque dans son regard, teinté d'un mélange de douce tristesse et d'espoir. De L'espoir, Marguerite en a de reconquérir son mari qui ne la regarde plus. Et pour cause, celui-ci a une maîtresse et ne supporte plus que son épouse se ridiculise régulièrement en chantant devant leur cercle d'amis. Mais si Marguerite se donne ainsi en spectacle, (et c'est là que les choses se compliquent), c'est surtout pour attirer l'attention de son mari qu'elle voit s'éloigner d'elle.
Au fil de l'histoire, le film se mue en un drame psychologique vraiment intéressant, où certaines lâchetés se révèlent être des marques d'amour et où certaines attitudes en apparence bienveillantes dévoilent d'autres intentions. Autour de Marguerite, deux personnages m'ont beaucoup intéressée : celui du mari et celui du serviteur dévoué, un homme qui entretient une relation tres spéciale avec Marguerite et sa folie douce. Jusqu'au bout, les comportements de ces deux hommes posent question.
Autres interrogations ouvertement soulevées dans le film : où s'arrête le génie et où commence la folie ? Toute vérité est-elle bonne à dire ? Le réalisateur Xavier Giannoli a réussi le tour de force de nous faire rire et pleurer, de nous émouvoir et nous interroger. Bravo !