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Quand les lecteurs de Babelio rencontrent Jax Miller

Par Samy20002000fr

Jeudi 17 septembre, les locaux de Babelio ont accueilli l’américaine Jax Miller, l’auteur des Infâmes, publié chez Ombres Noires ainsi qu’une trentaine de lecteurs Babelio. Fabienne Gondrand, traductrice, a assuré les échanges entre l’écrivain et le public.

Remarqué par la presse dès sa sortie et déjà traduit dans une quinzaine de langues, Les Infâmes raconte l’histoire de Freedom, alcoolique et suicidaire, hantée par la mort de son mari et l’abandon de ses deux enfants. Après des années à se cacher, c’est avec horreur qu’elle apprend la disparition de sa fille et entreprend d’aller la sauver, laissant par là l’occasion à ses vieux ennemis de la retrouver.

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Du jour au lendemain

Pour une fois, ça n’est pas à son auteur que l’on doit la décision de publication du roman, mais à l’ami auquel elle a décidé de le faire lire. Si celui-ci l’a directement envoyé auprès d’un agent, Jax Miller n’y est pour rien, persuadée que ce récit hautement personnel allait bel et bien le rester. Contactée quelques jours plus tard par un éditeur, tout s’enchaîne et l’ouvrage devient public.

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Un roman de soi

Suite à la question de l’un des lecteurs présents, Jax Miller déclare d’un ton Flaubertien “Pour être totalement honnête Freedom, c’est moi”. A quelques détails près, Les Infâmes raconte bel et bien l’histoire de sa vie : “J’ai connu des moments très difficiles et j’ai écrit ce roman lorsque j’étais au plus mal.” Désespérée et perdue, Jax Miller décide alors de créer un personnage qui lui ressemble afin de se sentir moins seule : “Freedom m’a tenu compagnie et a évolué en même temps que moi. Et si vous avez été surpris en lisant certains passages alors c’est probablement que je l’ai été aussi en écrivant.”

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Noir c’est noir

Les Infâmes est un roman noir aux personnages souvent peu appréciables. La question du goût de l’auteur pour les personnages détestables est par conséquent arrivée très vite au cours de la discussion: “Je préfère souvent les vilains aux personnages trop gentils. Par exemple, je suis beaucoup plus attachée au Joker qu’à Batman !” Jax Miller est fermement persuadée que l’humanité est bonne et que certaines personnes choisissent simplement le mauvais chemin. C’est ce qu’elle a voulu retranscrire dans son roman en peignant des personnages difficiles, comme Freedom, auxquels on finit par s’attacher. “ Freedom est détestable au début du roman et je l’étais aussi. Elle a fait des erreurs, comme moi, elle est dure, comme moi, mais elle a un bon fond qu’il faut savoir trouver, comme avec moi.”

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Une quête de liberté

Par la suite, les lecteurs se sont interrogés sur les origines du prénom du personnage central, Freedom. D’abord hommage à une amie strip teaseuse de l’auteur, cette raison s’est peu à peu délitée au fil de l’écriture. “Bien sûr, c’est un choix paradoxal compte tenu du fait que Freedom est tout sauf libre”. L’auteur explique également que lorsqu’elle a débuté l’écriture du roman, juste après l’adoption de sa fille, par-delà la crise identitaire qu’elle traversait, c’était également la liberté qu’elle recherchait. “Lorsque j’en ai pris conscience, ce nom m’est alors apparu comme une évidence.”

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Raconter sans dénoncer

Américaine expatriée en Irlande, Jax Miller délivre une vision sombre du paysage social de son pays, entre fanatiques chrétiens et policiers corrompus. Pourtant, lorsque la question lui est posée, elle revendique avec ferveur ses origines : “Je ne déteste pas les États-Unis, mes racines sont là-bas.” A cette occasion, elle répète que son objectif n’est pas politique et qu’elle a simplement fait le récit de ce qu’elle a elle-même vécu: “J’ai écrit le roman pour moi, absolument pas pour dénoncer quoique ce soit. J’ai rencontré chaque type de personnages dont je parle et fascinée, j’ai décidé de les mettre en scène.”

De plus, l’auteur explique que la réception de son ouvrage a été davantage mitigée aux États-Unis qu’en Europe,” Mon roman reprend sans le vouloir les clichés que véhiculent les médias européens au quotidien, la vision schématique du cowboy américain. Les Américains de leur côté, ont pensé que j’avais écrit dans le but de les blesser.”

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La rédemption par l’écriture

L’écriture du roman a-t-elle  été thérapeutique pour Jax Miller ? “A 100% oui”  affirme-t-elle. “Très honnêtement, lorsque j’ai décidé d’écrire, j’étais à deux doigts de mettre fin à mes jours. Ce livre a littéralement sauvé ma vie.” Guérie des drogues, l’auteur ne l’était pas encore totalement de l’alcool lorsqu’elle a décidé de se lancer dans l’écriture des Infâmes et c’est face à un public ébahi qu’elle raconte n’avoir que peu de souvenirs des moments d’écriture de l’ouvrage. “Ce livre m’a aidé à trouver qui j’étais dans un moment où je n’avais plus de force et c’est dans les ténèbres que j’ai finalement découvert ma vocation.”

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L’instinct de l’écriture

Interrogée sur ses techniques narratives, Jax Miller répond d’emblée “ Je vais être honnête, je n’ai pas fini l’école, je ne connais pas les règles, j’écris comme je pense et je n’ai aucune idée de ce qu’il se passe lorsque j’écris.” Si les critiques ne parviennent à trancher entre un génie briseur de règles ou une narratrice maladroite, elle avoue ne pas savoir elle-même où se situer. D’ailleurs, elle est plutôt spectatrice que lectrice et avoue préférer le cinéma à la lecture. “Depuis 1989, je vais au cinéma chaque week-end sans jamais manquer une occasion.”

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Après le roman

Motivée par l’écriture malgré la peur de ne savoir écrire en étant heureuse, Jax Miller dévoile aux lecteurs qu’elle prépare un préquel aux aventures de Freedom et qu’un troisième livre est également au programme, lui permettant de revenir plus longuement sur certains des personnages des Infâmes. “Maintenant je n’ai plus mon carburant pour écrire puisque j’ai raconté mon expérience, et j’ai un peu peur de reprendre la plume. C’est pour cela que je m’oriente désormais vers la fiction.”

C’est touchés et encore plein de questions que les lecteurs se sont ensuite rendus à la séance de dédicace, où ils ont pu poursuivre individuellement leurs échanges avec l’auteur.

Découvrez Les Infâmes de Jax Miller publié chez Ombres Noires.


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