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Chine : entre frénésie et flambées boursières, les communistes se tapent la honte en bourse

Publié le 10 août 2015 par Edelit @TransacEDHEC

Les chinois sont aussi nuls que tout le monde en matière de gestion de crise boursière, voire encore plus mauvais. Retour sur les trois derniers mois en Chine, période inédite et pleine de rebondissements.

Même Warren Buffet aurait investi en Chine

Au début de l’année, les financiers du monde entier ont les yeux rivés sur la Chine : les places financières chinoises ressemblent à un eldorado pour les investisseurs, qui expriment un engouement massif pour leurs actions. En juin, les capitalisations boursières cumulées des places de Shanghai et de Shenzhen ont dépassé les 10 000 milliards de dollars. L’augmentation de ces places boursières depuis 1 an est à la fois spectaculaire et unique : la bourse de Shanghai a gagné 150% en 1 an pendant que celle de Shenzhen doublait.

Le Shanghai Composite (indice de Shanghai) se place ainsi aujourd’hui au 3ème rang des indices boursiers mondiaux, derrière le NYSE (20 000 milliards de dollars) et le Nasdaq (7 000 milliards de dollars). A titre de comparaison, la capitalisation boursière d’Euronext ne pèse que 2 500 milliards d’euros.

Pourquoi un tel engouement ? Cela vient principalement de la décision récente des autorités chinoises de favoriser le marché actions comme source de financement des entreprises et donc d’une facilitation de l’accès à la bourse par le milliard d’épargnants chinois. Mais c’est aussi la volonté de libéralisation du marché des capitaux chinois pour concurrencer les places financières mondiales.

A titre informatif, les casinos sont interdits dans la quasi-intégralité des territoires chinois et que l’amalgame Bourse Casino pour une population assez novice en matière financière, peut assez vite créer des mouvements de foule encore plus irrationnels et dangereux. Néanmoins, les chinois ont quand même créé leur propre « casino boursier », avec l’appui de leur gouvernement.

Un nombre considérable d’entreprises chinoises s’introduisait en Bourse (environ 170 entreprises en moyenne par mois en Chine). De plus en plus de chinois participaient à la bourse, avec chaque mois l’ouverture de plus de 5 millions de nouveaux compte-titres (l’équivalent d’un Plan d’Epargne en Action en France). Une autre raison (un peu plus technique), qui pousse à la hausse les indices boursiers, est la mise en place du Shanghai-Hong Kong Stock Connect qui permet, entre autre, aux étrangers d’investir « un peu plus facilement » sur la bourse de Shanghai (avec par exemple un assouplissement des quotas d’investissements). En effet, l’accès aux marchés financiers chinois est très réglementé, seuls des investisseurs internationaux agréés par les autorités chinoises peuvent investir en Chine.

De l’euphorie au krach, victoires et déboires

Les places boursières chinoises ont alors perdu 30% en l’espace d’un mois, à partir de mi-juin. Avec 3700 milliards de dollars de capitalisation boursière qui sont partie en fumées, c’est l’équivalent de 15 fois le PIB grec. Les autorités ont alors tout mis en place pour tenter d’enrayer la baisse boursière, et ils ont prouvé, par la même occasion, au monde entier leur amateurisme en matière de marchés financiers.

Malgré la mise en place de mesures inédites, les autorités n’ont pas su enrayé la chute boursière et se sont ridiculisées.

Les autorités ont manipulé le marché comme jamais les européens ou américains n’auraient imaginé pouvoir le faire. Pour contrer le krach, tous les moyens étaient bons pour eux.

Dans un premier temps, ils ont arrêté les introductions en bourse, baisser les taux d’intérêts pour augmenter les liquidités dans l’économie, inciter les fonds de pensions et grandes entreprises publiques à investir en bourse pour stabiliser l’actionnariat et enfin inciter la reprise du trading sur marge. Le trading sur marge est l’équivalent du trading à effet de levier, c’est-à-dire qu’un particulier (vous ou moi) ou qu’une entreprise s’endette auprès de courtiers pour investir en bourse. Mais cette incitation s’est soldée par un échec : entre juin et juillet, c’est plus de 20 millions de comptes-titres qui ont disparu (et par la même occasion 20 millions de paysans chinois qui ont perdu toute leur épargne…). Ainsi, la chute boursière a continué, avec le Shanghai Composite qui a perdu jusqu’à 9% en une seule journée.

Les autorités ont alors décidé de prendre des mesures plus drastiques : Ils ont arrêté la cotation de plus de la moitié des entreprises chinoises cotées en bourse (c’est comme si on arrêtait la cotation de la moitié des valeurs du CAC 40, c’est impensable!). Ils ont ensuite, plus ou moins, interdit l’utilisation de la vente à découvert (le Short), chose impossible sur les marchés occidentaux. Enfin, ils ont interdit à de nombreuses entités de trader sur les marchés chinois, notamment à d’importants Hedge Funds occidentaux. En d’autres mots, ils ont à la fois perdu la crédibilité des investisseurs internationaux, mais aussi celle des investisseurs chinois.

Ils ont secouru la bourse, mais à quel prix ?

Finalement, Pékin est arrivé à enrayer la chute boursière et les communistes ont sauvé leur honneur en quelques sortes. Mais de telles manipulations de marché ne sont jamais sans conséquence, ils payeront l’addition de ces dernières sans aucun doute plus tard.

Dès lors que la première puissance commerciale du monde décidera de mettre de l’eau dans son alcool de riz, et donc de commencer à enlever toutes les mesures mises en place (par exemple la suspension de la cotation de la moitié des entreprises), le retour du bâton risque de faire mal, très mal. Dans tous les cas, le marché chinois n’a pas fini de nous fasciner et de nous faire peur, il reste le plus instable au monde pour le moment.


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